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inède contre cette maladie, que le chevalier Digby nous a laiffé, & qui paffoit pour un fecret de famille. On l'applique fur la morfure, après l'avoir lavée avec du vin & de l'eau avec un peu de fel. Voici le remède en forme.

Prenez des feuilles de rue, de fauge & de pâquerette, de chacune demi-poignée; on y ajoute fuffifante quantité de racines de fcorfonère & d'Eglantier, avec un peu d'ail, & demi-poignée de fel qu'on mêle ensemble, pour en faire un cataplafme qu'on applique fur la morfure.

Quelques auteurs attribuent cette vertu à l'écorce moyenne de l'Eglantier, & M. Lifter au tubercule ou éponge qu'on appelle bedeguar.

Les fleurs de l'Eglantier font purgatives comme les autres Rofes; mais le firop qu'on en prépare eft plus aftringent, & s'emploie ordinairement lorfqu'il faut purger dans les pertes rouges ou blanches des femmes, préférablement aux autres purgatifs.

32. ROSES DE PROVINS.

Rofa rubra Officin. Rofa rubra multiplex C. B. 481. Rofa Provincialis major, Tab. ic. 1084. Rofa rubello flore majore, multiplicato five pleno, incarnata vulgò, I. B. tom, ij. p. 36. Rofa domeftica punicea Math.

On n'emploie ordinairement que les fleurs de cette espèce, dont on compofe un firop, une conferve sèche & une liquide; ils donnent leur nom à la poudre aromatique rofat & à celle de Rofes nouvelles. Ces préparations font d'un ufage trèsfamilier dans les cours de ventre, dans les indigeftions & dans le vomiffement. Le firop de Rofes sèches fe fait avec les fleurs de cette efpèce, đépouillées de leur calice & de leurs étamines, mondées de la partie blanche qu'on appelle onglet, afin que la teinture en foit plus belle; on le donne à une once, & la conferve à deux gros outre qu'elle a les propriétés du firop, elle paffe pour foulager la

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toux & guérir le rhume. Le firop de Rofes convient dans toutes fortes de pertes de fang; il eft alors plus efficace, & même plus beau, fi on y ajoute quelques gouttes d'efprit-de-foufre. La poudre aromatique rofat eft plus cordiale, ftomachique & carminative qu'elle n'eft aftringente, auffi - bien que celle de Rofes nouvelles de Nicolas Alexandrin, l'une & l'autre étant remplies de drogues aromatiques. On fe fert fort communément des Rofes rouges dans les cataplafmes & dans les fomentations aftringentes; elles font propres à fortifier les parties nerveufes foulées, à arrêter les pertes de fang, & à affermir les ligamens de la matrice. Pour cela on fait bouillir les Rofes dans le gros vin, & on applique le marc chaudement fur le bas-ventre. Cette même fomentation & épithême appliquée fur la tête (après des coups & des chutes qui menaçoient d'un abcès dans cette partie) m'a réuffi pour le prévenir, & pour appaifer des migraines violentes. Les Rofes rouges entrent dans la poudre diarrhodon, & dans quelques autres préparations de pharmacie.

33. SUMAC.

1. Rhus folio ulmi, C. B. 414. Rhus five Sumac I. B. t. j. pag. 555. Rhus coriaria Dod. 779. Sumach five Rhus obfoniorium & coriariorum, Park. Rhun & Rhoën quorumdam.

Les feuilles & les fruits de cet arbre font d'ufage en médecine; leur décoction eft très-utile dans les cours de ventre & dans la dyffenterie, dans les pertes de fang & le flux immodéré des hémorroïdes. Les fruits du Sumac font rafraîchiffans; on en met macérer une grappe dans deux pintes d'eau froide, qu'on fait boire enfuite par verrées dans toutes fortes d'hémorragies. Cette infufion eft utile dans le scorbut, foit qu'on la donne intérieurement, foit qu'on l'emploie à baffiner les gencives. On met une poignée de feuilles dans une pinte d'eau; mais demi-once

de fruits eft encore plus efficace, & on les préfère aux feuilles. Les fleurs fervent ordinairement à apprêter les cuirs comme fait le tan. L'extrait de ces fruits ou grappes fait avec l'eau commune, & donné à deux gros ou demi-once, a plus de vertu pour arrêter les flux de ventre que les autres préparations: je m'en fuis fervi avec fuccès plufieurs fois.

On fubftitue fouvent à l'efpèce précédente les fruits du Sumac de l'Amérique, qu'on élève aifément dans nos jardins, & dont le fruit mûrit plus promptement.

2. Rhus Virginianum C. B. App. 417.

34. CYPRÈS.

Cypreffus meta in faftigium convolutâ, quæ fœmina Plinii, Inft. 587. Cupreffus Dod. 856. [CYPRÈS FEMELLE.]

