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latils : l'herbe aux cuillers, le creffon, la roquette, la pafferage, &c. font remplies de ces principes. Ces plantes font très-propres à divifer un fang trop épais, & à rétablir fa fluidité naturelle, qui paroît être confidérablement diminuée dans la maladie dont il s'agit. C'est pour cette raifon que les plantes apéritives & les hépatiques font fouvent très-utiles dans le Scorbut, parce qu'elles emportent les obftructions des vifcères, & rendent la circulation plus libre, en rétabliffant la commerce des liqueurs. Il y a cependant quelques précautions à prendre dans I'ufage des alkalis volatils, dont l'excès pourroit attirer l'inflammation dans les ulcères fcorbutiques; & il eft de la prudence du médecin d'employer fouvent les acides végétaux, pour modérer l'activité des alkalis trop vifs; dans ce cas, l'ofeille & le citron font merveilleux.

Les amers tempérés, dans lefquels l'alkali fixe l'emporte fur le volatil, comme la racine & les feuilles du trèfle d'eau, la racine de patience fauvage & quelques autres plantes, font auffi d'excellens Anti-Scorbutiques. On peut observer en général que le fel armoniac femble être la bafe des autres principes qui dominent dans les plantes dont nous allons parler dans cette claffe.

Le fcorbut eft une de ces maladies compliquées, dont le traitement exige la plus grande attention, jointe à l'expérience la plus confommée. Il faut réfléchir fur les caufes qui varient à l'infini, fur l'âge, le tempérament, la faifon, l'épidémie régnante, le régime de vie, le climat qu'habitent les Scorbutiques. Dans les pays chauds ou en été, on ne doit pas traiter le fcorbut comme on le traite dans les pays du Nord & dans les grands froids; & c'eft une obfervation fingulière, & cependant conftante, que le froid vif & piquant qui, pour l'ordinaire, fait ceffer les maladies putrides & conta

gieufes, femble donner de nouvelles forces au fcorbut, que la chaleur & le beau temps guériffent, foit que, par la tranfpiration cutanée, le fang fe débarraffe plus efficacement, foit que l'air doux & raréfié d'été, les nourritures végétales, les plantes, les légumes frais & tempérans, renouvellent plus facilement le fang appauvri des fcorbutiques. Les gens riches & les perfonnes âgées qui ont vécu de beaucoup de viandes, les enfans dont la bile & les humeurs noyées dans une lymphe fans principes, ne peuvent fournir à l'accroiffement néceffaire, les pauvres, les prifonniers, les malades épuifés par de longues maladies, par des hémorragies confidérables, des plaies anciennes ou négligées, fourniffent autant de cas qui exigent un traitement différent.

C'eft mal-à propos que, dans les questions d'école, on diftingue le scorbut par coagulation & le fcorbut par diffolution, puifque très-fouvent ces deux accidens fe trouvent dans le même fujet; diffolution dans le fang, coagulation dans la bile & dans la lymphe; & vice verfà, diffolution dans la bile & dans la lymphe, & coagulation dans le fang. Il eft donc prefque impoffible de donner des préceptes généraux fur une maladie de la nature du fcorbut. Il faut voir & traiter fuivant l'indication la plus preffante. Ainfi un enfant fcorbutique mal nourri, né de parens mal-fains, ou plus souvent encore gorgé de trop bonne nourriture, mais renfermé dans une chambre trop chaude & fans air, ne fera pas traité de la même manière qu'un vieillard calciné & defféché par un régime trop fucculent ou trop fpiritueux. Ainfi un matelot épuifé de fatigue, à demi plein de biscuit où de viandes âcres & falées, en fe défaltérant fur terre avec du lait de beurre, des raves, des choux, des falades & de la nourriture fraîche, fe guérira bientôt. Ainfi un malheureux prifonnier que l'air empefté de fon cachot fuffoque,

dont le fang eft engourdi par la trifteffe & la mélancolie, rendu à la lumière & à la vie, fe guérira prefque à la feule chaleur du foleil, avec la plus légère nourriture.

Je ne veux point déprifer les remèdes; j'en connois la valeur. Je fais tout ce que peut le fuc exprimé des feuilles de creffon & de cochlearia, la racine de raifort fauvage, le trèfle d'eau, & les autres remèdes confacrés au traitement des fcorbu tiques mais je ne leur accorderai de vertu & d'action, qu'autant qu'ils feront employés à propos par des médecins intelligens & expérimentés. Pourquoi de nos jours avons-nous vu naître & périr un remède bien vanté pour le fcorbut? (1) Affez ordinairement celui qui l'avoit adopté, favoit le conduire. Un vieux médecin, follicité par ses élèves de leur laiffer, avant de mourir, tous fes fecrets, leur dit: Ayez ma méthode, & vous aurez tous mes fecrets. En effet, pour ne pas fortir de l'état de la queftion, il eft des cas où les anti-fcorbutiques, & le vin qu'on en prépare, font dangereux. L'alkali volatil eft meurtrier dans une diffolution totale & avec les hémorragies violentes, accident ordinaire au fcorbut les acides alors font mieux indiqués. Il y a des cas où le lait eft contraire aux fcorbutiques; il en eft d'autres où je l'ai vu réuffir d'une manière furprenante. La fquine eft un fudorifique; & lorfqu'il y a concrétion de la lymphe, elle eft, furtout aux enfans, plus falutaire que le vin anti-fcorbutique. Il faut donc de l'ufage & de l'expérience, & ne pas fe fier aux fpécifiques & aux fecrets.

