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de pois, font tourner de petites boules de même groffeur avec le bois de Lierre, dont ils fe fervent pour mettre dans le cautère & entretenir la fuppuration. Les feuilles de Lierre, bouillies dans le vin, s'appliquent avec fuccès fur les ulcères & fur les plaies pour les nettoyer; elles font propres auffi pour tuer les poux, les lentes, & pour la teigne. Les baies de Lierre font très-purgatives & même émétiques, mais leur ufage intérieur eft dangereux. Simon Pauli, Hoffmann, & quelques autres auteurs, font de ce fentiment. Les gens de la campagne en prennent cependant un ou deux gros pour les fièvres, & Spigelius l'eftime pour la tierce caufée par une pituite trop abondante. Il en faifoit prendre un gros dans trois onces d'eau de chardon-béni, de foucy ou d'endive, avec fix grains de nitre & trois grains de trochifques de camphre. Quelques auteurs modernes recommandent pour la douleur des dents, la décoction de ces mêmes fruits écrafés & bouillis dans le vin ou dans le vinaigre: il faut la garder dans la bouche quelques momens, & la rejeter enfuite.

La gomme eft auffi eftimée pour le même mal, & on en met un petit morceau dans le creux de la dent gâtée. Cette gomme, qui coule par incifion ou naturellement du tronc des gros Lierres dans les pays chauds, en Italie, en Provence, &c. eft d'un jaune rougeâtre & tanné, d'une odeur forte, & d'une faveur âcre & aromatique; elle eft dure, friable & tranfparente: il en vient des Indes par Marfeille. Elle eft vulnéraire, déterfive, propre pour deffécher les ulcères, pour faire tomber le poil, pour faire mourir la vermine & réfoudre les tumeurs; on l'emploie dans quelques onguens, entre autres dans celui d'althæa.

Les anciens fe fervoient de la décoction des feuilles de Lierre dans le vin pour déterger les

ulcères malins & pour la brûlure. On prépare, pour ce dernier cas, un onguent qui eft merveilleux, dans lequel ces mêmes feuilles font employées : voici fa defcription.

Prenez des feuilles de Lierre, des fommités de fauge franche, deux poignées de chacune; de l'écorce moyenne de fureau, une poignée; de fiente de pigeon, demi-poignée on coupe le tout, & on le fait frire avec du vieux beurre; on le paffe enfuite tout chaud, en le preffant fortement : on applique cet onguent froid fur l'ulcère que la brûlure a caufé, & on le couvre avec le papier brouillard ou du papier gris.

9. SOUDE, Salicotte, la Marie.

1. Kali majus cochleato femine, C. B. 289. Cali vulgare I. B. tom. iij. pag. 702. Soda, Kali magnum Sedi medii folio, femine cochleato, Lob. ic. 394. Kali Dod. 81. Salfola genus in hortis, Ifgarum vulgò, Cæfalp. 170. Anthyllis altera falfa, Camer.

2. Kali geniculatum majus, C. B. 289. Salicornia geniculata femper virens, Inft. Corol. 51. Kali 111. Cam. Epit. 247. Salfola genus aliud, Cæfalp. 171. Ana Kali minus, five Sedum minus arborefcens vermiculatum, I. B. tom. ñj. pag. 705.

On fe fert indifféremment de ces deux espèces de plantes qui font communes fur le bord de la mer. On les fait fécher & brûler enfuite dans de grands trous faits dans la terre; leurs cendres & le fel fixe qu'elles contiennent en quantité s'y calcinent, & forment une espèce de pierre très-dure qu'on appelle Soude on l'emploie pour faire le favon, la leffive & le verre, & elle entre dans la compofition du fel de Saignette. La plupart des auteurs conviennent que fa décoction eft apéritive & diurétique; elle pouffe les urines & les matières glaireufes qui s'amaffent dans la veffie; elle emporte les obftructions du foie & des autres vifcères : mais il en faut ufer avec beaucoup de circonfpection, & n'en pas

donner aux femmes groffes, comme le remarque Simon Pauli, non plus qu'à ceux qui ont des ardeurs d'urine, ou une difpofition inflammatoire dans la veffie. Le fel qui domine dans la Soude est fi âcre, qu'on doit plutôt le regarder comme un puiffant déterfif que comme apéritif; c'eft pour cela que je l'ai rangé dans ce Chapitre. En effet la Soude eft propre dans les vieux ulcères, la gale & les autres maladies de la peau; on en fait même des pierres à cautère affez corrofives. Comme ce fel fermente avec tous les acides, on a donné, par analogie, le nom d'alkali non-feulement aux fels fixes qu'on tire des plantes brûlées, & aux fels volatils des animaux, mais encore aux matières terreuses & infipides, & généralement à tout ce qui eft capable de fermenter avec les acides.

10. SAVONNIÈRE.

Saponaria major levis C. B. 206. Saponaria vulgaris I. B. tom. iij. pag. 346. Saponaria Dod. 179. Lychnis filveftris, qua Saponaria vulgò, Inft. 336.

