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fème dans nos jardins, où on l'élève ordinairement; il purge avec moins de violence que les autres. Les payfans & les fauvages en prennent huit ou dix grains, qui purgent par haut & par bas : c'est un dangereux remède, qui ne convient qu'à des corps robuftes, à moins qu'il ne foit adouci & corrigé par le fel de tartre. On pile huit ou dix de ces grains; on les délaye enfuite avec fix onces d'eau tiède, dans laquelle on a diffous un fcrupule de fel de tartre; on y ajoute deux ou trois gouttes d'huile de canelle ou d'anis: ce remède ainfi préparé, peut être employé avec fuccès dans l'hydropifie.

La feconde forte de Pignons d'Inde, s'appelle Pignons de Barbarie; ils font plus gros, & femblables à des amandes de noisettes, mais noirâtres : trois ou quatre fuffifent pour purger; il faut les préparer comme les précédens. On en peut donner jufqu'à une once en lavement, dans l'eau de graine de lin ou l'eau de fon, pour la colique & pour l'hydropifie. On pourroit, dans un befoin, faire une émulfion purgative, comme nous l'avons décrite ci-deffus; & prendre garde, en la préparant, de les confondre avec les Pignons blancs, qui font les amandes de la pomme de pin; on tomberoit dans l'inconvénient qui arriva à une perfonne qui se mêloit de médecine, laquelle, peu inftruite dans la matière médicale, ordonna, dans une violente colique d'eftomac, une once de Pignons d'Inde dans un bouillon de poulet, en forme d'émulfion : il en auroit coûté la vie à la malade, fi les Pignons d'Inde avoient été communs ; mais heureusement on n'en trouva point dans deux ou trois endroits où on fut en chercher.

La troisième espèce de Pignons d'Inde, ou les grains de Tilli, font moins gros que les Pignons de Barbarie, mais un peu plus que les fruits de

Ricin, dont on les diftingue parce qu'ils ne font point marbrés. Ils font beaucoup plus violens que les précédens, & doivent être regardés comme un poifon, trois ou quatre grains étant capables de purger avec la dernière violence.

Les anciens tiroient des Pignons d'Inde une huile par expreffion, appelée huile de Kerva ou Oleum Cicinum, laquelle purgeoit les férofités en frottant feulement de cette huile l'eftomac & le bas-ventre.

Nous avons grand tort de ne plus employer cette huile dont les anciens fe fervoient à l'extérieur pour purger. Combien ne trouve-t-on pas de cas différens où ce remède feroit fort convenable, & préférable à l'onguent arthanita! Les enfans, par exemple, fi difficiles à prendre ce qu'on leur préfente, & qui bien fouvent n'avalent les drogues qu'on leur ordonne que lorfqu'il n'eft plus en notre pouvoir de les guérir, feroient purgés efficacement avec l'huile de Pignon d'Indes, en embrocation fur la région ombilicale, mêlée avec partie égale d'huile d'amandes douces. Quoi qu'il en foit, lorfqu'on a dépouillé les Pignons d'Inde de cette huile âcre & cauftique qu'on en tire par expreffion, refte une partie qu'il faut laiffer fécher, & qui eft un des meilleurs remèdes que je connoiffe pour les enfans fujets à ces glandes du cou, qui reffemblent fi fort aux écrouelles, & qui fouvent le deviennent par la négligence des parens. Ce remède eft auffi ce qu'il y a de mieux dans la recette de Rotrou pour cette formidable maladie. J'ai donné long-temps deux & trois grains de cette poudre, qui agiffoit comme abforbant, comme fondant & comme purgatif. Les fondans mercuriels perdent l'eftomac, & rarement réuffiffent aux enfans. 46. GOMME-GUTTE.

Succus Laxativus ex flavo rufefcens, C. B. 497. Succus xi qui Ghitta gemaù dicitur Cluf. Exot. 82. Gummi gutta, Gutta

gamba,

gamba, Gutta gomandra, Gummi Pervanum, Ghitta gemaù, Gummi de Peru, Gummi de Gemù, Gutta Cambodia.

C'est une forte de gomme réfineufe, qu'on ap porte des Indes, qui fort par incifion d'une plante épineufe, & charnue comme la jombarbe. Cette plante eft remplie, comme le tithymale, d'un fuc laiteux, lequel épaiffi devient d'un jaune foncé qu'on emploie également pour la médecine & pour la peinture. C'eft un très-violent émétique & pur gatif; il évacue les férofités, & approche, par fon âcreté, de l'euphorbe. On ne l'ordonne guère fans préparation, foit en extrait, foit en magiftère i l'extrait fe fait en diffolvant la Gomme-Gutte dans le vinaigre, l'efprit de foufre ou celui de vitriol, & enfuite l'évaporant en confiftance d'extrait or dinaire le magiftère fe fait en diffolvant cette gomme dans l'efprit-de-vin, verfant enfuite de l'eau commune fur cette folution; une poudre jaune dos rée fe précipite au fond, laquelle féchée s'ordonne comme l'extrait, depuis cinq grains jufqu'à dix ou douze.