Nous ne pouvons encore nous difpenfer de dire un mot fur la faignée dans le fcorbut. On croit qu'elle y eft dangereufe: il y a des exceptions à cette maxime, vraie d'ailleurs. Il y a fouvent dans les fcorbutiques des engorgemens dans les viscères, (1) Le remède de Dénouret,

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de la fièvre, des embarras douloureux; & l'on voir même à l'extérieur des places meurtries qui le prou. vent. Ces embarras, ces engorgemens, ces douleurs vagues, bien fouvent viennent faute d'avoir faigné affez tôt & fuffifamment. J'ai fouvent été forcé de recourir à la faignée pour des fcorbutiques, & je ne m'en fuis pas repenti. Qu'on juge donc combien il faut d'attention & de prudence dans cette maladie chronique, & combien on doit redouter l'affujettiffement des règles générales en médecine.

1. HERBE AUX CUILLERS.

Cochlearia folio fubrotundo C. B. 110. Cochlearia I. B. tom. ij. pag. 942; Dod. 394. Cochlearia major Batavica, fubrotundo folio, Mor. Oxon. Britannica Gefn.

Cette plante, fi efficace dans le fcorbut, n'eft pas rare dans les Pyrénées près du Bigorre, dans les prés des vallées. Elle eft très-commune en Angleterre & en Hollande, fur le bord de la mer : on l'élève aifément dans nos jardins, où elle fe sème d'elle-même.

On emploie toute la plante en infufion & en décoction; on en tire l'eau & l'efprit par la diftillation, & l'extrait par l'évaporation du réfidu. Toutes ces préparations font d'un ufage très-utile & trèsfamilier, non-feulement dans le fcorbut, mais auffi dans l'hydropifie, & dans les obftructions du foie & des glandes du méfentère; on en met une poignée dans un bouillon de veau; on en fait une tifane, ou plutôt une infufion légère dans l'eau bouillante. M. Ray remarque, avec raifon, que les principes volatils en quoi confifte la principale vertu de cette plante, fe diffipent aifément par la coction; ainfi il préfère le fuc exprimé de la plante ou fon infufion: ce fuc fe peut donner à deux ou trois onces, ou fon eau diftillée. L'efprit qui fe tire des feuilles fermentées avec un peu de levain, & arrofées d'eau

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de pluie, ou bien infufées pendant vingt-quatre heures dans le vin blanc, eft beaucoup plus pénétrant; auffi n'en ordonne-t-on qu'un demi-gros au plus. L'eau de cochléaria diftillée, & repaffée deux ou trois fois fur de nouvelles feuilles, eft excellente dans les obftructions des vifcères, ainfi que dans l'hydropifie : mais fa préparation la plus efficace fe fait avec le miel fermenté dans l'eau : on ajoute à ce mélange toute la plante pilée groffiérement, & on tire enfuite, par la diftillation, un efprit qu'on fait prendre dans le petit-lait, ou dans quelque liqueur appropriée, à la dofe de vingt ou trente gouttes. Le fuc de notre plante eft fort réfolutif; & fes feuilles pilées & arrofées d'eau-de-vie, s'appliquent avec fuccès fur les contufions. Pour ce qui eft de l'extrait, on le donne à deux gros; il n'a pas, à beaucoup près, la vertu des autres préparations. Dans les gargarifmes pour le fcorbut & la vérole, on nettoie les gencives des malades avec la décoction légère des feuilles de cette plante; on y ajoute fouvent le camphre, ou l'eau-de-vie camphrée.

2. CRESSON.

1. Nasturtium aquaticum fupinum C. B. 104. Sifymbrium cardamine, five Nafturtium aquaticum, I. B. tom. ij. pag. 882. Sifymbrium aquaticum Math. 487. Sion Crateva erucafolium, Lob. ic. 209. [CRESSON D'EAU OU DE FONTAINE.]

2. Nafturtium hortenfe vulgatum C. B. 103; Dod. 711. Nasturtium vulgare I. B. t. ij. p. 912. [CRESSON ALÉNOIS.]

Rien n'eft plus commun que le Cresson d'eau le long des ruiffeaux & au bord des mers; on l'emploie comme la plante précédente; on en ordonne les mêmes préparations & la même dose, leur vertu étant à peu près femblables: la première espèce eft préférée dans la médecine; on mange également P'une & l'autre en falade. Le Creffon eft apéritif, diurétique, anti-fcorbutique, ftomacal & hyftéri

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