On trouve dans les endroits humides des prés & des bois, cette plante assez communément : je l'avois placée entre les plantes Errhines dans la première édition de ce Livre, parce que fes feuilles, broyées & mifes dans le nez, excitent l'éternuement; mais comme elle a cette propriété commune avec toutes les plantes âcres, j'ai cru qu'il étoit plus à propos de la ranger ici, fa vertu la plus éprouvée étant de guérir la gale & les dartres, en baffinant les parties fouffrantes avec fa décoction. Tous les auteurs conviennent qu'elle eft très-déterfive, & qu'elle ôte les taches des habits, comme fait le favon; c'est à caufe de cela qu'on l'a nommée favonnière.

Borel a obfervé que fa femence en poudre eft propre pour l'épilepfie. Il faut la faire prendre dans quelque eau anti-épileptique, au poids d'un gros dans fix onces d'eau. Sa racine eft bonne, à ce

que prétend Zapata, pour réfoudre & ramollir les écrouelles. Septalius & Schroder difent qu'elle eft apéritive & réfolutive; qu'elle eft bonne pour adoucir les maux vénériens, pour garantir de l'asthme & pour provoquer les ordinaires. On l'emploie dans l'huile d'euphorbe de la defcription de la Pharmacopée de Londres.

II. HERBE DE SAINTE BARBE.

Eruca lutea latifolia, five Barbarea, C. B. 98. Barbarea; I. B. tom. ij. pag. 868. Barbarea Dod. 712. Sifymbrium Eruca folio, glabrum, flore luteo, Inft. 226.

Cette plante fe trouve dans les champs, & fe multiplie aifément dans les jardins potagers; fa faveur & fes qualités l'égalent à la roquette ou au creffon, fuivant Dodonée: en effet, on s'en fert avec fuccès dans le fcorbut & dans l'hydropifie naiffante, foit qu'on l'emploie dans les bouillons & dans les tifanes, foit qu'on s'en ferve en infusion à la manière du thé. Sa femence paffe pour être apéritive, & propre à chaffer le gravier des reins: fa dofe eft d'un gros, concaffée & prife dans du vin blanc, ou quelque liqueur apéritive. J'aurois pu faire mention de cette plante dans la claffe des plantes anti-Scorbutiques; mais comme fon ufage le plus commun eft par rapport aux plaies & aux vieux ulcères, j'ai cru la devoir ranger ici. Nos payfans pilent toute la plante légèrement, la font macérer dans l'huile d'olive pendant un mois de l'été, & s'en fervent enfuite avec fuccès comme d'un baume excellent pour les bleffures.

12. LAMPSANE.

Lampfana Dod. 675; I. B. tom. ij. pag. 1028. Soncho affinis, Lampfana domeftica, C. B. 124. Chryfolachanum Plinii Ruel. Papillaris Herba quorumdam.

Cette plante eft fi commune dans la campagne & dans les jardins, que j'ai cru devoir la placer ici,

d'autant qu'elle eft d'un ufage très-utile pour net toyer les ulcères & les vieilles plaies, appliquée en fomentation, ou fon fuc mêlé dans les onguens. On a reconnu depuis peu qu'elle eft très-bonne pour les dartres farineufes : il faut laver fouvent avec fon fuc les parties qui en font affligées. Cette plante, prife intérieurement dans les décoctions & lavemens, eft émolliente, & approche des vertus du laitron, dont nous parlerons dans la claffe des plantes Rafraîchiffantes. Il y a des pays où on l'emploie utilement pour guérir le bout des mamelles, quand il eft écorché ou fendu, d'où vient le nom de papillaris que quelques auteurs lui ont donné.

13. HERBE DE SAINT JACQUES, Jacobée.

Jacobaa vulgaris laciniata C. B. 131. Jacobæa vulgaris I.B. tom. ij. pag. 1059. Jacobæa Dod. 642. Flos S. Jacobi Trag. 287. Senecio major, five Flos S. Jacobi, Math. Lugd. 575.

Quoique cette plante ne foit pas d'un ufage bien familier, elle eft cependant fi commune dans les prés, qu'elle ne doit pas être omife dans cette claffe, à caufe de fa propriété déterfive & vulnéraire; elle s'emploie utilement dans les maux de gorge en gargarifme, fuivant Dodonée. On fe fert, à Paris, de l'onguent fait avec le fuc de Jacobée pour l'éryfipèle. M. Tournefort croit qu'il conviendroit mieux de baffiner les parties affligées avec fon infufion tiède. Quelques auteurs la regardent comme une espèce de feneçon, par rapport à fa figure & à fes vertus; car on pourroit, dans un befoin, la fubftituer à cette plante pour les décoctions émollientes.

Simon Pauli dit que la tifane ou décoction de cette plante eft bonne pour la dyffenterie; il en parle comme d'un remède expérimenté par un chirurgien d'armée. L'application de l'herbe chaude fur le ventre, calme auffi les tranchées qui accompagnent cette maladie on peut la donner en lavement,

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