déréglé des hémorroïdes & des fleurs-blanches. Son fuc déterge d'une manière furprenante les ulcères intérieurs, fur-tout ceux qu'on appelle vomiques du poumon. Il n'est guère de meilleur remède pour les matières purulentes qui coulent après la taille. Dans les hémorragies, cours de ventre & incontinence d'urine, on met une petite poignée de cette plante dans les bouillons, ou bien on la prend comme le thé; j'en ai vu d'excellens effets, mais les femmes & les filles fujettes au flux hémorroïdal n'en doivent pas trop long-temps continuer l'ufage, qui leur cauferoit une fuppreffion de règles plus fàcheufe que les hémorroïdes. Simon Pauli affure avoir connu des femmes enceintes qui s'étoient ga ranties de l'avortement, par l'ufage de la décoction de cette plante. Son fuc à fix onces avec autant de celui d'ortie, pris en deux doses à une heure l'une de l'autre, m'a réuffi plus d'une fois pour arrêter une hémorragie furvenue par l'ouverture de quelque vaiffeau fanguin qui fe dégorgeoit dans le canal inteftinal cet accident étoit arrivé à deux ouvriers en faifant effort pour lever un poids confidérable; ils avoient déja rendu par le ventre plus de deux pintes de fang: je leur fis donner une forte décoction des mêmes plantes en lavement. On peut donner dans les mêmes cas la poudre de Mille-Feuille à deux gros, qu'on mêle avec de la pâte pour en faire des bifcuits aftringens. L'eau diftillée de cette plante eft très-bonne pour l'épilepfie, au rapport de Taberna Montanus. Ses feuilles légèrement pilées & mifes dans le trou de l'oreille, calment fouvent la douleur des dents : c'eft un remède éprouvé par des praticiens dignes de foi. Quelques perfonnes fe fervent, pour le même effet, des feuilles de pariétaire.

La Mille-Feuille entre dans l'eau vulnéraire, dans le baume polycrefte de Bauderon, dans le mondi

ficatif d'ache, dans le martiatum, & dans quelques emplâtres aftringens.

9. RENOUÉE, Traînaffe.

Polygonum latifolium C. B. 281. Polygonum five Centidonia, I. B. tom. iij. pag. 374. Polygonum mas Dod. 113. San guinalis maxima Gefn. Hort. Cord. Sanguinaria Adv. Lob. ic. 419. Centumnodia ejufdem. Herba Proferpinaca à ferpendo, Apul.

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Les chemins font pavés de cette plante, qui eft une des plus communes de la campagne : fes feuilles s'emploient ordinairement dans les décoctions aftringentes, qu'on donne en lavement pour les cours de ventre; on y ajoute les herbes émollientes dans la dyffenterie, ou bien on les fait bouillir dans le lait c'eft un remède familier aux gens de la campagne j'en ai vu de fi bons effets, que je l'eftime comme un fpécifique dans ces maladies on en fait boire le fuc à deux ou trois onces, ou la tifane, ou l'infufion dans le vin rouge, pour la dyffenterie invétérée & les pertes de fang. Camérarius l'eftime pour le vomiffement de fang, & cite l'expérience d'un homme qui guérit cette maladie avec le fuc de Renouée bu avec un peu de vin aftringent, ou de gros vin. Schroder affure qu'elle eft employée utilement dans les ulcères & les inflammations des yeux, & même dans toutes fortes de plaies, y étant appliquée extérieurement après avoir été pilée. Fallope s'en fervoit pour les defcentes. La Renouée entre dans le firop de confoude de Fernel, & dans le mondificatif d'ache.

10. PAQUETTE, Marguerite.

1. Bellis filveftris caule foliofo major, C. B. 261. Bellis major Dod. 265; I. B. tom. iij. pag. 114. Leucanthemum vulgare Inft. 492. Oculus Bovis Brunf. Confolida media vulnerariorum, Adv. Lob. 253. Buphtalmum majus Leon. Bellium majus Tab. ic. 351. [GRANDE PAQUETTE, IL-DE-BOUF, MARGUERITE.]

2. Bellis filveftris minor C. B. 261. Bellis minor filvestris Spontanea, I. B. tom. ij. pag. 111; Tab. ic. 328. Solidago Confolida fpecies, Brunf. Symphitum minimum quorumdam. Primula veris Cæf. 493. Confolida minor herbariorum. [PaQUERETTE.]

La petite Paquette eft très-commune dans les prés & fur le gazon; la grande fe trouve auffi dans les bois on emploie les feuilles & les fleurs de ces deux espèces dans l'eau vulnéraire, dans les décoctions & dans les infufions qu'on donne à ceux dans lefquels on foupçonne intérieurement du fang caillé & extravafé par quelque coup ou quelque chute. Ceux qui crachent du pus, fe trouvent bien auffi de la tifane faite avec ces plantes; elles conviennent auffi dans la pleuréfie. Ruel affure qu'un cataplafme fait avec la Paquette & l'armoife, fond les tumeurs fcrophuleufes, réfout celles où il y a inflammation, & foulage les goutteux & les paralytiques : c'eft auffi le fentiment de Néedham. Céfalpin eftime cette plante pour les plaies de la tête, & en ordonne le jus, qu'on peut faire prendre à deux ou trois onces. Les fleurs de Paquerette avec l'herbe à Robert, amorties fur une pelle chaude, & appliquées fur la tête, foulagent confidérablement la migraine; j'en ai vu l'expérience. Céfalpin affure que pour la teigne, on fe fert d'un onguent fait avec le fain-doux & les fleurs de la Marguerite.

