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ficultés; & afin d'inftruire autant qu'il eft de mon devoir ceux qui prendront la peine de me lire, je dirai qu'il eft des cas où il convient, avant tout, de purger un malade presque dans le premier moment qu'il tombe malade, mais que ce cas eft rare, & qu'il eft dangereux de purger mal-à-propos. Auffi l'émétique & les purgatifs actifs ne réuffiffent prefque jamais qu'entre les mains des gens habiles, & c'eft la pierre-de-touche qui décèle les ignorans & les novices.

Ce n'eft pas cependant que les fignes qui indiquent la néceffité ou le danger de purger, manquent au Médecin attentif & circonfpect. La plénitude, le regorgement des humeurs, l'amertume de la bouche, une difpofition évidente au vomiffement, une certaine anxiété, fe font affez fentir à qui n'agit point en courant & fans réflexion. Il eft facile d'appercevoir fi la plénitude eft dans les artères & dans les organes, ou fi elle n'eft que dans les premières voies, l'eftomac & les inteftins. Il eft quelquefois imprudent de retarder une purgation; il est dangereux de la précipiter. Les ignorans croient que tout confifte à faigner & purger : oui fans doute, & très-fouvent; mais de faigner ou purger à propos, rien n'est plus difficile. Tout est aisé à qui ne fait rien, ou à qui eft fort inftruit. L'un ignore le danger; l'autre fait le prévoir & l'éviter. Tout l'art de la mufique confifte dans l'arrangement de fept notes: Rameau en fait des pièces d'une harmonie admirable, & d'autres en font des Ponts - Neufs. Concluons donc qu'il faut de l'ufage & de l'habileté, & revenons à dire un mot de pure généralité fur les purgatifs & leur ufage.

Il faut toujours commencer par les plus doux & aller par degrés aux purgatifs plus actifs. Il faut bien connoître la maladie qu'on veut combattre afin de ne donner un purgatif que dans les momens

de calme, & jamais lorsqu'on craint un redoublement. Quoique fouvent l'on ait tort de refpecter trop fcrupuleufement les jours critiques, & de refter dans l'observation contemplative, ce tort n'eft jamais vis-à-vis des purgatifs, qu'il eft toujours dangereux de donner un jour qui peut être critique. Si, le purgatif donné, le malade a un redoublement, on peut être certain que le purgatif deviendra fatal. J'en ai vu de fort doux, donnés dans un redoublement, & devenir de vrais poifons par les irritations convulfives qu'ils occafionnoient. Un exemple confirmera la vérité de ce que j'avance. Suppofons une fièvre tierce. Que le malade, par imprudence ou par inattention, prenne une médecine une ou deux heures avant l'accès, le friffon s'accélérera, il en fera beaucoup plus long, plus violent, convulfif même; le chaud fera plus fec, plus ardent; la fueur s'éloignera davantage; & peutêtre fera-t-on forcé, outre la diète la plus auftère & la boiffon la plus abondante, de recourir à la faignée qui n'étoit pas néceffaire. Que la même médecine foit prise deux heures après l'accès fini, tout changera de face; le malade fera bien purgé & n'en deviendra que plus fort. Il eft donc important de placer les purgatifs à propos; il l'eft encore d'en marquer les dofes, d'avertir fur les précautions qu'il faut prendre, & fur les accidens qui peuvent arriver, afin de les prévenir : c'eft ce que nous tâcherons d'indiquer en parlant des différens purgatifs, chacun dans leur lieu.

C'eft une erreur de croire qu'il eft des purgatifs qui agiffent plutôt fur une humeur que fur une autre: tout ce qu'on doit dire, c'est qu'il eft des humeurs qui cèdent plus difficilement les unes que les autres. La bile fluide, mobile, active, chaude, telle que celle qui eft fondue par les mouvemens de la fièvre, par l'action des délayans & des purgatifs, passe ordi

nairement la première, & affez promptement. Les humeurs vifqueufes, glaireuses, embarraffées dans les glandes, dans les excrétoires de certains viscères, tels que le foie, le canal cholédoque, le pancréas, les glandes du mésentère, cèdent plus difficilement: il faut alors des purgatifs plus vifs, plus actifs. Suppofons encore que le tempérament eft lent, pefant, froid, fans action; que les fibres font dans l'inertie, dans la ftupeur, dans une efpèce de paralyfie; il faudra graduer les purgatifs, en augmenter la dofe, & proportionner la qualité du purgatif à la nature de la maladie. Ainfi dans une colique de peintre, où il faut donner de grandes fecouffes, on donnera de la coloquinte en lavement, on confeillera de fortes dofes d'émétique; ce qu'on ne feroit certainement pas s'il y avoit de la fièvre, de l'inflammation & des fymptômes d'irritation. Ceci doit fervir pour règle de conduite dans les autres cas, afin de ne jamais augmenter les maux, au lieu de les foulager & de les guérir.

