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bâtons de Caffe, ou fes fruits, s'ordonnent jusqu'à demi-livre; on les concaffe, & on les fait bouillir légèrement dans chopine d'eau ou de petit-lait, qu'on donne aux malades par verrées lorfqu'on y ajoute d'autres purgatifs, on en diminue la dofe. La Caffe mondée eft la pulpe ou moëlle tirée des bâtons ou gouffes, & paffée par le tamis; elle s'aigrit alors aifément, caufe des tranchées & porte à la tête elle agit plus doucement & plus sûrement Jorfqu'elle eft employée en bâtons, concaffée & bouillie, comme nous venons de dire. La dose ordinaire de la Caffe mondée eft d'une once ou de dix gros. Il y a peu de purgatif plus doux; c'eft pour cela qu'on l'ordonne avec fuccès dans les fièvres ardentes, les maladies des reins & de la veffie, lors même qu'il y a des difpofitions inflammatoires dans le bas-ventre, & qu'il eft néceffaire de purger: on l'ordonne quelquefois en bol à demionce ou fix gros, pour lâcher le ventre. La moëlle de la Caffe donne fon nom à l'électuaire de la Caffe; selle entre dans le lénitif fin, le diaprun, la confection Hamech, & dans l'électuaire de Pfyllio.

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28. TAMARINS.

Silica Arabica quæ Tamarindus C. B. 403. Tamarindi I. B. tom. j. pag. 422; Raii Hist. 1748. Tamarindus Derelfide appellata, Alp. Egypt. 37. Tamar. five Dactylus Indorum & Palmula quorumdam. Balam pulli, feu Maderam pulli Hort. Mal. Iutay five Tamarindus Pif. 157.

L'arbre fur lequel naiffent les Tamarins, croît en Arabie, dans les Indes orientales & occidentales, & dans cette partie de l'Afrique appelée Sénégal. Ce fruit eft en ufage dans la médecine; on nous l'apporte mondé & féparé de fa gouffe : c'eft une efpèce de moëlle un peu folide, mêlée avec les femences ou noyaux. On doit choifir la plus récente; pour être bonne, elle doit avoir une faveur vineufe & aigrelette. Ce purgatif eft très-doux ; il

corrige même, par fon acide, l'âcreté des autres auxquels il eft ajouté : on l'ordonne dans les mêmes maladies & de la même manière que la Caffe. Les Tamarins entrent dans les mêmes électuaires purgatifs que la Caffe ; ils donnent le nom à l'électuaire de Tamarins d'Horftius; ils entrent auffi dans l'électuaire hydragogue de François Sylvius, dont la dofe eft de demi-once.

29. SÉNÉ.

1. Senna Alexandrina five foliis acutis, C. B. 397. Senna I. B. tom. j. p. 377. Senna Orientalis Tab. ic. 517. Abalzemer Perfar. Mef. [ SÉNÉ DE SEYDE OU DE LA PALTE.]

2. Senna Italica five foliis obtufis, C. B. 397. Senna Flo rentina five foliis per extremum latis pene cordatis, I. B. tom. j. pag. 377. Senna Italica, Tab. ic. 518. [SENÉ D'ITALIE OU DE TRIPOLI.]

3. Senna Mauritanorum, Ruel. 194. Senna filveftris quibufdam male Gefn. Hort. Colutea veficaria C. B. 396; I. B. tom. j. 380; Dod. 784. [BAGNAUDIER ou FAUX SÉNÉ. ]

Le Séné eft le purgatif le plus en ufage, & un des plus sûrs dans fon opération. La première efpèce eft la plus recherchée; la feconde fuit de près; & la troisième doit être rejetée, n'ayant pas, à beaucoup près, la même vertu. On ordonne fouvent les deux premières efpèces fous le nom de feuilles d'Orient; on fe fert fouvent de leurs fruits ou gouffes fous le nom de follicules : les uns & les autres s'emploient, en infufion & en décoction, depuis un gros jufqu'à deux dans demi-feptier d'eau, fouvent au double & au triple, lorfqu'on en veut faire plufieurs prifes en manière de tifane laxative. On ajoute ordinairement au Séné ou quelque femence aromatique, comme l'anis ou la canelle, ou quelque fel fixe, comme le fel d'abfinthe, le fel végétal, foit pour adoucir fon âcreté, foit pour faciliter fon action on en corrige auffi la faveur défagréable par les fucs acides de citron, de verjus ou autre. On le prend en poudre, depuis un fcru

pule jufqu'à demi-gros, dans des bols ou opiats, mais rarement, à caufe de fon volume. Enfin on en fait un extrait qu'on ordonne depuis un fcrupule jufqu'à une dragme.

Le Séné purge affez bien toutes fortes d'humeurs; on ne doit pas l'ordonner dans les hémorroïdes, les hémorragies, les maladies de la poitrine, non plus que dans les difpofitions inflammatoires. Il entre dans la plupart des électuaires purgatifs, entr'autres dans le lénitif, le catholicon, la confection Hamech, les tablettes de Citro, l'électuaire de tamarins d'Horftius, l'extrait panchymagogue de Crollius, la poudre arthritique de Paracelfe, &c. Il a donné le nom à l'électuaire de Séné. Les follicules s'emploient dans les pilules tartarées de Quercetan. 30. MANNE.

