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TROISIÈME CLASSE.

PLANTES RÉSOLUTIVES.

Ce n'eft pas fouvent affez d'amollir & de relâcher

les fibres trop tendues, & de rétablir leur foupleffe pour les rendre plus propres à hâter le cours des humeurs lorsqu'il eft ralenti; ces humeurs font quelquefois parvenues à un tel point d'épaiffiffement & de coagulation, qu'elles éludent l'impreffion du reffort des parties folides, fi on ne trouve le moyen de les réfoudre, & de rétablir leur fluidité naturelle. Les remèdes qui produifent cet effet s'appellent Réfolutifs, & s'appliquent ordinairement à l'extérieur, en cataplafme & en fomentation. On y joint les plantes Emollientes lorfqu'il y a difpofition inflammatoire, & quelquefois les Rafraîchiffantes lorsqu'il faut réfoudre infenfiblement & avec mefure. Si au contraire il faut divifer & diffoudre des matières dures & skirrheufes, & les difpofer à fuppuration ou à réfolution, on anime les farines réfolutives avec les poudres de Camomille & de Mélilot; on y ajoute les femences de Cumin, d'Aneth, les fommités d'Abfinthe & de quelques plantes aromatiques; on emploie même quelquefois les emplâtres fondans, dans lefquels entrent les gommes, &c. Ces remèdes font d'un usagé très-familier dans la chirurgie.

Nous avons déja dit ci-devant que plufieurs plantes Réfolutives étoient Emollientes, parce que ces plantes, en divifant le fang & les matières extravafées dans les porofités des chairs, ramolliffent en même temps les fibres dont la tenfion extraordinaire caufe des douleurs infupportables.

Nous commencerons cette Claffe par les farines

réfolutives ordinaires; nous parlerons enfuite des femences qu'on peut leur fubftituer, & nous finirons par les autres plantes Réfolutives.

1. ORGE.

1. Hordeum polyfticon hybernum C. B. 22. Hordeum polyfticon I. B. tom. ij. pag. 329. Hordeum majus Tragi 638. Hordeum polyfticon hybernum majus Tab. ic. 274.

2. Hordeum polyfticum vernum C. B. 22. Hordeum hexafticum pulchrum I. B. tom. ij. pag. 329. Hordeum polyfticum aftivum Tab. ic. 275.

On emploie indifféremment les femences de ces deux efpèces. Rien n'eft plus commun que l'ufage de l'Orge dans les tifanes ordinaires. On en met une poignée dans une pinte d'eau, à laquelle on fait d'abord jeter un bouillon; on la rejette ensuite comme inutile & même nuifible, parce qu'elle eft trop âcre. Cet Orge, ainfi lavé, fert à la tifane; on le fait bouillir avec du chiendent & les autres racines dont on veut fe fervir. Il ne faut pas attendre qu'il foit crevé pour retirer la tifane du feu, mais qu'il foit feulement gonflé; alors la liqueur eft rafraîchiffante, nourriffante, émolliente & légèrement apéritive: elle eft auffi un peu déterfive, & fert à délayer les remèdes qu'on ordonne pour les gargarifmes dans les maladies de gorge.

L'Orge mondé, c'est-à-dire dépouillé de fon écorce, eft d'un ufage très-ordinaire en médecine; on le fait bouillir comme le précédent, mais fans y joindre d'autres drogues; car il fournit feul une liqueur affez chargée, d'un blanc jaunâtre, & d'une qualité plus nourriffante & plus adouciffante que la première. On met une cuillerée d'Orge mondé dans une pinte ou deux livres d'eau qu'on fait bouillir jufqu'à la diminution d'une fixième partie, & on a foin d'en féparer l'écume : on fait prendre une chopine ou environ de cette liqueur chaude comme un bouillon ordinaire, après y avoir diffous demi-once

de

de fucre; on y mêle quelquefois parties égales de lait pour rendre ce bouillon plus nourriffant, & on a foin de l'écrêmer à plufieurs reprises lorfqu'il eft fur le feu, afin qu'il charge moins l'eftomac, & n'y laiffe pas tant de craffe.

Cette boiffon, qui eft une forte de crême d'Orge, eft utile aux perfonnes dont la poitrine eft délicate ou échauffée, dans la toux opiniâtre, dans les rhumes invétérés, & lorfqu'on a intention de tempérer & de rafraîchir les entrailles: on s'en fert auffi pour les émulfions rafraîchiffantes, en y délayant les femences froides pilées, comme nous dirons ci-après dans la dernière Claffe.

Tout le monde, fait qu'on fait un pain affez nourriffant avec l'Orge, auffi-bien qu'une boiffon trèsagréable qu'on appelle bière. Le fucre d'Orge ne mérite pas toujours ce nom; car ce n'eft fouvent qu'un fucre fondu dans l'eau commune & très-cuit, puis jeté fur un marbre graiffé d'huile d'amandes douces, formé en bâtons tortillés. Pour être véritablement fucre d'Orge, il faudroit qu'il fût fondu dans une décoction d'Orge; mais les confifeurs n'y font pas tant de façons.

