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pourriture, dont le chyle feroit fort susceptible, lui donne plus de difpofition à fe mêler avec le fang, à le renouveler, & mérite par cette raifon le nom de récrément. La partie la moins fluide, & qui eft purement excrémentielle, fuivant l'expreffion des phyfiologiftes, fert de clyftère naturel; non-feulement elle teint les excrémens, mais elle excite & entretient le mouvement périftaltique des inteftins, qui en facilite la fortie.

Par ce détail dans lequel nous venons d'entrer, & que nous abrégeons encore, on doit concevoir combien d'obftacles peuvent fe rencontrer fur la route de l'humeur bilieufe, & par conféquent à combien de maux nous fommes expofés. Ce n'eft pas que la nature ne foit dirigée de façon à furmonter ces obftacles par le concours de l'action des vaiffeaux, & dù mouvement de progreffion & de fluidité des liqueurs qui circulent fans ceffe; mais l'intempérance trop ordinaire, la mauvaise qualité des alimens pris fans choix, la variété & l'inconf tance des faifons; les paffions, que nos prétendus philofophes croient fi mal-à-propos fort néceffaires à notre existence, à quelque excès qu'elles foient portées, la colère, la trifteffe, la cupidité, l'indolence, la pareffe, l'oifiveté, le fommeil trop long, mille autres caufes, occafionnent à chaque instant des engorgemens, des embarras, des fufpenfions dans les vifcères qui concourent à la fécrétion de la bile. Auffi rien n'eft plus commun en médecine que de voir des tumeurs skirrheufes dans le méfentère, dans la rate, le foie, le pancréas, & une multitude d'autres glandes parfemées dans toute l'éten due du bas-ventre : c'eft pourquoi il eft néceffaire, comme nous l'avons déja dit, d'allier avec les Hé patiques différens autres remèdes; quelquefois les Apéritifs & les Sudorifiques, parce qu'une obftruc tion levée, une humeur divifée & atténuée, les

reins fervent de voie de tranfport pour la charier, & les pores de la peau ouverts, l'abforbent abondamment. L'ictère, par exemple, fe guérit avec plus de fûreté par la voie des urines & de la tranfpiration, que par les purgatifs : reffource fouvent dangereufe; & dans cette maladie fur-tout, ce feroit bien mal connoître & la nature de l'humeur en défaut, & les accidens funeftes qui l'accompagnent, & la ftructure des vifcères qui fouffrent, fi l'on ignoroit que les délayans, les relâchans, les apéritifs combinés avec les hépatiques légers, fuffifent feuls pour la guérir.

Il faut, dans les maladies du foie & de la rate, allier avec les hépatiques, les amers & les ftomachiques, parce qu'il peut arriver, & il arrive fouvent, que la digeftion foible & traînante une fois ranimée, les vifcères relâchés & embarraffés reprennent leurs fonctions & fe fortifient.

Enfin, dans le grand nombre de maladies chroniques & rebelles que doit traiter un médecin laborieux & attentif, & que le vulgaire n'attribueroit qu'au foie & à la rate, fouvent un vice fcorbutique fe cache, fe complique, & ne cède qu'à une certaine claffe de remèdes volatils, âcres & ftimulans, dont la double action, communiquée à propos aux liqueurs & aux fibres, rétablit le reffort perdu des unes, & réveille le mouvement & la fluidité des autres.

I. AIGREMOINE,

Agrimonia feu Eupatorium I. B. tom. ij. pag. 398. Eupa torium veterum five Agrimonia C. B. 321. Eupatorium Græcorum, Agrimonia Officinarum, Lob. ic. 692; Inft. 301. Eupatorium vulgare Trag. 314.

Cette plante eft commune dans les bois & dans les prés; fon nom fait affez connoître fa vertu fpécifique pour les maladies du foie; auffi n'ordonnet-on guère de tifane ou de bouillon dans ces ma◄

ladies, qu'elle n'y foit employée; elle eft excellente dans les inflammations du foie & de la rate, & lorfqu'il s'agit d'absorber un acide coagulant, & d'incifer une lymphe épaiffie qui eft fouvent la caufe des maladies longues & chroniques; notre plante produit cet effet. Il n'eft pas furprenant qu'elle foit quelquefois aftringente & apéritive en même temps, parce que, refferrer les fibres des parties folides en augmentant leur reffort, & déboucher la texture des vifcères en rétabliffant la fluidité des humeurs, font des effets différens, qui font fouvent produits par les mêmes caufes : auffi la plante dont nous parlons eft-elle utile dans le crachement de fang & dans la dyffenterie.

Wedel confeille l'ufage de l'Aigremoine en décoction à ceux qui piffent le fang, & dans la go, norrhée, Rivière loue fa poudre dans les fontes du fang, où la férofité s'échappe prefque entiérement par les urines. L'Aigremoine rétablit la chute du fondement & de la matrice. Un herboriste près de Noyon, que j'ai déja cité, a employé fa décoction, dans laquelle il avoit ajouté l'écorce de tilJeul, dans une violente colique qui menaçoit le ventre d'inflammation; il en faifoit boire quelques verrées, & faifoit appliquer le marc sur le ventre, le plus chaudement qu'on le pouvoit fouffrir.