Je ne diftingue point dans cette Claffe les plantes Emétiques des Purgatives, parce que les unes & les autres font quelquefois le même effet, felon la qualité des humeurs & la difpofition de l'eftomac des malades; je défignerai feulement celles qui font plus ordinairement vomir, en marquant leur dofe & la manière de les employer. Je commencerai cette Claffe par les Purgatifs les plus doux; je parlerai enfuite de ceux qui agiffent avec plus de violence, & dont l'administration demande plus de circonfpection.

1. CARTHAME, Safran batard ou d'Allemagne, Graine de Perroquet.

Carthamus, five Cnicus I. B. tom. iij. pag. 79; Raii. Hift. 320. Cnicus fativus five Carthamum Officin. Č. B. 327. Cnicus vulgaris, Cluf. Hift. CLII. Crocus filveftris, Anguil.

Les fleurs & les femences de cette plante font en

ufage comme laxatives & apéritives: les fleurs entrent dans les ragoûts, qu'elles teignent d'une couleur fafranée; mais elles fervent plus ordinairement aux teintures rouges. Ces fleurs paffent pour être utiles dans la jauniffe; leur dofe eft d'une demidragme en poudre ou en infufion. On les fubftitue au Safran ordinaire à double dose, auquel elles font beaucoup inférieures pour la vertu.

La femence du Carthame purge affez foiblement; on l'ordonne affez rarement feule, à caufe de fa vifcofité, qui la fait agir avec lenteur : fon usage le plus commun eft dans les tablettes Diacarthami, auxquelles elle a donné le nom, & dont la qualité purgative doit être attribuée au Turbith & à la Scammonée qui entrent dans leur compofition. La dofe de ces tablettes eft une demi-once ou fix gros; on les donne rarement feules, & plus communément avec d'autres purgatifs. Ces tablettes font Hydragogues, c'eft-à-dire qu'elles purgent les eaux, & conviennent par conféquent dans les bouffiffures, & dans cette espèce d'hydropifie qu'on appelle anafarque.

M. Ray affure que la femence de Carthame, pilée & bouillie avec la décoction de Pois chiches & la viande, purge les eaux par haut & par bas, qu'elle chaffe les vents & foulage les douleurs de la colique; mais il la faut corriger avec l'Anis, la Canelle, ou quelque autre Aromate. La dofe eft, pour chaque bouillon, de demi-once; on pourroit s'en fervir auffi en émulfion.

Outre les tablettes Diacarthami, auxquelles cette femence a donné fon nom, elle entre encore dans le Catholicon fimple de Fernel.

2. PRUNIER, petit Damas noir.

Pruna parva dulcia atro-cærulea C. B. 443. Prunus fructu parvo, dulci, atro-cæruleo, Inft. 622. Pruna Damafcena noftratia, Bellon. Officin.

Cette espèce de Prunes étant la plus douce, eft,

par cette raison, préférée pour l'Electuaire Diaprun fimple, dans lequel entrent plufieurs autres purgatifs, & différens ingrédiens. Les autres espèces de Prunes, qui font plus aigres, incommodent les perfonnes qui ont la poitrine délicate; mais celles de Damas noires font pectorales, adouciffantes & laxatives. La dofe du Diaprun fimple eft d'une once, & même plus. Pour faire le Diaprun compofé, on ajoute la Scammonée : la dofe de celui-ci eft de fix gros au plus, & de demi-once ordinairement. La décoction d'une demi-livre de Pruneaux fert fouvent de bafe aux infufions purgatives, furtout pour les enfans. Les Prunes entrent dans le firop de Fumeterre de Méfué, dans celui d'Epithym, dans le lénitif & dans la confection Hamech.

3. PRUNELLIER, Prunier fauvage.

Prunus filveftris C. B. 444; I. B. tom. j, pag. 193. Acacia germanica Officin.

Les Prunelles bien mûres font laxatives; on les emploie néanmoins pour refferrer dans les cours de ventre & dans la dyffenterie: mais alors on n'attend pas leur parfaite maturité; on en tire le fuc par expreffion, & on le fait épaiffir en extrait, qu'on fubftitue au véritable Acacia d'Egypte. Sa dofe eft d'une dragme au plus; on l'emploie auffi de même à la place du Lycium des anciens. Les fleurs du Prunier fauvage, ou plutôt leur eau diftillée, après deux jours de macération dans le vin, eft un fudorifique, que j'ai fouvent éprouvé avec fuccès dans la pleuréfie: la dofe eft de quatre à fix onces. Ces fleurs font laxatives; & le firop qu'on en fait, après plufieurs infufions réitérées, approche de la vertu du firop de Rofes: fa dofe eft d'une once, mêlé avec les autres purgatifs.

On fait en Allemagne un vin avec les Prunelles, lorfqu'elles font mûres : ce vin n'eft pas à mépriser

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