Manna Schrod. Mel aëreum, Ros cæleftis Drofomeli Menfiracoft & Terniabin Arab. Trungibin & Terenbigil. Serap. Avic.

La Manne n'est pas une rofée, comme l'ont cru les anciens; mais le fuc nourricier de certains arbres, comme les modernes l'ont découvert, & l'ont vérifié par des expériences inconteftables. Les arbres qui fourniffent la Manne qui eft fi familière, sont les deux espèces de frêne fuivantes.

1. Fraxinus rotundiore folio C. B. 416; I. B. tom. j. p. 177. Ornus quorumdam.

2. Fraxinus humilior five altera Theophrafti, minore & tenuiore folio C. B. 416. Fraxinus tenuiori & minori folio I. B. tom. j. pag. 177. Ornus Lugd. 83.

La Manne vient d'Italie, & fur-tout de la Calabre & de Sicile; on en trouve de trois fortes chez les Droguiftes. La première est la blanche, qui eft la plus belle, en bâtons longs comme le doigt: elle n'eft pas toujours la meilleure, étant fouvent falfifiée & blanchie avec la chaux, ce qu'il eft aifé de reconnoître; car alors elle eft plus blanche plus pefante & plus compacte que la Manne na

turelle. La feconde eft la Manne graffe ou la commune, qui eft jaunâtre & gluante; elle eft tirée, par incifion, de l'écorce & du tronc de l'arbre: elle s'appelle, en Italie, Manna forfata & Sforzatella, feu Manna di corpo; elle est préférable à la précédente, felon quelques-uns, quoiqu'elle foit remplie de terre & d'ordures qui la font méprifer par les connoiffeurs. Mais la plus recherchée eft la troifième espèce, qui coule naturellement & qui s'échappe des aiffelles des feuilles dans les chaleurs de l'été elle s'épaiffit en petits grains d'un blanc qui devient jaune à mesure qu'ils fe durciffent; cette espèce s'appelle Manna di fronda.

Il y a une quatrième espèce de Manne qui coule de l'arbre fuivant, & s'appelle Manne de Briançon; elle n'a pas la vertu des précédentes.

Larix folio deciduo conifera I. B. tom. j. pag. 265. Larix Dod. 868; C. B. 493. [MÉLEZE.]

On recueille auffi dans le printemps, fur les feuilles du fycomore, de l'érable & de quelques autres arbres, un fuc qui s'épaiffit en forme de Manne fur leur fuperficie, mais qui n'eft pas d'ufage.

Le véridique Guy Patin ne faifoit pas cas de la Manne, & il pouvoit avoir raison. Elle eft fujette, comme nous l'avons dit, à être falfifiée par les commiffionnaires qui fe chargent de l'envoyer à nos marchands, & qui, pour gagner davantage, fabriquent dans leurs greniers des Mannes fort inférieures, à peu près comme les marchands de vin, avec quelque peu de bon vin & d'autres vins trèsmédiocres, fabriquent dans leurs caves de mauvais vin. La Manne graffe, il y a plufieurs années, paffoit pour la meilleure; on en tiroit plus que des autres, ce qui fit fans doute imaginer de la frelater: nous nous en apperçûmes dans les vifites chez les Droguiftes, & ils convinrent facilement qu'ils avoient été trompés ; le poids ne s'y trouvoit pas,

ainfi qu'on leur avoit annoncé dans leur facture. La Manne en forte eft actuellement préférable aux autres efpèces, c'eft-à-dire à la Manne en larmes & à la Manne graffe. Lorfque la Manne eft naturelle & nullement altérée, c'eft un purgatif affez sûr & affez doux; deux onces ou deux onces & demie purgent bien: quelquefois elle échauffe, elle altère. J'ai vu de bons effets, dans l'afthme, d'un gros tous les matins de l'opiat fuivant.

Prenez deux onces de Manne en forte, une once de fleurs de Soufre, un gros d'Ipécacuanha en poudre; mêlez le tout enfemble avec fuffifante quantité de miel de Narbonne.

On trouve dans la Pharmacopée de Londres, la recette d'un opiat devenu à la mode depuis quelque temps, & qui véritablement purge doucement, lorfqu'on a le courage de dévorer cette marmelade en un ou deux jours, parce que toute la dofe eft néceffaire pour purger.

On prend deux onces de Manne en forte choifie, une once de caffe mondée, une once de firop de guimauve, & autant d'huile d'amande douce; mêlez le tout felon l'art.

La Manne s'ordonne depuis une once jufqu'à deux, & quelquefois trois, lorfqu'on la donne feule. On la fait diffoudre dans un bouillon de veau, ou dans une infufion purgative; elle purge affez doucement, & peut être employée dans les mêmes maladies que la caffe; elle paffe pour purger les férofités & foulager la tête: on l'emploie en affez grande dofe dans l'efquinancie, fitôt que le malade peut avaler.

Les perfonnes délicates & fenfuelles ont introduit depuis peu l'ufage de la Manne dans le café; ils la fubftituent au fucre, & ils en font fondre une once ou deux pour fe purger. Ce remède convient aux dames qui ont le ventre pareffeux, & à ceux

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