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raire de Suiffe, dont l'ufage eft devenu très-familier. Ceux qui ramaffent ces plantes dans les montagnes, prennent fouvent, fans beaucoup de choix, tout ce qu'ils rencontrent fous leurs mains, & c'eft pour cela qu'elles font fi différentes : elles font fouvent fi brifées, qu'on n'en peut distinguer les espèces. Le plus sûr eft de les faire venir féparées, & d'en faire enfuite le mélange, après avoir choisi celles qui conviennent le mieux à la maladie qu'on veut guérir; il faut pour cela les bien connoître, & favoir qu'entre celles qu'on nous envoie, il s'en trouve ordinairement d'aftringentes & d'apéritives mêlées ensemble. La pervenche, par exemple, & la verge-d'or, la fanicle & le millepertuis, la bugle & la véronique, ont des vertus oppofées : les unes arrêtent les pertes de fang, les autres pouffent les mois & les urines; ainfi l'usage de ces plantes n'eft pas indifférent. Je commencerai ce chapitre par les Vulnéraires de Suiffe, entre lefquelles on diftingue, dans les mieux conditionnées, huit ou dix fortes de plantes; favoir, la bugle, la brunelle, la fanicle, le pied-de-lion, la pervenche, la pirole, la pilofelle, la verge-d'or & la véronique on y rencontre affez fouvent des fleurs de petite centaurée, de millepertuis & de pied-de-chat; quelquefois les feuilles de l'armoife, de la bétoine & du chamædris fe trouvent confondues avec les autres: nous avons déja parlé de ces plantes dans les claffes précédentes.

Nous croyons devoir combattre un préjugé général & dangereux, fur l'ufage des Vulnéraires en infufion pour les coups, contre-coups, chutes, accidens malheureusement trop fréquens, & dont les fuites font prefque toujours fâcheufes. Dès que quel qu'un a reçu un coup ou fait une chute, on ne manque prefque jamais de faire avaler une forte infufion des Vulnéraires Suiffes, & de continuer cette infufion

au moins neuf jours de fuite; après quoi on s'imagine être à l'abri de tout danger. Deux inconvéniens fuivent cette mauvaise pratique; le premier, de fe fier à cette infufion, & de ne pas recourir à la faignée, qui eft indifpenfable; le fecond, de don ner au malade une boiffon capable d'allumer le fang, de procurer la fièvre, & d'augmenter l'embarras déja formé. Il est bien plus prudent de diminuer le volume du fang, de le calmer, d'empêcher qu'il ne s'engorge dans la partie bleffée, & fur-tout de procurer une circulation douce, facile, libre, dégagée, dans un cas où prefque toujours elle eft fufpendue, troublée & dans le plus grand défordre. L'infufion des Vulnéraires Suiffes eft donc le plus fouvent pernicieuse. J'ai employé en pareil cas, & toujours avec fuccès, l'efprit de fel dulcifié, tant extérieurement qu'intérieurement, à dose convena

ble,

fuivant l'âge & le tempérament. Trente gouttes fuffifent dans une décoction de chiendent, pour une pinte prise dans la journée. On en doit donner beaucoup moins pour un enfant que pour une grande perfonne. On peut auffi en frotter la tête, foit qu'elle ait porté dans la chute, foit qu'elle foit ébranlée & affectée par contre-coup.

L'infufion des Vulnéraires Suiffes peut cependant avoir lieu à la fin d'une jauniffe opiniâtre, où il n'y auroit ni skirrhe dans le foie, ni fièvre, ni irritation, & où les premières voies feroient libres, c'eftà-dire, dans le cas où il ne s'agiroit plus que de faire paffer par la tranfpiration & les urines, la bile qui feroit dans les vaiffeaux lymphatiques. Je l'ai fouvent donnée avec fuccès dans des fuites de couches, dans des rhumatifmes laiteux. Cette infufion divife la matière laiteufe mêlée avec la lymphe, fortifie les nerfs, dégorge les glandes, ouvre les

pores de la peau, & provoque les règles; mais, nous le répétons encore, il faut qu'il n'y ait ni féche

reffe, ni ardeur, ni foif, ni mal de gorge, de poitrine, &c. &c. &c. auquel cas l'infufion des Vulnéraires Suiffes deviendroit pernicieuse.

1. BUGLE, ou petite Confoude.

Bugula Dod. 135. Gonfolida media pratenfis cærulea C. B. 268. Confolida media, quibufdam Bugula, I. B. tom. iij. pag. 430. Prunella Germanis, Trag. 311. Herba Laurentiana Caft. Arthetica Pande&tarii Ang. Chamaciffus quorumdam, Lugd. 1309. Symphitum medium Lon. Sylvatina vulgaris carulea Mor. Oxon.

