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aux doigts des mains, avec l'Ipécacuanha à la même dofe. J'ai vu des paralyfies furvenues dans les extrémités inférieures à la fuite des convulfions, guéries par un long ufage d'un vin d'Efpagne, fait avec demi - once d'Ipécacuanha, infufé dans une pinte de vin d'Espagne blanc naturel, & pris à la dofe d'une cuillerée tous les matins à jeun.

Il ne faut cependant pas toujours prendre ce remède à jeun il convient mieux de le mêler avec les alimens; il agit plus efficacement. C'est le meilleur atténuant, le réfolutif le plus fûr, & le fondant le moins dangereux. C'eft pour cette raifon que l'Ipécacuanha eft un fi bon remède dans la coqueluche des enfans: outre qu'il fait vomir, il atténue en même temps la lymphe épaiffie. Bien des auteurs ont fait des traités entiers fur une feule drogue, telles que la fauge, le trifolium fibrinum, la véronique, le gaïac, le quinquina, &c. L'Ipécacuanha en mériteroit un qui l'emporteroit de beaucoup fur tous ceux dont je viens de parler; & ce qui paroîtra fingulier, la dyffenterie n'eft pas la maladie où il convienne le mieux. Il y a un grand nombre de dyffenteries différentes; il ne convient pas dans toutes, ni dans tous les temps: auffi mon père difoit-il fort habilement, que cette racine ne guérit jamais plus fûrement que lorsque la dyffenterie eft plus invétérée. Je dois ajouter ici, que ce remède peut fe donner en lavement. On fait une décoction d'un demi-gros d'Ipécacuanha, avec une tête de pavot pour une chopine, & on en donne un lavement, qu'il faut que le malade garde le plus long-temps qu'il pourra. Ce remède eft très-utile dans les cas où l'on foupçonne ulcère dans les derniers inteftins. Guillaume Pifon, dans fon Traité des plantes & des maladies du Bréfil, fe fervoit de cette racine à la dofe d'un gros en décoction, pour une pinte d'eau prife par verrées.

43. SIMAROUBA.

Simarouba foliis conjugatis fecundum coftam fimplicem, H. R. P. On trouve depuis peu dans les ferres chaudes du Jardin du Roi, & dans quelques ferres d'amateurs, un arbufte affez élevé, auquel on a donné la dénomination que nous venons d'indiquer.

Dans les Mémoires de l'Académie des Sciences; année 1729, on peut confulter fur le Simarouba & fon ufage, une differtation favante & fort inftructive, faite par feu M. Antoine de Juffieu, dont le nom eft fi cher à tous les botaniftes. Suivant cette differtation, il paroît démontré que le Simarouba eft femblable au macer des anciens, connu par Diofcoride. Cette drogue a commencé d'être connue en France dans l'année 1713. M. Antoine de Juffieu ayant obfervé que, dans la grande quantité de dévoiemens dyffentériques occafionnés par les chaleurs exceffives de l'été de 1718, l'ipécacuanha, les purgatifs & les aftringens ordinaires nuifoient plus qu'ils ne réuffiffoient, eut recours au Simarouba, comme au dernier remède, & eut tout lieu de s'en louer. Encouragé par le fuccès, M. de Juffieu engagea l'intendant-général des claffes de la marine, de faire venir du Simarouba de Cayenne, où il eft fort commun, & continua de s'en fervir non-feulement dans les dévoiemens dyffentériques, mais même dans les pertes de fang auxquelles les femmes font fort fujettes.

En 1723, M. Barrere, médecin-botaniste, à fon retour de la Cayenne, donna à M. de Juffieu une cinquantaine de livres de Simarouba. C'eft de l'écorce fur-tout dont on ufe dans le traitement des maladies, quoique le bois rapé ne foit pas abfokument dépourvu de vertu, mais à dofe double.

Deux gros d'écorce de Simarouba, bouillis dans trois demi-fetiers d'eau, réduits à chopine, fuffifent pour trois verrées, dont on prend deux dans

la matinée, à trois heures l'une de l'autre, & la troifième, quatre heures après un léger repas fait avec du riz ou du vermicelle, ou quelque autre farineux. Ce remède étant légèrement amer, on peut y ajouter un peu de canelle.

J'ai obfervé, ainfi que M. de Juffieu, que ce remède réuffiffoit mieux dans les dévoiemens féreux, occafionnés par une grande fonte des humeurs. Il eft ftomachique, apéritif, légèrement purgatif & aftringent. On peut en continuer l'ufage longtemps, & alors on en prend un verre tous les matins. On peut auffi le prendre en fubftance, en poudre ou en bol, à la dofe de douze ou quinze grains, fuivant les circonftances. La manière de s'en fervir dans les pertes des femmes, eft la même que dans les dévoiemens; mais il faut obferver, de même que dans les cas de dyffenterie, qu'il faut qu'il n'y ait ni grande fièvre, ni tenfion douloureufe, ni obftruction dans les vifcères. Ce remède étant tonique & balzamique, occafionneroit de l'irritation. Il fait quelquefois vomir, & il eft bon de ne le donner que lorfque les premières voies ont été évacuées.

