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thériaque, font fuer confidérablement, & conviennent dans les fièvres malignes, au rapport de Tragus. L'eau diftillée de cette plante, la tifane qu'on en prépare, & le firop fait avec fon jus & le fucre, font d'excellens remèdes pour la toux sèche, l'asthme, l'ulcère du poumon & le crachement de fang. Dans les migraines & la pefanteur de tête, les étourdiffemens & affoupiffemens, la Véronique vaut bien le thé; son infusion rend la tête plus libre, & plus capable de foutenir l'application & l'étude. Je pafferois les bornes que je me fuis preferites, fi je voulois détailler les propriétés de la Véronique ; je renvoie le lecteur à fon Hiftoire imprimée à Paris, fous le titre de Thé de l'Europe. J'ajouterai feulement ici qu'elle eft fort utile extérieurement pour la gale, la gratelle, les ulcères des jambes, ceux qu'on appelle ambulans, pour effacer les taches de la peau, même pour le cancer, cancer, fuivant Du Renou. Pour ces maladies, on emploie la décoction de toute la plante, ou fon eau diftillée : on en baffine les parties malades, & on en fait des fomentations.

On vante pour la colique l'ufage fréquent des lavemens de décoction de Véronique & de camomille, à laquelle on ajoute une once de beurre & autant de fucre.

La Véronique mâle entre dans le mondificatif d'ache & dans l'eau vulnéraire. Quelques-uns font diffoudre dans l'eau diftillée de Véronique, autant de vitriol qu'elle en peut diffoudre, pour la rendre plus déterfive.

La décoction de Véronique avec le miel blanc eft bonne pour l'efquinancie, fuivant Ettmuller; elle eft encore utile pour laver la bouche de ceux qui font fujets à avoir du chancre aux gencives, à la langue, ou dans l'intérieur de la bouche, comme il arrive fouvent aux enfans.

Céfalpin, Péna & Lobel, eftiment affez les autres

efpèces de Véronique, pour affurer qu'elles font plus capables d'emporter les obftructions des vifcères que la Véronique mâle; Céfalpin allègue pour raifon leur amertume. Tragus ajoute que la feconde efpèce guérit l'hydropifie naiffante, les fleurs-blan ches & la toux convulfive; on l'ordonne fous le nom de Teucrium.

2. VELVOTE, Véronique femelle.

Elatine folio fubrotundo C. B. 252. Elatine mas, folio fubrotundo, 1. B. tom. iij. pag. 372. Linaria fegetum, nummularia folio villofo, Inft. 169; Raii Hift. 759. Veronica fæmina Fuchfii, five Elatine Dod. 42. Verbafculum quorumdam, Lugd. 1301.

Cette plante fe trouve dans les terres labourables, où elle ne fleurit que vers le temps de la moiffon. La Velvote s'emploie comme la Véronique, en infufion, en décoction, ou diftillée; elle eft vulnéraire, apéritive, déterfive & adouciffante; elle eft même réfolutive, & Céfalpin la recommande pour les tumeurs fcrophuleufes & pour la lèpre, pour l'hydropifie, la goutte, les dartres & le cancer: on fait boire avec fuccès, deux fois par jour, trois onces du fuc, ou fix onces de l'eau de cette plante distillée au bain-marie. On fait un onguent avec la Velvote très-utile pour les ulcères, pour les hémorroides, les écrouelles, & pour toutes les maladies de la peau en voici la compofition telle que l'a décrit M. Tournefort.

Faites macérer pendant vingt-quatre heures les feuilles de cette plante dans autant de vin blanc qu'il en faut pour la couvrir; exprimez le fuc, & le faites bouillir jufqu'à la diminution du tiers, ajou tant autant de fain-doux qu'il en faut pour lui donner la confiftance d'onguent.

Quelques-uns eftiment cette plante dans les décoctions aftringentes qu'on ordonne pour les cours de ventre.

3. VERGE D'OR.

1. Virga aurea vulgaris latifolia I. B. tom. ij. pag. 1062, Virga aurea angustifolia, minus ferrata, C. B. 268. Virga aurea Dod. 142.

2. Virga aurea five Solidago Sarracenica, latifolia, ferrata, I. B. tom. ij. pag. 1668. Virga aurea latifolia ferrata, C. B. 268. Virga aurea margine crenato, Dod. 142. Virga aurea Arnoldi Villanovani, Ger. Raii Hift. 279.

