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bien fouvent dépend des circonstances, de la difpofition des humeurs, de la nature du tempérament, & plus encore de l'habileté du médecin.

Cette partie du Traité des Plantes, je veux dire les vulnéraires, pouvant induire en erreur, étoit fufceptible d'un nouvel arrangement. Je l'ai fenti: mais je ne l'ai point fait, & je m'en tiendrai feulement fur cet article à quelques réfléxions générales qui ferviront comme de précaution dans l'ufage de ces fortes de remèdes.

Premièrement, & fans entrer dans la queftion de favoir quelles font les Plantes qui font véritablement aftringentes ou incraffantes, celles qui font plutôt apéritives qu'aftringentes, difons que dans la pratique, rien n'eft plus dangereux que d'employer des aftringens. Les cas où le vulgaire croit les aftringens néceffaires, font en général les hémorragies, les crachemens de fang, les gonorrhées, les pertes de fang, les fleurs-blanches, les hémorroïdes, les dévoiemens, quelques fueurs locales des pieds ou des aiffelles, &c.

Ces cas très-fréquens exigent une grande fagacité & beaucoup d'expérience. Ce n'eft pas alors que fuffifent les remèdes généraux, la faignée, la diète, la purgation, routine d'habitude qui dans les mains de tout ce qui fe mêle de médecine fuffit fouvent & réuffit, fait illufion par conféquent, & perfuade qu'on mérite une confiance fans bornes.

Combien de fois n'avons-nous pas vu des phthifies qui n'avoient d'autres caufes qu'une évacuation excitée à propos par la nature, & troublée ou fupprimée par l'empirisme & l'ignorance; des hémorragies du nez arrêtées à des jeunes gens occafionner des polypes ou le fcorbut; des crachemens de fang, des fueurs, des pertes de fang trop promptement guéries, engorger les poumons, procurer des tubercules & le marafme; la maladie vénérienne multipliée par des injections vulnéraires & aftringentes, ou par des baumes trop tôt prefcrits; des filles & des femmes pleines d'obftructions, ne digérant plus, ayant des

menaces d'ulcère, parce qu'on avoit voulu traiter certaines évacuations par des aftringens, que les feuls apéritifs auroient guéries; des fiftules, la gravelle, la jauniffe, le skirrhe au foie, l'hydropifie, furvenues promptement après la fuppreffion des hémorroïdes par des lotions vulnéraires? Enfin, nous fommes forcés de le dire, quelque nombreuses que foient les maladies fous le poids defquelles l'humanité gémit, celles qu'ont fait naître l'ignorance, la charlatanerie, l'empirisme, les élixirs accrédités, les poudres, les prétendus fecrets, tous les remèdes prônés à prix d'argent, donnés imprudemment & fans connoiffance, font en bien plus grand nombre & plus difficiles à guérir.

C'est pourquoi nous ne nous lafferons pas d'avertir qu'il faut s'en rapporter aux perfonnes de l'art dans les occafions graves, & qu'il ne faut prendre aucun remède, même de précaution, fans avoir mûrement examiné toutes les circonftances. Ce feroit bien mal-à-propos qu'on diroit, mais ce font des fimples dont nous ufons; & quel mal peuvent faire des fimples, des plantes qui croiffent fous nos pas, dans nos champs, cultivées des mains même de la Nature? Il en eft beaucoup plus qu'on ne penfe, qui, toutes fimples qu'elles paroiffent au premier coup d'œil, ne le font point du tout dans la pratique. L'herbe à pauvre homme, le cabaret, l'hellébore, le concombre fauvage, les tithymales, les pignons d'inde, le lauréola, &c. parmi les purgatifs, peuvent occafionner une mort précipitée à quiconque en uferoit mal-à-propos. Le fafran, la fauge, la racine de contrayerva, la gomme ammoniac, le fagapenum, l'affa-foetida & les cordiaux procurent des maux de gorge, des efquinancies, des crachemens de fang, fi celui qui en ufe eft d'un tempérament fec & fanguin. Le quinquina, la camomille, le cochléaria, la renoncule des prés, la grande confoude, les émulfions, une tête de pavot, tous ces remèdes font fimples & très-fimples; cependant, donnés fans connoiffance & fans examen, ils peuvent agraver les maladies. Ainfi nous ne parlerons point fur toutes ces différentes drogues, fans marquer la

dofe du remède, les cas où il convient & ne conviene pas, les précautions qu'il faut employer avant d'en ufer.

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Mais peut-être les Médecins nous.reprocheront-ils d'avoir mis en langue vulgaire des formules de médicamens qui felon quelques-uns d'eux ne devroient point fortir des livres feuls deftinés aux médecins; ils nous diront que tous les livres de médecine, écrits en françois, ne font que multiplier les charlatans & les empiriques; que souvent même les jeunes médecins, fans chercher dans les fources, fe meublent la tête tant bien que mal de petites compilations de recettes avec lesquelles ils fe croient fort favans. On me fera encore beaucoup d'autres objections, je m'y attends on n'eft point au goût de tout le monde, A cela je répondrai que je n'ai fait que fuivre les traces de mon père qui fe croyoit redevable au public des lumières & de l'expérience qu'il avoit acquifes; je dirai encore que les médecins les plus renommés, Hippocrate, Celfe, lien, ont écrit dans leur langue maternelle. D'ailleurs, quand on multiplieroit les livres & les inftructions, la médecine n'est pas une fcience qui s'apprenne fi facilement. Elle ne confifte point dans des recettes ni dans des formules de remèdes. Un ignorant s'égare avec les meilleurs. Un habile médecin fait dans l'occafion tirer les plus grands fecours des plus violens poifons. On l'a dit cent fois, ce ne font pas les remèdes qui nous manquent, mais l'art difficile de les mettre en ufage. Que les médecins s'appliquent moins à briguer & à cabaler auprès des grands & des gens du bel air pour fe faire un nom, qu'à le mériter par l'eftime de leurs confrères, par beaucoup d'étude dans les livres des anciens, par leur appli, cation auprès des malades, dans les hôpitaux & chez les pauvres où la maladie fe montre à découvert, & ne fe mafque pas ainfi que chez les grands; tôt ou tard le public faura les diftinguer, les apprécier & leur donner Feftime & la confiance qu'ils mériteront.