La Gomme-Gutte eft un remède qui n'eft pas auffi redoutable que le croient plusieurs médecins, & qu'il ne faut cependant pas donner auffi fréquemment que le prétendent certains charlatans! je l'ai vu fouvent fuivi de fort bons effets. La poudre hydragogue du Codex m'a fouvent réuffi, en ajoutant fur dix-huit grains, trois grains de Gomme-Gutte, pour des hydropifies afcites confirmées. Il est vrai que le foie n'étoit point fchirreux; car, dans le cas où il y auroit forte obftruction, la Gomme-Gutte, à la plus petite dofe, feroit pernicieuse. Je l'ai donnée feule, infufée dans du vin blanc, à la dofe de fix grains. Je l'ai vu employer par une femme de deffus le pont NotreDame, qui ne faifoit point mystère de la GommeGutte, mais de la poudre qu'elle y joignoit,

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paroiffoit que cette poudre étoit un mélange de nitre qu fel de tartre, de fucre & de GommeGutte; & certainement la Gomme-Gutte étoit à la dofe de plus de douze ou quinze grains fur chaque prife. Cette femme en faifoit une felle à tous chevaux, toujours la même dose, fans aucune information; de quelque efpèce d'hydropifie que le malade fût attaqué, tout lui étoit égal auffi ce remède eft tombé dans l'oubli. On doit conclure que la Gomme-Gutte n'eft point à méprifer, & qu'il ne faut pas s'y fier aveuglément.

La Gomme-Gutte entre dans l'extrait catholique de Sennert & de Rolfinfius, dans les pilules hydragogues de Bontius, dans l'électuaire anti-hydragogue de Charas: on prépare auffi des pilules de Gomme-Gutte de la Pharmacopée de Londres.

PLANTES

PURGATIVES

Qui font rapportées dans d'autres Claffes.

HERBE

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ERBE aux puces, Pfyllium. Sa femence est peu purgative par elle-même; elle donne fon nom à l'électuaire de pfyllio, dans lequel elle entre plutôt pour adoucir l'âcreté des autres purgatifs, par fon mucilage, que pour en augmenter la vertu. La dofe de cet électuaire eft de demi- once au plus. Voyez ci-après à la claffe des plantes Rafraîchiffantes.

Violier, Viola. La décoction d'une poignée de fes feuilles ou de fes fleurs dans un demi-fetier d'eau, eft laxative le firop qu'on fait avec fes fleurs, fur-tout lorfqu'il eft nouveau, une once fur fix onces de petit-lait, purge légèrement. La femence à la dose d'une once pilée & délayée avec chopine d'émulfion ordinaire, rend l'émulfion pur

gative on la mêle auffi fouvent dans les émulfions purgatives. Voyez ci-après aux plantes Emollientes.

Mercuriale, Mercurialis. Le fuc de fes feuilles, comme celui de la poirée, du feneçon, de la bouroche & de la buglofe, depuis quatre onces jufqu'à fix, dans un petit bouillon au veau, lâche le ventre, & convient à ceux qui l'ont pareffeux, & qui ne veulent pas s'affujettir à prendre des lavemens. Voyez ci-après la claffe des plantes Emollientes.

Fumeterre, Fumaria. Une poignée des feuilles infufées dans demi-fetier de petit-lait pendant la nuit, & prife le matin à jeun, entretient le ventre libre, & fait couler la bile. Voyez ci-après aux plantes Hépatiques.

Polypode, Polypodium. La racine eft en ufage dans la plupart des infufions purgatives, depuis une once jufqu'à une once & demie en fubftance. Voyez aux plantes Hépatiques.

Epithyme où Cufcute, Epithymum. Deux ou trois pincées de cette plante fe jettent dans les infufions purgatives. Voyez la même claffe des plantes Hépatiques.

Geneft, Genifta. Les fommités des jeunes tiges & les boutons des feuilles, les fleurs & les femences bouillies légérement, une ou deux pincées dans un demi - fetier d'eau, purgent affez bien, même par haut & par bas : les femences ne purgent pas tant que les autres parties. Voyez la claffe des plantes Apéritives.

Pied-de-veau, Arum. La racine sèche en poudre, à une ou deux dragmes en opiat, purge affez bien. Lorfqu'elle eft fraîche elle eft trop acre, à moins qu'on ne la corrige. Voyez ci-après la claffe des Hépatiques.

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