fufion de toute la plante dans l'eau a les mêmes vertus. Le fuc, la conferve ou l'extrait des feuilles & des fleurs, font propres pour le crachement de fang, les fleurs-blanches & les autres pertes des femmes. Céfalpin avance que cette femence tue les vers quelques-uns la croient fudorifique; & en effet, un gros infufé dans un verre de vin blanc pouffe les fueurs. Toute la plante pilée & appliquée extérieurement, guérit les bleffures & nettoie

les ulcères.

M. Ray, après Robinfon, affure qu'aux environs d'Yorck, on la donne aux néphrétiques avec fuccès; la dofe de la femence eft d'un gros.

18. QUINTE-FEUILLE.

Quinquefolium majus repens C. B. 325. Pentaphyllum, feu Quinquefolium vulgare repens, I. B. tom. ij. pag. 397. Quinquefolium majus Dod. 116.

La Quinte-Feuille fe trouve abondamment dans les prés, au bord des eaux & dans les bois humides fa racine eft un des plus affurés remèdes pour les cours de ventre & pour la dyffenterie; elle m'a fouvent réuffi, lors même que l'ipécacuanha m'avoit manqué : je la donne en tifane, une once fur trois chopines d'eau réduite à une pinte ou environ. Cette tifane peut être utilement employée dans le crachement de fang, & dans le flux immodéré des hémorroïdes & des mois.

La Quinte-Feuille paffe pour fébrifuge on affure qu'un gros de fa racine en poudre, pris dans un verre d'eau avant l'accès, guérit les fièvres intermittentes : ce remède eft éprouvé; on l'employoit du temps d'Hippocrate.

J'ai vu des gens dignes de foi, fe fervir du jus de la racine fraîchement cueillie pour frotter les dartres, & s'en bien trouver.

On prépare l'extrait des racines, qui eft utile dans toutes fortes d'hémorragies, à la dofe de deux gros

au plus. La décoction de Quinte-Feuille fournit un gargarifme qui n'eft pas à méprifer pour les maux de gorge & pour les ulcères de la bouche. Il y a des auteurs qui prétendent que l'infufion des racines emporte la jauniffe, débouche le foie, & foulage les phthifiques & les goutteux.

Cette racine entre dans la compofition de la thériaque, dans l'électuaire de Juftin, de Nicolas d'Alexandrie, & dans le martiatum.

19. TORMENTILLE.

Tormentilla filveftris C. B. 326. Tormentilla I. B. tom. ij. pag. 598. Confolida rubra Ger. Tab. ic. 124. Heptaphyllon Fuchf. Gefn. Pentaphyllum, potius Heptaphyllum flore aureo tetrapetalo, Tormentilla dictum, Mor.

On trouve ordinairement cette plante dans les bois; fa racine eft employée comme la précédente, avec laquelle elle a beaucoup de rapport par les vertus, & par la figure de la plante, à la grandeur près. On la dépouille de fes fibres, & on la fait fécher pour la mettre en poudre, & pour s'en fervir dans les compofitions aftringentes & cordiales, depuis demi-gros jufqu'à un gros. On a voulu fubftituer à l'ipécacuanha la poudre de Tormentille avec quelques grains de tartre émétique, pour guérir la dyffenterie; mais ce remède n'a pas fi bien réuffi, fi ce n'est par rapport à certains flux de fang, qu'un purgatif ordinaire arrête après l'usage des remèdes anodins & du laudanum. La racine de Tormentille entre dans la confection d'hyacinthe : la décoction de cette même racine, adoucie avec la conferve de roses ou un peu de fucre, à la dose d'une once quatre fois par jour, eft un bon remède pour prévenir l'avortement, au rapport de Rivière.

20. BISTORTE.

Biflorta major, radice minus intortâ, C. B. 192. Biftorta ru gofioribus foliis, I. B. tom. iij. pag. 538. Biftorta Dod. 333.

Colubrina & Dracunculus major Brunf. Serpentaria femina &
Colubrina Fuchf. Bulapathum feu Biftorta Frac.

Cette plante ne fe trouve que dans les prés humides des montagnes les plus élevées ; on l'élève aifément dans les jardins à l'ombre. Sa racine s'emploie comme celle des précédentes, dans les tifanes & dans les décoctions aftringentes, depuis demi-once jufqu'à une once pour une ou deux pintes d'eau, ou en fubftance & en poudre à la dofe d'une dragme incorporée avec la conferve de rofes. On s'en fert plus communément en poudre avec la Tormentille, dans les opiats & dans quelques confections alexitères, entre autres, dans l'orviétan. Dans les cours de ventre, les pertes de fang, le vomiffement, la dyffenterie, les évacuations exceffives d'urine, de fang menftruel, & toutes fortes d'hémorragies, cette plante eft d'un grand fecours.