La Bugle eft commune dans les bois humides & couverts; on emploie fes feuilles & fes fleurs dans les infufions, dans les tifanes, & dans les apozèmes que l'on ordonne pour les hémorragies & le crachement de fang, pour la dyffenterie, les fleurs. blanches, & les pertes de fang des femmes. Le fuc de fes feuilles, pris à deux ou trois onces, a les mêmes vertus: on s'en fert utilement pour les maux de gorge, pour les ulcères & le chancre de la bouche, en y ajoutant un peu de miel rofat. Quelques auteurs croient cette plante diurétique & apéritive. Camérarius, auffi-bien que Dodonée, l'ordonnoient pour les obftructions du foie. Potérius la recommande pour les phthifiques, & pour les ulcères internes accompagnés de fièvre lente. Elle entre dans la compofition de l'eau vulnéraire, dans le baume polycrefte de Bauderon, dans le mondificatif d'ache, &c.

L'eau vulnéraire, autrement appelée eau d'arquebufade, eft d'un ufage fi familier dans la médecine, que j'ai cru ne pouvoir me difpenfer d'en donner ici la recette. On entend par eau vulnéraire, une eau diftillée, dans laquelle un grand nombre de plantes font employées, la plupart vulnéraires, plufieurs céphaliques ou odorantes, & quelques autres, fuivant l'intention des pharmaciens qui la préparent. Entre les différentes difpenfations des auteurs, celle

qui fuit m'a paru la plus utile, par rapport aux usages pour lesquels on emploie ordinairement l'eau vulnéraire, favoir; extérieurement, pour baffiner les plaies & les ulcères, & pour feringuer dans les plus profondes qu'il faut nettoyer; & intérieurement lorfqu'on foupçonne du fang caillé, par la rupture de quelque vaiffeau dans les chutes & dans les violentes contufions.

Prenez racines & feuilles de grande confoude; feuilles de bugle, de brunelle, de fanicle, de plantain, d'œil-de-bœuf, de millepertuis, de véronique, de millefeuille, de fauge, d'origan, de calament, d'hyffope, de menthe, d'armoife, d'abfinthe de bétoine, de grande fcrophulaire, d'aigremoine, de scabieuse, de verveine, de fenouil, de petite centaurée, de nicotiane, d'ariftoloche, de clématite & d'orpin, de chacune toute épluchée deux ou trois poignées; racines d'ariftoloche ronde & longue, de chacune une once concaffée; hachez les herbes & les fleurs, & mettez le tout dans un vaiffeau; verfez deffus fuffifante quantité de bon vin blanc, enforte qu'il furnage de deux ou trois doigts; laiffez les herbes en digeftion dans un lieu chaud pendant deux ou trois jours; faites-les diftiller enfuite, jufqu'à ce que vous ayiez retiré environ le tiers de la liqueur que vous y avez employée, & gardez-la dans une cruche bien bouchée.

Quelques-uns font leur eau vulnéraire dans le temps de la vendange, & mêlent leurs herbes avec du raifin, qu'ils font cuver enfemble pendant un mois ou environ; ils y ajoutent quelques pintes d'eau-de-vie pour la rendre plus forte : ils diftillent enfuite la matière, & tirent d'abord une eau vulnéraire fpiritueufe, qu'ils appellent eau vulnéraire double celle qui vient enfuite eft une eau vulnéraire qu'ils appellent fimple, comme moins chargée de principes volatils & fulfureux. Il y en

a qui, pour rendre l'eau vulnéraire plus déterfive, y mêlent le fel fixe qu'ils ont tiré par la leffive du marc des herbes, après l'avoir fait fécher & réduire en cendres; mais alors elle convient mieux extérieurement pour les ulcères, & pour nettoyer les vieilles plaies, que pour prendre intérieurement. On préfère l'eau vulnéraire faite avec le vin blanc, qu'on donne à une ou deux onces dans les chutes confidérables, & pour prévenir les dépôts intérieurs. 2. BRUNELLE ou BRUNETTE.

Brunella major folio non diffetto, C. B. 260. Brunella flore minore, vulgaris, 1. B. tom. j. pag. 428. Brunella Dod. 136. Confolida minor Math. Camer. epit. 703. Symphitum petræum Lob. ic. 474.

Il y a peu de plante plus commune dans les prés & dans les bois que la Brunelle; on l'emploie comme la plante précédente, & elle a les mêmes qualités. Les gens de la campagne l'appliquent fur leurs bleffures après l'avoir écrasée : elle arrête le fang, & comme un baume naturel réunit la plaie; c'eft pour cela que quelques-uns l'appellent 'herbe au charpentier, nom qu'on attribue indiftinctement à la millefeuille, à la fanicle & à quelques autres herbes aftringentes. La Brunelle s'ordonne pour le crachement de fang, pour les urines fanglantes & les pertes des femmes. Céfalpin employoit les feuilles de Brunelle pilées & appliquées en cataplafme pour faire fuppurer les furoncles ou les clous, & pour guérir les plaies. Dans les grandes douleurs de tête, il faifoit baffiner les tempes avec le fuc, après l'avoir mêlé avec l'huile rofat & le vinaigre. Jean Bauhin y ajoutoit un peu d'eau-rofe, & faifoit boire le fuc tout pur à ceux qui avoient été mordus par des bêtes venimeufes.

Ettmuller recommande fort la décoction de cette plante, aiguisée d'un peu de cristal minéral, pour l'inflammation des glandes de la gorge en garga

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