L'Aigremoine eft auffi vulnéraire, déterfive & réfolutive, lorfqu'elle eft appliquée extérieurement en cataplafme; elle réfout la tumeur des bourfes & des autres parties où il y a inflammation. Tragus affure qu'elle eft excellente pour les luxations & les foulures; pour cela on la fait bouillir avec du fon de froment dans la lie de vin, & on l'appli que fur la partie malade,

L'ufage de l'Aigremoine eft de mettre une poignée des feuilles fur chaque pinte de liqueur pour les tifanes, décoctions & apozèmes apéritifs & ray

fraîchiffans, ou dans un bouillon dégraiffé. On peut auffi la prendre à la manière du thé, cinq ou fix feuilles sèches fur un demi-fetier ou huit onces d'eau bouillante, avec un peu de fucre. J'ai diffipé des duretés affez fenfibles dans le foie, à deux perfonnes, par cette boiffon feule, prife deux mois de fuite à jeun, secondée d'un emplâtre de ciguë appliqué extérieurement. Tout le monde fait que la décoction d'Aigremoine eft le gargarifme le plus ordinaire pour les maux de gorge : nous en parlerons dans le chapitre des Déterfives.

L'Aigremoine entre dans la décoction apéritive, le firop hydragogue, le firop apéritif cachectique, dans le firop martial apéritif cathartique de Charas, dans les pilules polycreftes ou aggrégatives de Méfué, dans le baume polycrefte de Bauderon, dans l'onguent mondificatif d'ache, dans le martiatum, & dans l'eau vulnéraire.

2. EUPATOIRE D'AVICENNE.

Eupatorium Cannabinum C. B. 320. Eupatorium adulterinum I. B. tom. ij. pag. 1065. Vulgare Hepatorium Dod. 28. Eupatorium Avicenna creditum, Ang. Gefn. Herba fanëtæ Kunigundis Trag. 491. Cannabina aquatica, five Eupatorium mas, Lob. ic. 528.

Nous n'avons guère de plante plus commune le long des ruiffeaux, dans les bois & dans les prés; la reffemblance de fes feuilles avec celles du chanvre, & la propriété qu'elle a d'emporter les obftructions du foie & des autres vifcères, ont autorifé le fentiment de ceux qui la croient l'Eupatoire d'Avicenne. Sans entrer ici dans cette queftion, il nous fuffit d'indiquer les bons effets que cette plante peut produire, & ce que l'expérience a le mieux confirmé. Cette plante, de l'aveu des meilleurs praticiens, eft hépatique, apéritive, hystérique, béchique & vulnéraire. Schroder l'eftime propre dans la cachexie, dans la toux, le çatarrhe, pour pouf

fer les mois & les urines, & pour l'appliquer fur les plaies. On la mêle avec la fumeterre dans le petit-lait pour les maladies de la peau, & pour les pâles - couleurs. Le fuc de fes feuilles à deux onces, fon extrait à un gros, & la tifane qu'on prépare avec une poignée de fes feuilles dans une pinte d'eau bouillies légèrement, y ajoutant un peu de fucre ou demi-once de régliffe pour en corriger l'amertume, font des remèdes capables de lever les embarras des vifcères qui fuccèdent aux longues maladies, fur-tout aux fièvres intermittentes, & qui font tomber les malades dans des bouffiffures & des enflures qui les conduifent quelquefois à l'hydropifie lors même qu'elle eft confirmée, & après qu'on a fait la ponction aux malades, l'ufage de cette plante prife comme le thé, ou dans les bouillons, leur eft utile: on baffine auffi avec fuccès leurs jambes avec la décoction; j'en ai vu plufieurs fois l'expérience; j'ai même guéri trois per fonnes enflées confidérablement, par la feule tifane de cette plante. Les feuilles bouillies & appliquées en cataplafme fur les tumeurs, particulièrement celles des bourfes, les diffipent aisément; j'ai vu des hydrocèles guéries fans ponction, par la feule application de cette herbe. Gefner affure avoir éprouvé par lui-même que cette plante purge la pituite par haut & par bas affez abondamment, & plus fûrement que l'ellébore; il employoit les fibres de fa racine en décoction dans le vin. Pen ai donné à des hydropiques jufqu'à une once dans demi-fetier de vin, fans avoir reconnu cet effet. 3. SCOLOPENDRE, Langue de Cerf.

Lingua Cervina Officinarum, C. B. 353. Phyllitis five Lingua Cervina vulgi, I. B. tom. iij. pag. 756. Phylitis vulgaris Cluf. Hift. 313. Scolopendrium Brunt. Scolopendria vulgaris Trag. 549. Hemionitis Fuchf. Ruel.

Cette plante fe rencontre dans les puits entre

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