ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

du foie. Voyez ci-devant la claffe des plantes Fébrifuges.

La Verveine. Son fuc dépuré à deux onces, on la poudre de fes feuilles à un gros, ou un verre de vin dans lequel une poignée de fes feuilles hachées aura infufé pendant la nuit, font des remèdes utiles dans la jauniffe, les pâles-couleurs & l'hydropifie. Voyez la claffe des Ophthalmiques.

La plupart des plantes anti-fcorbutiques dont nous parlerons ci-après, font propres à rétablir le mouvement des liqueurs, & par conféquent à déboucher les vifcères, particuliérement le foie, en rendant la bile & la lymphe d'une confiftance plus fluide, après avoir détruit les principes vicieux qui les épaiffiffoient. Voyez ci-après la claffe des plantes Anti-Scorbutiques.

SIXIÈME CLASSE.

PLANTES

CARMINATIVES.

LES Carminatifs fervent en général à divifer & diffoudre les matières crues, vifqueufes & gluantes, dans lesquelles l'air fe trouvant embarraffé, cause, en fe raréfiant, des gonflemens & des diftenfions douloureufes dans l'eftomac & les inteftins. En effet, les plantes Carminatives font la plupart des femences chaudes, ou des drogues chargées d'huiles effentielles, abondantes en fel volatil. On peut mettre auffi au nombre des plantes Carminatives, les plantes Cordiales, les Diaphorétiques, quelques Céphaliques, les Amers, les Stomachiques, qui toutes font capables d'accélérer la digestion & de ranimer les fibres de l'eftomac, pour le mettre en état de chaffer les vents.

L'air ce fluide univerfel & invifible, fi connu cependant par fa pefanteur & fon reffort, fes effets & fes propriétés, faifant plus ou moins corps avec les alimens fuivant leur texture différente, fe mêle à nos humeurs fans fe décompofer; mais cependant différent de l'état où il étoit lorfqu'il a été reçu dans l'eftomac avec les alimens.

Ce n'est plus aujourd'hui une difpute. L'air ne pénètre la maffe du fang ni par les pores de la peau, ni par le poumon, mais par la feule déglutition. On peut affurer que dans les premiers inteftins il fe fait une digeftion, une féparation, un choix d'air, comme il s'en fait un de la matière de la nutrition. La partie la plus travaillée paffe par les veines lactées, avec le chyle dont elle aide le mouvement progreffif; l'autre refte dans les inteftins pour les tenir dans un état de gonflement, de folidité, pour amfi dire, fans laquelle les bouches des veines lactées, affaiffées les unes fur les autres, feroient fans fonction & fans ufage. Il y aura donc un air récrément, ou pour mieux dire, nourriffant, ou du moins abfolument néceffaire à la nourriture, à la circulation & aux fécrétions. L'autre air fera purement excrémentitiel, & s'échappera comme tel, avec ou fans les excrémens. L'air que nous avons nommé récrément, doit fubir encore d'autres altérations avant d'être perfectionné, ainfi que les humeurs avec lesquelles il fait corps. Alors il foutient le poids de l'air extérieur, avec lequel il eft en équilibre. Il anime les mouvemens de l'animal; il les entretient, les facilite, les conferve. C'eft à la grande agitation & à la raréfaction de l'air, que des fibres mifes en convulfion doivent la force énorme qu'elles acquièrent. Que de biens à-la-fois & que de force l'air communique! car, fans doute, c'eft à cet air intérieur purifié & bien difpofé, que nous devons l'avantage de pouvoir long-temps résister à

tant de caufes extérieures & fi fréquentes de maladies. Mais plus les avantages que procure l'air font grands dans l'état de fanté, & lorfqu'il eft fain luimême; plus les incommodités qu'il eft capable d'oc cafionner feront confidérables, dès qu'il ceffera d'avoir toutes les conditions requifes pour être falutaire. On ne fait que trop à fes dépens, combien l'air eft fufceptible de changemens pernicieux. S'il eft le véhicule de la falubrité & de la fanté, il l'eft auffi de la maladie. Chargé d'exhalaifons empeftées, nuifibles, âcres, fétides, humides, chaudes, froides, &c. &c. &c. il portera dans le fang, il communiquera aux humeurs une partie de fes différentes impreffions; & lorfqu'il s'agira de le corriger, de changer fa nature, de le purifier ou de le renouveler, de le faire fortir, quel travail, quelle difficulté! que d'adreffe ne faudra-t-il pas employer? Ceci, dira-t-on, fent fort la fecte pneumatique, fi ancienne & fi oubliée. Et pourquoi en rejetterion's nous les dogmes? Toutes les fectes ont quelque chofe de bon: il faut les connoître. Le comble de l'extravagance, c'eft d'adopter un fyftême avec trop de prédilection; c'eft d'embraffer une fecte exclufivement à toutes autres. Il eft conftant que dans le traitement des maladies, & fur-tout dans celui des maladies épidémiques, il ne faut pas perdre de vue l'action de cet air renfermé, & de ces flatuofités, de ces vents, qui jouent un fi grand rôle, & fi fouvent au détriment du corps humain. Auffi les plus grands médecins ont étudié cette matière avec attention; & c'eft à leurs Traités que nous renvoyons nos lecteurs, comme aux fources mêmes où ils doivent puifer. Nous ne voulons qu'établir fort en paffant, quelques préceptes généraux fur les vents, comme caufes des maladies; & fur les remèdes qu'ils exigent, auxquels on a jugé à propos de donner le nom de Carminatifs,

