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leurs de l'été avec un travail très-pénible. Ils ont une espèce de rateau, auquel font attachées plufieurs courroies d'un cuir rude; ils les paffent légèrement fur les ciftes, dont ils enlèvent, par ce moyen, la liqueur onctueufe qui eft répandue fur leurs feuilles, qui s'attache à ces lanières; ils l'en féparent enfuite avec des couteaux & en forment des maffes ou pains de différentes figures; c'eft ce qu'on appelle Ladanum en tortis. La partie la plus mollaffe, & qui a la confiftance d'un baume épais, eft gardée dans des feuilles ou des bouteilles, & fe nomme Ladanum liquide; il eft moins noirâtre & moins Lare que l'autre.

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Le Ladanum en tortis, pour être bon, doit être noirâtre & réfineux, d'une odeur agréable quand on le brûle, facile à s'enflammer, friable, & qui s'amollit aifément dans les doigts; celui qui eft rempli d'ordures & de poils eft beaucoup inférieur. Les auteurs conviennent que les feuilles de la plante qui fournit le Ladanum, font aftringentes. Cette gomme réfineufe eft très-utile dans la dyffenterie & dans les cours de ventre, prife en bol avec la gelée de coing & le corail en poudre la dofe eft depuis demi-gros jufqu'à un gros. Le Ladanum eft un bon réfolutif & digeftif, appliqué extérieurement; on en fait un emplâtre & des pilules propres à fortifier l'eftomac. Il entre dans plufieurs compofitions aftringentes, vulnéraires & réfolutives; entre autres dans l'emplâtre fameux pour les defcentes, que le Roi a acheté du prieur de Cabrières pour le donner au public: en voici la compofition.

Prenez Ladanum, trois dragmes; maftic, demionce; trois noix de cyprès; térébenthine de Venise & cire neuve, de chacune une once; hypocifte & terre figillée, de chacune une dragme; racine de grande confoude, demi - once du tout faites un emplâtre felon l'art; on l'applique fur la partie après

la réduction. Il faut, pendant ce temps-là, que le malade prenne, pendant vingt jours, de l'efprit de fel bien rectifié à différentes dofes, felon l'âge. Pour les enfans depuis fix jufqu'à dix ans, on en met quatre fcrupules dans une livre de bon vin; on leur en donne deux onces par jour : depuis dix ans jufqu'à quatorze, on met deux gros d'efprit de fel fur la même quantité de vin: depuis quatorze jufqu'à vingt, on en met deux gros & demi; & aux perfonnes plus âgées, on met jufqu'à cinq gros d'efprit de fel fur la même dofe de bon vin.

50. HYPOCISTE.

Hypociftis Officin. C. B. 465. Hypociftis cretica, flore pur pureo, Corol. Inft. 46. Ciftus mas 1. cum Hypociftide, Cluf. Hift. 68. Limodori genus quod Hypociftis, Dod. 191. Orobanche que Hypociftis dicitur, Raii Hift. 1228.

L'Hypocifte eft un fuc épaiffi & réduit par la coction en confistance d'extrait; on tire ce fuc de la plante ci-deffus, qui eft commune dans les pays chauds on en trouve en Provence & en Languedoc, au pied de différentes espèces de cifte. L'Hypocifte doit être d'un noir luifant, d'une bonne confiftance, le moins brûlé, d'une faveur acide & aftringente; fon ufage & fes effets font les mêmes que ceux du ladanum : c'eft un aftringent des plus efficaces, lequel fe donne intérieurement pour ar rêter toutes fortes d'évacuations exceffives, & s'emploie extérieurement dans les épithêmes & emplâtres pour refferrer & fortifier les parties, pour arrêter le vomiffement, appliqué fur l'eftomac, pour les hernies, &c. ; il eft encore excellent pour arrêter les gonorrhées, après avoir fait précéder les purgations & les autres remèdes néceffaires, lorsqu'il eft à propos de les arrêter. M. Garidel, dans fon Hiftoire des Plantes des environs d'Aix, nous donne deux formules d'une compofition où cette drogue eft employée, qui lui ont été communiquées par un

habile chirurgien de la province, à qui M. Garnier, très-habile médecin de Lyon, avoit donné ce remède; mais il y a plufieurs précautions à prendre dans l'ufage de ces formules, dans lesquelles on fait entrer les cantharides: ainfi je renvoie le lecteur au livre de M. Garidel, pour y apprendre ce que cet habile & fage médecin dit là-deffus. L'Hypocifte entre dans la compofition de l'emplâtre décrit cideffus, dans la thériaque & dans le mithridate.

51. ACACIA.

Acacia folio fcorpioïdes leguminofa, C.B. 392. Acacia vera I. B. tom. ij. pag. 429. Acacia fant Akakia Alp. Æg. 15. Acacia Egyptiaca Col. in Rech. 866. Acacia Egyptiaca foliis fcorpioides leguminofa, filiquis albis compreffis, ifthmo interceptis, floribus luteis, Hort. Lugd. Bat. Mizquitl, feu Acacia, Hern. 59.