44. COLOQUINTE.

1. Colocynthis fructu rotundo major, C. B. 313. Colocynthis I. B. tom. ij. pag. 232; Dod. 665. Cucurbita agreftis Brunf. 2. Colocynthis fructu rotundo minor, C. B. 313. Colocynthis fungofa & lavis Corn. Hift. 118. Cucurbita filveftris fručtu rotundo minor, Cæf. 198.

Les fruits de ces deux efpèces de Coloquinte, font employés indifféremment; ils croiffent dans plufieurs endroits du Levant, d'où on les apporte à Marfeille. Ces fruits font femblables à des pommes dépouillées de leur écorce; elles font légères, blanches, bien féchées, remplies de femences qui s'en féparent aisément, & qu'on rejette comme inutiles; le refte du fruit ou la pulpe eft d'une amer

tume intolérable, & purge avec beaucoup de violence; auffi l'emploie-t-on rarement feule & fans préparation. On la met en poudre, en l'arrofant d'huile d'amandes douces, de peur que la poudre, en s'envolant, n'incommode ceux qui la préparent; on la mêle enfuite avec le mucilage de gomme adragant, pour en former des trochifques, lefquels féchés fe donnent depuis deux grains jufqu'à huit au plus; on les appelle trochifques alhandal. On tire auffi l'extrait de la coloquinte avec l'efprit-devin, qui fe donne depuis trois jufqu'à fix grains. Ce purgatif convient dans les maladies rebelles, comme l'asthme humide, la fciatique, le rhumatifme, l'hydropifie, les vertiges, & les obftructions des vifcéres. Les correctifs de la Coloquinte en infufion font le vinaigre, l'eau-de-vie dans laquelle on a diffous la crême de tartre, ou l'efprit-de-vin tartarifé.

La Coloquinte eft un purgatif fi efficace, que feulement en lavement il agit avec beaucoup de force j'ai vu des perfonnes malades de coliques violentes, occafionnées par des particules minérales de vert-de-gris attachées aux inteftins, & qui venoient d'une fontaine de cuivre rouge mal étamée, dont les douleurs ne cédèrent qu'à des lavemens de Coloquinte donnée à la dofe de quinze, dixhuit grains. On fent bien qu'il ne faut pas fe tromper; car toute autre colique, excepté celle des peintres & des ouvriers qui travaillent fur les métaux, tels que les fondeurs, les plombiers, les broyeurs de couleurs, les paffe-talons, c'eft-à dire les ouvriers qui verniffent les talons des fouliers des femmes, feroit violemment irritée & augmentée par un femblable lavement.

Il faut, autant qu'il eft poffible, s'affurer de la bonté de l'eftomac, quand on veut donner de la Coloquinte par en haut; car fi le malade vomit,

ce qui arrive fouvent, il ne faut en attendre que du mal; fi au contraire ce remède paffe, & agit sur les inteftins & fur les glandes obftruées, on peut être affuré qu'il réuffira. Il est la bafe de l'hiérapicra; remède efficace dans les fièvres intermittentes rebelles, fur-tout dans les fièvres quartes, lorsqu'il eft aidé par le quinquina.

La Coloquinte a donné le nom à l'hiera-diacolocynthidos: elle entre dans la confection hamech, dans les pilules cachectiques de Charas, dans les pilules iliaques de Rhasès, dans les pilules d'euphorbe & de fagapénum de Quercétan, dans celle des deux de la Pharmacopée de Londres, dans l'extrait catholique de Sennert, dans le panchymagogue de Crollius & d'Arthman, dans l'extrait cholagogue & dans l'extrait catholique de Rolfinfius.

45. PIGNONS D'INDE, Ricin, Palme de Christ,

Grains de Tilli.

1. Ricinus vulgaris C. B. 432. Ricinus Tab. ic. 776; I. B. tom. iij. pag. 643. Ricinus Dod. 367. Ricinus five Catapucia major vulgaris Park. Ricinus, five Palma Chrifti vel Kiki Ger. Nambu Guacù five Ricinus Americana Pifon. 180. [RICIN.]

2. Ricinus Americanus major femine nigro, C. B. 432. Ricinoïdes Americana Golfipii folio, Inft. 656. Ricinus Americanus major Curcas diftus, & Faba purgatrix India Occidua, I. B. tom. iij. pag. 643. Munduy Guacù Brafilienfibus, Marcg, 96; Pif. 179. [PIGNONS DE BARBARIE.]

3. Ricinus Indicus arborefcens, grana Tiglia dictus Officin. an Lignum Moluccenfe Lugd. 1864. Pavana incolis Acostæ, Cluf. Exot. 277. Pinus Indica nucleo purgante, C. B. 492. Pinei nuclei Malucani, Lugd. 1874. Acofta Cluf. Exot. 292. [PIGNONS D'INDE.]

Les Pignons d'Inde font des fruits ou des espèces d'amandes qu'on nous apporte des Indes occidentales & de l'Amérique : on en trouve de trois fortes. La première & la plus commune, eft le Ricin ou Palma-Chrifti, qu'on diftingue aifément, parce que fon fruit eft marbré de noir & de blanc : on le

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