Wepfer emploie la petite Paquette avec le creffon & la nummulaire dans la pulmonie. Quelquesuns font prendre à jeun quatre onces d'eau de chaux, qu'on a verfée toute bouillante fur une pincée de fleurs & de feuilles de Marguerite; ou bien, comme elle a mauvaise odeur, il y en a qui fe contentent de faire macérer cette plante dans l'eau de chaux, après qu'elle a bouilli; ils l'y laiffent pendant la nuit feulement. Michaël dit qu'il a guéri quelques hydropiques par l'ufage de cette plante cuite dans les bouillons on peut auffi en boire le fuc clarifié

à deux ou trois onces. Schroder obferve que les femmes de fon pays donnent la décoction des feuilles & des fleurs de cette herbe à leurs enfans pour les purger. Elle n'eft pas fi pugrative que le fuc de la plante.

11. GRANDE CONSOUDE, Oreille d'Ane.

Symphytum, Confolida major, C. B. 259. Dod. Symphitum magnum I. B. tom. iij. pag. 593; Dod. 134. Confolida major Trag. 240. Symphitum, Alum feu Alus, Lob. ic. 583.

La grande Confoude fe trouve ordinairement dans les prés humides & au bord des eaux : on emploie en médecine fes racines, & quelquefois fes feuilles. Diofcoride affure que fa racine pilée avec celle de feneçon, appaise l'inflammation des hémorroïdes; que leur fuc eft bon pour le crachement de fang & pour les defcentes. La racine de grande Confoude écrasée & le fuc des feuilles, réuniffent également bien les plaies; ce remède eft en ufage à la campagne, & je l'ai fouvent éprouvé pour des coupures. On applique ces mêmes racines pilées, ou le mucilage tiré des racines sèches, dont la poudre a été détrempée dans l'eau chaude, fur les fractures, fur les diflocations, les ecchymofes les ulcères malins & carcinomateux, & fur les parties affligées de douleurs véroliques.

Dans les pertes de fang, on emploie ordinairement la tifane faite avec la racine de grande Confoude; elle eft utile dans le crachement de fang: On confit cette plante au fucre, & on en fait un firop & des tablettes.

Cette racine n'eft pas feulement vulnéraire, aftringente & béchique, elle eft auffi adouciffante; j'ai foulagé confidérablement des goutteux en faifant appliquer fur la partie fouffrante un cataplafme fait avec cette racine bouillie, en le mettant le plus chaudement qu'on le peut fouffrir. M. Tournefort faifoit mêler quelques gouttes d'huile fétide avec

la racine pilée qu'on appliquoit fur les endroits goutteux. Simon Pauli ne veut pas qu'on applique les racines feules & toutes fraîches fur la partie goutteufe, de peur de répercuffion; il eftime davantage le cataplafme fuivant, qu'il a appris de Sennert.

Prenez racines de grande Confoude trois onces, de guimauve deux onces, d'hièble une once & demie, feuilles d'aurone une poignée, fleurs de camomille trois poignées, de fureau quatre, feinence de fénugrec deux onces, de lin trois; faites bouillir le tout dans de l'eau diftillée des fleurs de fureau, jufqu'à ce que cela foit réduit en cataplafme.

Les racines de notre plante, pilées & appliquées en cataplafme, adouciffent les piquures des tendons. On prépare un firop de grande Confoude de la defcription de Fernel; celui de Dodonée n'eft pas moins compofé, mais il eft plus adouciffant : le voici.

Prenez racines de grande Confoude deux onces, de régliffe une once, feuilles & racines de pas-d'âne une poignée, pignons blancs une once & demie, vingt jujubes, deux dragmes de femence de mauve, autant de têtes de pavot; faites bouillir le tout dans une livre & demie d'eau; faites cuire la décoction paffée, avec fix onces de fucre & autant de miel de Narbonne, en confistance de firop: la dose eft d'une once dans la toux opiniâtre & le crachement de fang.

La grande Confoude entre dans la poudre de Bauderon pour les defcentes des enfans, dans le baume polycrefte, dans le mondificatif d'ache, dans l'eau d'arquebufade, dans l'emplâtre de Vigo pour les fractures, & dans l'emplâtre pour les hernies de Nicolas Prepofitus.

12. ORPIN, Reprise, Graffette, Joubarbe des Vignes, Fève épaiffe.

Telephium vulgare C. B. 287. Anacampferos vulgo Faba craffa, L. B. tom. iij. pag. 681. Telephium alterum five Craf

fula,