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1. PAVOT.

1. Papaver hortenfe femine albo, fativum Diofcoridis, album Plinio, C. B. 170. Papaver album I. B. tom. iij. pag. 390. Papaver album fativum Lob. ic. 272. [PAVOT BLANC.]

2. Papaver hortenfe nigro femine, filveftre Diofcoridis, nigrum Plinio, C. B. 170. Papaver nigrum fativum Dod. 445 PAVOT NOIR.]

On élève le Pavot dans les parterres. Entre les, plantes Narcotiques, il n'y en a point qui foit plus en ufage. La partie de la plante qu'on emploie ordinairement, eft la tête, ou cette capfule qui renferme les femences. Ces femences ne font point capables de faire dormir, mais feulement d'adoucir & d'épaiffir le fang, comme peuvent faire les femences rafraîchiffantes, avec lefquelles on les mêle dans les émulfions à peu près à la même dofe. En Italie, les femmes les mangent à poignées, & furtout à Gènes, où on les couvre de fucre. Il n'en eft pas de même des têtes; il feroit dangereux d'en trop prendre. On appelle la femence de Pavot blanc aillette on préfère les têtes du Pavot blanc, qui font ovales, à celles du noir, qui font rondes & plus petites. On les rompt par morceaux, & on en fait bouillir une dans chopine d'eau pour les lavemens anodins qu'on donne dans la dyffenterie, dans les tranchées douloureufes de la colique néphrétique, & dans les autres maladies du bas-ventre, où il y a irritation. On en fait bouillir trois ou quatre dans un chauderon plein d'eau, dans lequel on fait mettre les jambes des malades auxquels on n'ofe pas donner intérieurement le Pavot ce petit ba leur provoque un doux fommeil; j'en ai va des expériences.

L'ufage intérieur du Pavot eft délicat, & demande beaucoup de circonspection : la préparation la plus ordinaire eft le firop qu'on appelle diacode, ou firop de Pavot fimple de Méfué, qui fe fait ainfi,

Prenez deux livres de têtes de Pavot blanc prefque mûres, & une livre de celles de Pavot noir; coupez-les par morceaux, par morceaux, & les mettez dans un vaiffeau de terre verniflé : versez deffus sept ou huit livres d'eau bouillante; & après l'avoir bouché laiffez-le fur les cendres chaudes pendant vingtquatre heures; faites bouillir enfuite pendant un quart d'heure, paffez & coulez la liqueur avec expreffion, ajoutez deux livres de fucre que vous ferez cuire en confiftance de firop. La dofe de ce firop eft depuis demi-once jufqu'à une once on l'ordonne avec fuccès dans la toux violente & opiniâtre, dans les tranchées de la colique venteufe & néphrétique, fur-tout avec partie égale d'huile d'amandes douces, dans la dyffenterie, le ténefme, dans le flux immodéré des menftrues & des hémorroïdes, lorfqu'il eft à propos de les arrêter; car aux femmes en couche & à celles qui font dans le temps de leurs règles, il faut le défendre. Ce firop eft auffi très utile pour appaifer les douleurs du rhumatifme & de la goutte fciatique.

Le diacode de Galien fe faifoit ainfi : Prenez dix têtes de Pavot; laiffez-les macérer fur les cendres chaudes pendant vingt-quatre heures dans une fuffifante quantité d'eau; faites-les cuire jufqu'à ce qu'elles foient molles, pour en tirer le fuc qu'on réduit en confiftance d'électuaire avec le fucre ou le raifiné,

11 eft néceffaire de remarquer que le firop de Pavot excite quelquefois le vomiffement, à moins qu'on n'ait la précaution de ne point donner d'aliment au malade deux heures devant de le prendre & deux heures après l'avoir pris. Ce firop eft contraire à ceux qui font fujets aux vapeurs & à la migraine, auxquels il caufe des étourdiffemens, des naufées, & augmente leurs vapeurs. Les fleurs de Pavot peuvent s'employer en infufion, comme le thé, dans

les tifanes pectorales, dans l'enrouement, la toux, le crachement de fang, la pleuréfie, &c. on en met une pincée fur huit onces de liqueur. On peut auffi faire bouillir une tête de Pavot blanc, coupée par morceaux, fur deux livres d'eau dans les tifanes qu'on ordonne pour les mêmes maladies.

Pour le diacode compofé, Méfué joignoit à chaque livre de diacode fimple un gros d'acacia, autant d'hypocifte, de myrrhe, de fafran & de balauftes, avec demi-once de trochifques de Ramno. Quelques-uns ajoutent au firop de Pavot, les graines de laitue, les jujubes, les femences de mauve & de coing, la régliffe & les feuilles de capillaire.

Les graines de Pavot blanc entrent dans le firop de jujubes de Mésué, dans la poudre diarrhodon Abbatis, dans la poudre diatragacant froide, dans le requies Myrepfi, le philonium perficum de Méfué, dans les trochifques d'alkékenge du même, & dans ceux de Gordon.