On exprime les fruits de cet arbre avant qu'ils foient dans une parfaite maturité, & on en tire un fuc qu'on fait épaiffir en confiftance d'extrait folide, qu'on appelle du nom de cet arbre. Ce fuc nous eft apporté du Levant, de l'Arabie, & fur-tout d'Efpagne, où ces arbres croiffent en quantité près du mont Sinaï, comme le rapporte Profper Alpin, qui affure que c'eft le véritable Acacia que les anciens employoient dans la thériaque : c'eft prefque la feule compofition où cette drogue foit préfentement en ufage, quoique cet auteur moderne dife des merveilles de fes vertus.

L'Acacia, pour être bon, doit avoir une confiftance folide & facile à rompre, une couleur tannée noirâtre, & une faveur acerbe & auftère. Ce fuc eft excellent dans toutes les hémorragies, crachemens de fang, pertes des femmes, cours de ventre, & généralement toutes fortes d'évacuations exceffives: la dofe eft depuis demi-dragme jufqu'à une, en poudre ou en bol. Les Egyptiens emploient la décoction des feuilles & des fleurs comme celle

des fruits; ils les donnent en lavement dans ces maladies; ils en font des fomentations pour les defcentes de la matrice & du fondement: ils s'en fervent en gargarifme pour les ulcères de la gorge, les fluxions des dents & des gencives. Ce remède raffermit ces parties dans leurs alvéoles; il appaise auffi l'inflammation des yeux, appliqué deffus. Profper Alpin en fait grand cas pour préserver les jointures des fluxions qui les menacent, particulièrement de la goutte. C'est un puiffant répercuffif qui demande, comme les autres remèdes de cette nature, de grandes précautions avant d'être mis en ufage, étant d'une conféquence infinie, dans le traitement de cette maladie, de ne pas fe fervir de remèdes trop aftringens & trop froids, car une trop fubite répercuffion peut occafionner les fuites fàcheufes d'une goutte remontée.

On fubftitue à l'Acacia d'Egypte qui eft rare, le fuc épaiffi de nos prunelles, dont j'ai parlé ci-devant page 12, qu'on appelle Acacia noftras. C'eft de l'arbre dont nous parlons que coule la gomme arabique, dont nous parlerons ci après dans la claffe des plantes Rafraîchiffantes & Epaiffiffantes.

52. SANG-DE-DRAGON.

Draco arbor, Cluf. Hift. 1; C. B. 505; I. B. tom. j. pag. 402; Raii Hift. 1598. Palma prunifera foliis Yuca, è qua Sanguis Draconis Officin. Commel. Hort. Amftel.

Le Sang-de-Dragon eft une efpèce de gommeréfine qui coule par incifion faite dans l'été à un arbre de la hauteur du pin, dont les feuilles font longues, & femblables à cette efpèce de palmier que Dodonée appelle Chamaryphes. Ce fuc gommeux eft d'un rouge de fang, d'où vient fon nom; celui qui eft en larmes eft fort rare; on nous l'envoie des Indes (où cet arbre eft commun ) : il eft ordinairement en petits morceaux de la longueur & grof

feur du doigt d'un enfant, enveloppés dans des feuilles repliées & liées enfemble. On trouve dans les îles Canaries des arbres d'où coule un fuc gommeux de la même couleur, & auquel on donne auffi le nom de Sang-de-Dragon; mais il n'est pas fi pur que le premier. On falfifie le Sang-de-Dragon qu'on nous apporte de Hollande en petits pains plats & rouges; ce font différentes gommes fondues, avec lefquelles on a mêlé de la poudre du Sang-deDragon des Indes, ou de la teinture du bois de Bréfil, pour leur donner la couleur de fang. On les diftingue aifément, parce que les gommes de celui qui eft falfifié fe fondent en peu de temps, & ne font pas d'une couleur fi foncée que le vrai Sangde-Dragon, lequel a de la peine à fe fondre dans les liqueurs aqueufes, & ne fe diffout qu'auprès du feu, auquel il s'enflamme.

On emploie communément le Sang-de-Dragon en poudre, depuis un fcrupule jufqu'à une dragme, dans toutes fortes d'hémorragies & de pertes de fang, dans le crachement de fang, les cours de ventre, la dyffenterie, & toutes fortes d'évacuations exceffives: c'eft un aftringent & un abforbant très-utile, lorfqu'il eft mêlé avec le corail & les yeux d'écreviffes, en parties égales, de huit à dix grains chaque prife. Ce mélange m'a fouvent réuffi pour modérer infenfiblement des pertes de fang qu'il eft fouvent dangereux d'arrêter tout d'un coup dans les femmes qui y font fujettes. Je me contente d'en ordonner d'abord deux prifes par jour, de dix grains chacune, compofées des trois drogues fufdites enfemble; j'augmente le nombre des prifes avec mefure felon le befoin des malades, & j'en donne quatre à fix prifes par jour lorfque les pertes vont jufqu'aux fyncopes & aux défaillances. On les prend en poudre dans le bouillon, ou bien en bol liées avec quelques gouttes de firop de myrte ou quelque

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