L'ufage n'eft pas toujours un guide affuré; & ce n'eft pas à tort qu'on s'élève contre lui, & contre les préjugés qu'il enfante & qu'il nourrit. Dans le cas des Carminatifs fur-tout, il y a une réflexion qui fe préfente d'abord : c'eft que tous les Carminatifs font chauds, & cependant les vents ne viennent pas toujours de caufe froide. Les alimens crus, verts, indigeftes, des tempéramens froids, pituiteux, foibles, & dont les fibres font lâches & dans la détente, exigent quelquefois l'ufage des Carminatifs, de l'anis, des graines chaudes, du genièvre, des élixirs cordiaux, amers, de l'eau de menthe, de l'eau de canelle, du fcuba, & autres remèdes accrédités en pareil cas mais combien plus fouvent les malades ne font-ils pas tourmentés de vents, par la trop grande tenfion des fibres de l'eftomac, par le refferrement du pylore & des inteftins, par l'ardeur de la bile, par la chaleur intérieure qui, pouffée à l'excès, occafionne dans l'air renfermé une raréfaction fi confidérable, que, pour peu que cet air contraint & refferré fe trouve dans un inteftin bouché des deux côtés, on croiroit que le ventre veut s'ouvrir? On eft forcé d'oppofer une grande réfiftance pour contre-balancer l'action de l'air, qui va prefque jusqu'à la force de l'explosion. Ce n'eft que lorfque par des lavemens réitérés, par beaucoup d'eau tiède, de l'huile à dofe modique, mais foutenue, des fomentations émollientes, des bains de vapeurs, des faignées réitérées, & même encore par l'application des ventoufes fur le ventre, des infufions légérement favonneufes, des plantes adouciffantes, relâchantes, tempérantes, apéritives, on parvient enfin à détendre les fibres, à donner une iffue à cet air emprisonné, d'autant plus pernicieux, qu'il eft chargé d'exhalaifons du plus mauvais caractère; vice qui lui vient de la putridité des humeurs, de la nature des alimens pris fans choix,

fans bornes, fans réflexion, ou plutôt contre toute raison, & avec l'intempérance la plus effrénée.

Il y a donc une contradiction manifefte de la part des caufes qui occafionnent les vents; & les indications qui fe préfentent dans le traitement, diffèrent auffi fouvent entre elles. Il y a donc bien du danger à prendre au moindre mouvement de colique, de ces infufions carminatives de camomille, d'anis, de coriandre, de canelle, de ces élixirs & de ces gouttes amères, dont on rencontre tant de prôneurs zélés & imperturbables.

Nous ne prétendons pas avoir tout dit fur les vents renfermés, comme caufes de maladies: il faudroit un traité exprès. Mais nous avons parlé d'un air mêlé avec les humeurs, & parcourant avec elles toute l'économie animale. Cet air fi utile à la marche des humeurs, fitôt qu'elles s'échauffent, s'enflamment, croupiffent, contracte les mêmes vices que les humeurs; & c'eft à tort que les ventoufes font entiérement oubliées, tandis que dans plufieurs cas elles doivent être préférées à la faignée. Jacques Houllier & Louis Duret, tous deux médecins de la Faculté de Paris, & les plus célèbres de leur temps, appliquoient de larges ventouses fur la région ombilicale, dans les différentes espèces de coliques, foit venteufe, foit bilieufe. Ce n'eft fans doute qu'à l'iffue de l'air infecté, & renfermé dans le tiffu de la peau & dans les vaiffeaux lymphatiques, qu'on doit le fuccès des véficatoires employés depuis vingt ans auffi fréquemment qu'ils l'étoient peu quelques années avant. Deux ou trois médecins étoient en poffeffion de la haute pratique, & ne fouffroient l'application des véficatoires que dans le cas d'apoplexie féreufe & avec affoupiffement. Il a fallu des fuccès fouvent réitérés, pour les forcer de nous les laiffer appliquer dans les fièvres putrides, dans certaines petites-véroles, dans des douleurs de goutte

« ÀÌÀü°è¼Ó »