M. Ray prétend qu'un demi-gros de racine de Biftorte en poudre, avec pareille quantité de fuccin, pris dans un oeuf pendant quelques jours, eft un bon remède pour prévenir l'avortement. On fe fert dans les Alpes, de la Biftorte comme d'un fpéeifique pour les fleurs-blanches. Tragus affure que fa poudre bue à la dofe d'un gros, ou fa décoction dans le vin, pouffe par les fueurs le venin de la pefte. Quelques-uns eftiment la décoction ordinaire de la Biftorte dans l'eau, pour la petite-vérole, la rougeole & les fièvres malignes; on en baffine auffi avec fuccès les gencives des fcorbutiques, dans les maux de dents & dans les maux de gorge. Outre l'orviétan & quelques compofitions cordiales dans lefquels entre la Biftorte, elle eft auffi employée dans la confection narcotique de Mynficht, & dans l'emplâtre pour la matriçe, de Nicolas.

21. BEC DE GRUE, ou de Cicogne,

1. Geranium columbinum Ger. Tab. ic. 56. Geranium folio Malva rotundo C. B. 318. Geranium folio rotunde multùm ferrato,

five columbinum, I. B. tom. iij. pag. 473. Pes columbinus Dod. 61. [PIED DE PIGEON.]

2. Geranium Robertianum 1, C. B. 319. Geranium Robertianum murale I. B. tom. iij. pag. 480. Geranium Robertianum Dod. 62. Gratia Dei, Geranium quibufdam, Trag. Sideritis 3. Gefn. Col, Rupertiana vulgo Cæf. 559. Herba Ruperti, & Geranium 2. Diofc. Lugd. 1278. [HERBE A ROBERT.]

3. Geranium fanguineum maximo flore C. B. 318. Geranium fanguineum, five Hamatodos, radice craffà, 1. B. tom. iij. pag. 478. Sanguinaria radix & Geranium 3. Trag. 548. Geranium fanguinarium, Tab. ic. 774.

Toutes les espèces de Bec de Grue dont je viens de citer les noms, font vulnéraires aftringentes; on les emploie avec fuccès dans les décoctions pour les cours de ventre & pour la dyffenterie. La première espèce eft très-commune dans les prés & dans les jardins; la feconde vient ordinairement fur les mazures & au pied des murailles; la troisième enfin fe trouve dans les bois. On ordonne dans les pertes de fang & les hémorragies, le fuc de la dernière efpèce, feuilles & racines pilées, comme un fpécifique; c'eft de-là qu'on lui a donné le nom de fanguinaria : les gens de la campagne s'en fervent pour arrêter le fang dans leurs bleffures. L'Herbe à Robert a les mêmes vertus, au rapport de Céfalpin. Cette efpèce eft auffi réfolutive que vulnéraire; & j'ai vu des perfonnes qui s'en font fervies dans les fluxions & les enflures, en l'appliquant en forme de cataplafme fur la partie fouffrante, foit écrafée ou amortie fur une pelle chaude, foit bouillie légèrement dans un peu de vin. On l'emploie utilement pour les maux de gorge, appliquée extérieurement, après l'avoir pilée avec de bon vinaigre. Fabricius Hildanus affure que la fimple décoction de cette plante foulage les douleurs du cancer: Hoffmann confirme cette propriété, Une pareille décoction mife en fomentation fur la veffie, ou l'herbe bouillie en cataplafme, pouffe les urines & foulage les hydropiques: le même remède foulage la bouffiffure des jambes. Le vin où les

feuilles ont macéré pendant la nuit, après les avoir écrasées, arrête les hémorragies.

La première espèce eft auffi utile dans les fiftules externes on applique l'herbe pilée ou fon fuc fur la partie malade, & on fait prendre intérieurement la décoction de cette plante dans l'eau : c'eft Clufius qui dit l'avoir expérimenté.

Ettmuller prétend que l'Herbe à Robert, pilée& appliquée en cataplafme, eft très-propre pour diffiper l'enflure des pieds & la bouffiffure des autres parties du corps, & regarde cette plante comme un remède affuré pour cette efpèce d'hydropifie.

L'Herbe à Robert eft employée dans le baume polycrefte de Bauderon, & peut être employée dans le martiatum.

22. PERCE-FEUILLE.

Perfoliata vulgatiffima five arvenfis C. B. 277. Perfoliate fimpliciter dicta annua, vulgaris, I. B. tom. iij. part. ij. p. 198. Perfoliata Dod. 104. Buplevrum perfoliatum rotundifolium, annuum, Inft. 310.

La Perce-Feuille fe trouve dans les terres sèches & dans les blés : la décoction de toute la plante, ou fes feuilles sèches & en poudre, se donnent à ceux qui, par quelque chute ou contufion violente, pourroient avoir quelque vaiffeau ouvert dans le corps, cette plante étant, de l'aveu de tous les auteurs, vulnéraire & aftringente: on l'emploie avec fuccès pour les defcentes, fur-tout celles des enfans: ceux dont le nombril eft plus élevé qu'il ne doit l'être, font garantis de l'exomphale par le cataplafme qu'on fait avec la Perce-Feuille fraîche, pilée avec un peu de farine & de vin.

Dodonée prétend que ce remède, appliqué fur les écrouelles, les réfout. Schwenfeld, au rapport de Jean Bauhin, eftime ce cataplafme pour les exoftofes.