On n'emploie ordinairement en médecine que les fruits appelés Noix de Cyprès, & dans les Pharmacopées Nuclei vel Pilula Cupreffi, Gabula, Galbuli. Ces Noix font fort aftringentes, mifes en poudre à la dofe d'un gros: elles font auffi fébrifuges, & on les donne infufées dans le vin blanc à la manière du quinquina, fur-tout pour les fièvres quartes; je l'ai éprouvé.

Houllier, fameux praticien, & après lui Chefneau & Baricette, prétendent que les feuilles du Cyprès font bonnes pour la guérifon des écrouelles, des tumeurs cedémateufes & des hernies. On met en poudre ces feuilles, on les arrofe du vin du preffoir ou d'autre, pour en faire un cataplafme qu'on applique tous les jours fur la partie malade, jusqu'à parfaite guérifon.

35. CHÊNE.

Quercus latifolia mas, quæ brevi pediculo eft, C. B. 419. Quercus vulgaris, brevibus pediculis, I. B. tom. j. pag. 70. Quercus Blatyphillas mas Lugd. 2.

L'écorce & l'aubier, les feuilles, les fruits qu glands, & les galles ou tubercules qui fe trouvent

fous les feuilles, font d'ufage en médecine : toutes ces parties font aftringentes, & propres à arrêter le cours de ventre, les pertes de fang, & les autres évacuations exceffives. L'écorce, l'aubier & les feuilles en décoction, font très-utiles dans ces fortes de maladies, dans la dyffenterie, dans le crachement de fang & dans les fleurs-blanches. L'écorce du gland & le gland même n'ont pas feulement les mêmes vertus; ils appaifent encore la colique, pris au poids d'un demi-gros ou d'un gros dans un petit bouillon de lait. Tragus propofe l'eau distillée des tendrons de Chêne & de glands encore verts, comme un bon remède pour arrêter toute forte de flux; il affure même qu'il a vu donner avec fuccès les glands à des perfonnes qui piffoient le fang pour avoir pris des cantharides. Pour la dyffenterie, on emploie les glands ou leur calotte rôtie, mis en poudre à un ou deux gros, & pris dans le lait. Pour les maux de gorge, on peut fe fervir utilement de la décoction des tendrons de Chêne en gargarifme.

Diofcoride & Galien connoiffoient dans le Chêne la vertu aftringente; mais ils le croyoient, outre cela, alexitère, puifqu'ils faifoient boire à ceux qui avoient pris du poifon, du lait de vache dans lequel on avoit fait bouillir l'écorce du gland: ils employoient auffi le gland pilé pour réfoudre les tumeurs rebelles & pour deffécher les ulcères. Galien, n'ayant pas d'autre remède fous fa main, guérit une bleffure faite par un coup de hache avec les feuilles de Chêne : il fe fervoit auffi du gland pilé pour diffiper le phlegmon dans fa naiffance.

Pour ce qui eft des galles ou noix de galle, ce font des excroiffances qui naiffent dans le Levant, & aux environs d'Alep & de Tripoli, fous les feuilles d'une espèce de Chêne différent du nôtre. Jufqu'ici la noix de galle n'étoit en ufage que pour les tein

tures & pour faire de l'encre; mais M. Reneaume, docteur en médecine de la Faculté de Paris & de l'Académie royale des Sciences, a découvert dans la noix de galle un nouveau fébrifuge qui n'eft pas à méprifer. Comme ce remède ne convient que dans des fièvres d'une certaine nature, & produites par une cause particulière, je n'expliquerai pas la manière de s'en fervir, & le cas où il pourroit réuffir. Cet Abrégé ne me permet pas de m'étendre fur une maladie qui demanderoit une ample differtation; je me contenterai d'annoncer ici cette vertu de la noix de galle, en attendant que le temps, qui perfectionne tout, faffe connoître les avantages qu'on peut tirer de cette découverte.

La noix de galle eft employée dans les décoctions & dans les injections aftringentes.

Outre toutes les parties du Chêne en ufage dans la médecine, & qui font reconnues aftringentes, on emploie, depuis quelques années, l'agaric qui fe trouve adhérent à fes branches ou à fon tronc, & dont, jufqu'à préfent, on ne fe fervoit guère qu'à faire de l'amadou; ce qui lui avoit fait donner le nom de fungus durus five igniarius Park. 1323. On l'appelle encore:

Agaricus pedis equini facie, Inft. R. H. 562;

Fungus in caudicibus nafcens, unguis equini figurâ, C. B. Pin. 372, 3;.

Fungus pedem equinum referens, fubtùs foraminofus, Dod. Syn. 2. App. 336.

Cette excroiffance n'eft autre chofe que l'extravafation & l'épaiffiffement de la sève qui s'infinue peu à peu dans le corps de cette efpèce de fongofité, & qui part d'une ouverture ou plaie faite à l'écorce.

Pour employer cet agaric, il faut en couper la première furface ou écorce en la reparant; enfuite on bat avec des maillets de bois ce qui fe trouve deffous, jufqu'à ce que, de dur qu'il étoit, il devienne fouple & flexible comme un morceau de

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