On emploie les têtes de Pavot dans le martiatum & dans le baume tranquille, & les feuilles dans le populeum. Quercétan croit que le Pavot qu'on cultive à Nîmes vaut celui du Levant, dont la récolte fe fait dans la Galatie & la Caromantie.

L'opium qu'on nous apporte préfentement de Turquie n'eft pas fi pur que celui des anciens, appelé opium Thebaïcum, parce qu'il venoit de Thèbes; le nôtre eft leur meconium, c'eft-à-dire le fuc tiré par expreffion des têtes & des feuilles de Pavots que les Turcs sèment dans leurs campagnes en quantité: ce fuc, réduit en extrait par l'évaporation, nous eft envoyé en pains de différentes groffeurs, couverts des feuilles mêmes de la plante. Comme cet extrait eft rempli de faletés, il a befoin de prépa ration, après laquelle on l'appelle laudanum. Nous avons, dans les Difpenfaires, plufieurs manières de purifier l'opium: les uns ajoutent à la diffolution

tant de drogues différentes, aromatiques ou autres, que c'est plutôt un électuaire qu'un extrait; les autres, perfuadés qu'il y a dans l'opium un foufre & un fel qu'il faut également diffoudre & féparer de beaucoup de terre qui les enveloppe, emploient un menftrue aqueux, tel que l'eau de pluie, & un fpiritueux comme l'efprit-de-vin. Quelques-uns font confifter toute la correction de l'opium dans une lotion & une diffolution tant de fois réitérées, qu'il n'y refte prefque plus de cette odeur défagréable qui lui eft particulière. Enfin il y en a qui, fans tant de façons, le mettent en digeftion dans le vin blanc, ou mieux encore dans de l'eau, à feu doux pendant trois ou quatre jours, en y ajoutant du fel de tartre environ un feizième du poids de l'opium. Ces deux dernières préparations me paroiffent les plus fimples & les meilleures, après lefquelles on peut employer l'opium depuis un quart de grain jufqu'à un grain, ou plus s'il eft néceffaire, & avec les précautions dont j'ai parlé ci-dessus.

L'opium entre dans la thériaque & dans le mithridat.

Nous n'avons point en France l'opium en larmes, qui coule par incifion de la tête des Pavots dans l'Orient; les Turcs le gardent pour eux, & en font leur ufage ordinaire; car cette précieuse réfine n'a pas befoin de préparation. On fait avec nos Pavots une espèce d'extrait qui approche des vertus du meconium, & dont on peut donner double dose. La meilleure manière de le préparer, eft de concaffer les têtes des Pavots blancs ou noirs; après en avoir féparé les femences, on les met en digeftion pendant huit jours fur les cendres chaudes ou dans une étuve, dans du vin blanc ou dans fuffifante quantité de leffive ordinaire on ajoute au vin blanc un peu de fel de tartre on paffe cette infufion avec une forte expreffion; on la cuit enfuite en confiftance d'extrait.

Le laudanum liquide, ou les gouttes anodines, ne font autre chofe qu'une diffolution du laudanum dans l'eau-de-vie ou dans l'efprit-de-vin, qu'on ordonne depuis dix gouttes jufqu'à vingt : cette préparation n'eft pas fi affoupiffante que le laudanum folide. J'ai été obligé de m'étendre, dans cet article, au-delà des bornes d'un abrégé : la matière eft d'un ufage fi familier, que j'ai cru le devoir faire pour l'intérêt public.

2. HANNEBANE, Jufquiame.

Hyofciamus vulgaris vel niger C. B. 169. Hyofciamus vulgaris I. B. tom. iij. pag. 627; Raii Hift. pag. 711. Hyofciamus niger Dod. 450. Apollinaris Cord. Faba fuilla vel porcina, Dens caballinus quorumdam.

La Jufquiame eft commune dans les terres incultes & au bord des chemins. L'ufage des feuilles de cette plante eft pernicieux quand il eft intérieur; fa femence ne l'eft pas tant. Hælideus la recommande pour le crachement de fang, en la mêlant avec la conferve de rofes. Quelques-uns la font brûler fur une pelle chaude, & font recevoir cette fumée dans la bouche de ceux qui ont mal aux dents, par le moyen d'un entonnoir renverfé, dont le bout du tuyau s'applique près de la racine de la dent gâtée. Tragus affure que le fuc de Jufquiame, ou l'huile faite par infufion avec fes graines, guérit la douleur d'oreille, fi on les feringue dans cette partie. La racine de Jufquiame n'eft pas toujours à rejeter; il y a des nourrices qui la coupent par morceaux, & les font fécher après les avoir enfilés; elles en font des colliers qu'elles mettent au cou des enfans pour les empêcher de crier, & calmer la douleur des dents : mais fi ce topique réuffit quelquefois, il demande des précautions; car, comme les enfans portent à leur bouche tout ce qui fe rencontre fous leurs mains, s'ils mâchoient quelques morceaux de cette racine, ils en feroient fort incom

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