L'Orge entre dans le firop d'hyffope de Méfué dans le firop de jujubes du même, dans le firop de chicorée compofé, dans le lénitif, dans les trochifques de Gordon, &c.

J'ai placé cette femence dans la claffe des plantes Réfolutives plutôt que dans celle des Rafraîchiffantes, parce que fa farine eft une des quatre qu'on emploie dans les cataplafmes réfolutifs.

2. SEIGLE.

Secale hybernum vel majus C. B. 23. Secale 1. B. tom. ij. pag. 416. Rogga five Secale Dod. 499. Siligo Brunf. Farrago Ruel. 416. Olyra Cord. Tipha cerealis & Tipha Theoph. Porte. La farine de Seigle eft une de celles qu'on fubftitue

aux quatre réfolutives qu'on emploie ordinairement, ayant à peu près la même vertu que celle de l'orge, étant affez émolliente & réfolutive : le pain qu'on en prépare eft plus léger que celui de froment & d'orge; il est même un peu laxatif, & convient aux perfonnes qui ont le ventre pareffeux, à ceux qui font fujets aux hémorroïdes, à la migraine & aux palpitations de coeur. Le cataplafme de farine de Seigle avec le miel & un jaune d'œuf, eft adouciffant, réfolutif, & avance la fuppuration : on l'applique ordinairement fur les mamelles pour le lait grumelé.

Il y a des gens qui font rôtir le Seigle comme on fait le café, & qui s'en fervent de la même manière après l'avoir réduit en poudre cette boiffon les échauffe moins, mais elle n'a ni les qualités ni l'agrément du café.

3. BLE ou FROMENT.

1. Triticum hybernum ariftis carens C. B. 21. Triticum vulgare glumas triturando deponens I. B. tom. ij. pag. 407. Siligo fpica mutica Lob. ic. 25.

Perfonne n'ignore l'ufage ordinaire du Blé, qui fournit une nourriture auffi utile qu'elle eft agréable; il fournit auffi la farine & la mie de pain qu'on en prépare, l'écorce de fa femence écrasée qu'on appelle fon, en latin furfur, & l'amidon, qui font em ployés tous les jours dans la médecine.

La farine de Froment s'emploie comme les autres dans les cataplafines réfolutifs; la mie de pain eft plus émolliente & plus adouciffante; elle donne le nom au cataplafme de mica panis qu'on fait fimplement avec le lait, la mie de pain & les jaunes d'œufs, & qu'on emploie pour appaifer la douleur & l'inflammation des tumeurs. Pour rendre ce cataplafine plus réfolutif, on y ajoute le fafran en poudre & l'huile rofat: ce remède eft anodin & fort ufité.

Le fon n'eft pas d'un ufage moins familier; tout le monde fait que fa décoction dans l'eau commune, fournit un lavement adouciffant, émollient & légèrement déterfif: on l'ordonne ordinairement avec la graine de lin dans le cours de ventre & dans la dyffenterie. On fait auffi une tifane propre pour les rhumes invétérés & la toux opiniâtre, avec le fon le plus net. Pour ceļa on en fait bouillir une cuillerée dans une pinte d'eau qu'on fait écumer; on le retire enfuite, & après l'avoir laiffé repofer, on le verfe par inclinaifon, & on y fait fondre une once de fucre; on boit cette tifane un peu chaude. Le son est auffi résolutif qu'émollient; on le fait bouillir dans la bière ou dans l'urine & on en fait des cataplafmes pour appaifer les douleurs de la goutte, & pour réfoudre les tumeurs des jointures bouilli dans le vinaigre, on l'a vu réuffir pour le rhumatifme.

L'amidon n'eft autre chofe, comme tout le monde fait , que la moëlle ou la plus fine farine du Froment, féparée fans le fecours de la meule du fon qui la couvroit, & cela par le moyen de l'eau commune; on la fait fécher enfuite, & on la vend par morceaux très-blancs pour plufieurs usages. Par rapport à la médecine, l'amidon eft pectoral, rafraîchiffant & incraffant, arrête le crachement de fang, adoucit l'âcreté de fa férofité: ainfi c'eft avec raifon qu'on l'emploie dans la poudre diatragacant froide, & dans plufieurs autres compofitions pectorales & rafraîchiffantes.

On fait avec le Froment de la bière comme avec l'orge; on en tire même une eau-de-vie plus forte & plus capable d'enivrer que celle du vin.

4. BLÉ NOIR, ou Sarrafin.

Eryfimum Theophrafti, folio hederaceo, 63. Fagotriticum 1. B. tom, ij. pag. 993.

C. B. 27. Lob. ic.
Fagopyrum vulgare

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