Quelques botanistes zélés ne voudroient pas qu'on ap prît aux étudians à connoître les Plantes ufuelles, en les

féparant de celles qui ne le font pas, & qui font élevées indiftinctement dans les jardins destinés à leur culture. Ils craignent de voir abandonner l'étude générale & en grand de la botanique. Ils prétendent même que l'ordre des claffes fuffit à un médecin praticien, que les vertus fuivant à peu près les différens genres & les différentes familles : les labiées, difent-ils, font cordiales; les umbellifères, vulnéraires & apéritives; les crucifères, antifcorbutiques, &c. Ces prétentions font-elles bien fondées? Nous le défirerions fort. Mais qu'on parcoure les claffes de M. Tournefort, & on trouvera dans la claffe des Plantes à fleur en cloche, l'alléluia fuivre immédiatement l'épurge & l'éfule; le potyron & le melon d'eau entre le concombre fauvage & la coloquinthe; dans la claffe des Plantes à fleur d'une feule pièce, on verra la pervenche & la petite centaurée aller de paire avec le tabac, la jufquiame, & le ftramonium; dans la claffe des Plantes à fleur en mafque, la gratiole à côté de la fcrophulaire & de la bétoine; dans la claffe des Plantes à fleur en croix, la moutarde précéder l'éryfimum, & dans celle des Plantes à fleur en rofe, la rue confondue avec le nénufar, & l'afperge avec le phytolaca. On voit auffi dans la claffe des Plantes umbellifères, le cerfeuil à côté de la ciguë. Enfin dans la claffe des Plantes à fleur à étamines, on trouve encore affociés le ca baret & la poirée, l'ofeille & la rhubarbe, le pignon d'inde avec le maïs. Il est donc abfolument néceffaire que les étudians faffent leur étude particulière des Plantes ufuelles, comme d'une étude qui tient à la pratique, & des claffes e ngénéral pour la théorie des Plantes, abftraction faite de toute idée de pratique.

On vient de donner en faveur des étudians, une Introduction à la connoiffance des Plantes, volume in-12, imprimé à Avignon, & qui fe trouve à Paris chez Lottin', dans lequel l'Auteur, en prétendant fuivre l'exemple de MM. Herman & Cartheufer, diftribue & refferre toutes les Plantes d'ufage en fix claffes, fuivant l'intenfité plus ou moins grande des faveurs, odeurs, &c. La première

contient les Plantes d'une faveur douce, mucilagineufe, aqueufe. L'odeur quelconque, agréable ou non agréable, fait la deuxième. La faveur amère fait la troifième. L'âcre fait la quatrième. L'acide, l'auftère ou l'aftringente fait la cinquième, Enfin la fubftance gommeufe, refineufe ou faline fait la fixième & dernière claffe.

Pour prouver qu'il n'y a point de méthode auffi fautive que celle-ci, il ne faut que parcourir rapidement ces fix différentes claffes, fujettes encore à de plus grands incon véniens dans la pratique, que ne font le fyftême des vingt-deux claffes de M. Tournefort, & celui des analyfes chimiques.

En effet dans la première claffe, entre les mauves, le bouillon-blanc, la régliffe & les autres Plantes d'une faveur douce & mucilagineufe, à côté de l'amandier à fruit doux, on trouve l'amandier amer, & on en confeille l'huilə comme adouciffante dans les affections des reins. Au deffous de l'épinard on met les différens chenopodium, botrys, piment, arroche puante, qui font aromatiques, fétides, d'une odeur âcre & forte, hystériques, céphaliques, &c. & fort peu adouciffantes, puifqu'elles font au contraire atténuantes, incifives, &c. La mercuriale à côté du mûrier & du framboifier, la jufquiame narcotique & ftupéfiante dans la même claffe des adouciffantes, ainfi que le pavot & le pas-d'âne. La couronne impériale, dont la racine eft âcre & mordicante, d'un ufage dangereux, à côté du lis qui véritablement eft émollient & adouciffant. Enfin, après la laitue, le figuier, l'abricotier, l'orge, &c. &c. &c. &c. le melon, le fucre, les dattes, les jujubes, la gomme adragant, toutes Plantes douces, on trouve la farcocolle qui eft aftringente & déterfive, & par conféquent âcre & piquante, les hermodattes & la manne, qui, comme tout le monde fait, font des purgatifs qui portent dans l'eftomac une chaleur ardente, & qui par conféquent ne laiffent pas de foupçon fur leur peu de douceur mucilagineuse.

Rien n'eft plus fingulier que de trouver tout à-la-fois

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