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La Verge d'or eft commune dans les bois les fleurs & les feuilles de ces efpèces fe trouvent en quantité dans les vulnéraires de Suiffe; on les emploie ou en infufion à la manière du thé, ou dans les tifanes & les décoctions vulnéraires & apéritives. Quoique la Verge d'or foit utile dans la dyffenterie, les pertes de fang & les hémorragies, j'ai cru la devoir ranger dans ce Chapitre par rapport à fes vertus les plus éprouvées; car dans la difficulté d'uriner, dans la gravelle & la néphrétique, dans les obftructions des vifcères & l'hydropifie naiffante, cette plante eft fort utile, du confentement de tous les auteurs. Arnaud de Villeneuve en fait un grand cas pour le calcul; il la donnoit en poudre, deux gros dans quatre onces de vin blanc un peu chaud, tous les matins : j'ai vu de bons effets de fa fimple infufion pour les maladies de la veffie. Hoffmann affure que cette plante, prife intérieurement, eft un excellent remède pour les obftructions des vifcères, & pour empêcher l'hydropifie qui lui fuccède affez ordinairement. La Verge d'or entre dans l'eau d'arquebufade. Je ne fais pas par quel endroit les alchimiftes ou chercheurs de pierre philofophale font tant d'eftime de cette plante.

4. MILLEPERTUIS.

Hypericum vulgare C. B. 279. Hypericum vulgare five perforata, caule rotundo, foliis glabris,T. B. tom. iij. pag. 381. Hypericon Dod. 76. Afcyron Cord. Androfæmum minus Gefn. Fuga dæmonum quorumdam.

Nous avons peu de plante plus commune dans les bois, & d'un ufage plus familier que le Millepertuis: on le donne intérieurement pour emporter les obftructions des vifcères, pour pouffer le fable & les urines, pour faire mourir les vers, pour diffoudre le fang caillé par quelque coup ou chute, pour abattre les vapeurs hypocondriaques, & foulager les prétendus poffédés ou maniaques, d'où vient fon nom de Fuga dæmonum. Mynficht & Rolfinfius propofent pour cela une teinture excellente des fleurs avec celles d'Anagallis. On l'emploie extérieurement pour les bleffures, les contufions, la goutte, les rhumatifmes, les mouvemens convulfifs, les tremblemens de nerfs, les plaies des tendons, & généralement pour fortifier les parties, & réfoudre l'enflure qui furvient à celles qui ont été bleffées.

On emploie ordinairement les fleurs, & quelquefois les feuilles & les femences en décoction, en infufion & en extrait. La préparation la plus commune dont on fe fert extérieurement, eft fon huile, qui eft ou fimple ou compofée. La fimple fe fait en mettant les fommités entre fleurs & graine dans l'huile d'olive expofée au foleil pendant quelques jours; on réitère l'infufion avec de nouvelles fleurs fur la même huile, jufqu'à ce qu'elle foit d'un rouge foncé. L'huile de Millepertuis compofée fe fait en infufant une livre de fommités dans deux livres d'huile d'olive, & une livre de vin rofé; après trois jours de macération, on les fait bouillir au bain-marie jufqu'à la confomption du vin; on fait trois infufions de même, & on délaie dans la dernière un livre de térébenthine de Venife & quatre fcrupules de fafran.

En Provence & en Languedoc, on prépare l'huile de Millepertuis avec cette liqueur balfamique qui fe trouve dans les veffies des feuilles des ormes piquées par les infectes; j'en ai parlé dans l'ar

ticle de l'Orme. Trois onces d'huile fimple de décoction émolliente, adoucit les hémorroïdes internes; il faut que le malade la garde un peu de temps; c'eft une fomentation interne vulnéraire.

Ces huiles font excellentes pour toutes fortes de bleffures; on en fait même prendre intérieurement demi-once ou une once dans le crachement de fang & la dyffenterie. On fait frotter les parties affligées du rhumatifme, de la fciatique & des humeurs froides, avec un mélange de deux parties d'huile de Millepertuis & d'une de bon efprit-devin; ce remède eft fort réfolutif. Il y a peu d'huile ou de baume compofé deftiné pour les plaies, où on ne mêle l'huile de Millepertuis. Un Chirurgien habile m'a communiqué la préparation d'une teinture excellente, qu'il eftimoit comme un grand fecret pour les maladies dont nous venons de parler & pour toutes fortes de plaies; je m'en fuis fervi pour le rhumatifme avec fuccès: la voici.

Prenez des fleurs de Millepertuis épluchées, faitesles infufer dans une bouteille que vous remplirez de bon efprit-de-vin, & boucherez enfuite exactement; laiffez-la au foleil un mois, jufqu'à ce que la teinture foit d'un beau rouge; paffez-la enfuite & faites-y fondre du camphre environ un gros fur demi-livre de cette teinture.

L'extrait des fleurs de Millepertuis en bouton, digérées pendant deux jours dans l'efprit-de-vin, exprimées enfuite, & l'infufion évaporée en confiftance d'extrait, fe donne depuis un fcrupule jusqu'à un gros. Angelus Sala la prefcrit dans la manie la mélancolie, & les égaremens d'efprit qui viennent fans fièvre & fans aucune autre caufe manifefte. Baglivi en fait grand cas dans la fauffe pleuréfie. La décoction de Millepertuis, l'eau diftillée de cette plante & l'infufion de la graine tuent les vers & pouffent les urines, fuivant Bartholin & Ri

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