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CHAPITRE I.

N

Des Arabes en general.

Ous appellons ordinairement Arabes, ceux qui habitent les Regions que nos Geographes ont comprises fous le nom des trois Arabies; ces Regions ont changé de nom, auffi-bien que de

Souverains; & comme elles font aujourd'hui fous la domination des Mahometans, les Orientaux en font plufieurs Provinces, aufquelles ils ont donné le nom des principales villes qui s'y trouvent.

On pourroit encore appeller Arabes tous les peuples qui parlent la langue Arabique, mais ce feroit leur donner trop d'étenduë; ces Peuples ne prennent point d'autre nom que celui de leur origine dans les païs qu'ils habitent, lorfqu'il y en a de plufieurs fortes, comme des Syriens, Maronites, Caldéens, &

autres Nations Chrétiennes ; il y a auffi desa Drufes & des Maures, qui font Mahometans, parmi lefquels il y a encore plufieurs Sectes differentes, dont quelques-unes font tenuës pour heretiques parmi

eux.

Il fuffira pour nôtre sujet de diftinguer les Arabes dont nous devons parler, d'avec les Maures, qui habitent les Arabies, & qui profelfent la même Religion. Ces derniers demeurent dans les villes, ils cultivent la terre, exercent le commerce, & font toutes fortes de metiers; ils font Sujets b du Grand a Les Drufes ne font pas Mahometans ; leur Religion a été jufqu'à prefent un myftere pref que impénetrable. On en apprendra quelque chofe, & on fera inftruit de leur Origine & de leur Hiftoire par le beau Manufcrit Arabe apporté depuis peu par Abdalhah Medecin de Damas, que le Roy a bien voulu acheter pour fa Bibliotheque, & que M. de la Croix a traduit en François. Les Drufes habitent les Montagnes de l'Antiliban ; ils font plus feroces & plus fau vages que les Arabes du defert.

b Les Arabes, ou Maures, qui habitent les Arabies ne font point Sujets du Grand Seigneur. Cela eft expliqué dans mon Voïage de l'Arabie heureufe.

Seigneur, à qui ils païent de grandes contributions, & ne peuvent parvenir à aucune dignité dans le gouvernement de l'Etat. Les Arabes au contraire demeurent toûjours à la campagne fous leurs tentes, ils n'obéïffent point au Grand Seigneur, ue reconnoiffent, ni ne craignent aucun Prince des lieux où ils demenrent, vivent dans les deferts, & nefe foumettent qu'aux Emirs leurs Princes naturels, ou à leurs Cheikhs, qui font d'autres Seigneurs fubalternes.

La fuite de ce Chapitre, & ce que l'on verra dans les autres, fera connoître tout ce qui poura contribuer à la fatisfaction du Lecteur, & à effacer les fauffes idées qu'on nous donne de ces Arabes, parce que les voïageurs ne s'apperçoivent que des voleries qu'ils font fur les grands chemins, & ne nous les montrent dans leurs Relations que par le méchant endroit, n'ofant pas s'avanturer à la recherche de ce qu'ils ont de bon & de louable, ni

à demeurer affés long-tems parmi des gens, dont on se défie toûjours, & dont ils ne fçavent ni la langue,

ni les coûtumes.

Les Arabes font comme les autres hommes, ils ont leurs bonnes & leurs mauvaises qualités; on le comprendra aifément, pour peu qu'on veuille fe détacher de l'amour propre, & de l'eftime dont chaque nation particuliere est naturellement prévenue en fa faveur, pour rendre quelque juftice à leurs fentimens, & à des manieres qui femblent être directement oppofées à celles des Européens. Ces Arabes s'appellent Bedouins, du moɛ Bedouy, a qui fignifie champêtre en leur langue, ou habitans du Desert; ce nom convient parfaitement à leur état, à leur profeffion, & à leur b origine, qu'ils prétendent ti

a Badiat en Arabe fignifie un defert, une folitude champêtre, d'où eft formé le nom de Badavi, Bedouy, & Bedevi, habitant du defert, &c.

b Les Arabes en general ont deux origines : ils

rer

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