Ecoutez de quel ton l'Avarice importune: Court ofrir à vos fens l'apât de la fortune Tranquile en votre lit elle va vous trouver. Léve-toi, Non. Tu dors, mais il faut te lever, Laisse-moi. Léve-toi, te dis-je, non de grace, Léve-toi donc, Hé bien! que faut-il que je faffe? Va dans l'Inde charger & le poivre & le clou, Troque le fer François contre l'or du Perou, Achéte, embarque, échange en fucres d'Amerique . Des Négres comercés fur les côtes d'Afrique, Qu'aucun autre ne foit plus vigilant que toi, Que mile faux fermens garantissent ta foi ? Moi jurer fauffement! & le ciel... hé pécore ! Timide gueux, tu crains, es-tu fi fimple encore 2 Laiffe là Jupiter, ne fonge qu'à ton gain, Ou jufqu'à ton trépas mange fur ton eftain, Refolu de courir où le gain vous apelle, Vous avez retenu place pour la Rochelle, A partir pour le Cap trois Vaiffeaux y font prêts, Vos fonds font amaffez, tous vos balots font faits, De la Ligne déja vous fongez au paffage, Lorfque la volupté pour rompre ce voyage Vient vous faire fentir dans fes airs nonchalans a Des traits tout-à-la-fois plus doux, plus violens,. K Quo deinde infane ruis? Qua? Quid tibi vis? Calido fub pectore mafcula bilis Intumuit, quam non extinxerit urna cicuta. Tun' mare tranfilias? Tibi torta cannabe fulto. Cœna fit in tranftro, Vejentanumque rubellum Exhalet vapida lafum pice feffilis obba? Quid petis? Ut nummi, quos hic quincunce modefto Nutrieras, pergant avidos fudare deunces ? Indulge genio, carpamus dulcia, nostrum est Quod vivis : cinis & manes & fabula fies : Vive memor leti: fugit hora: hoc quod loquor, inde est, En quid agis? Duplici in diverfum fcinderis hamo: Hunccine, an hunc fequeris? Subeas alternus oportet Ancipiti obfequio Dominos, alternus oberres, Infenfé, que fais-tu ? Quelle eft donc ton idée ? Qu'une cendre, qu'une ombre, & qu'un vain entretien, Nec tu, cum obstiteris femel, instantique negaris Parere imperio, Rupi jam vincula dicas. Nam & luctata canis nodum abripit: attamen illi Cum fugit, à collo trahitur pars longa catena, Dave, cito, hoc credas jubeo, finire dolores Prateritos meditor: ( crudum Chareftratus unguem Abrodens ait hac) an ficcis dedecus obstem Cognatis? An rem patriam rumore finistro Limen ad obfcænum frangam, dum Chryfidis udas Ebrius ante fores extincta cum fare canto ? Euge puer, fapias, diis depellentibus agnam Peut-être que d'abord combatant leur puissance`, L'on vous verra tenter un peu de refistance ; Un dogue furieux qu'on a mis à l'atache, Aprés de longs éforts rompt le noeud, & s'arache: Il court, mais au moment qu'il échape & qu'il fuit, Il traîne avec le cou fa chaîne qui le fuit. Ecoutez cet amant qu'une flamme indiscréte A jeté dans les fers d'une avare coquéte, Qui dans un bon moment de ses maux refléchit, Et ne conçoit pourtant qu'un impuiffant dépit. La Fleur. De mon amour, je t'ai fait confidence, Mais croi moi, c'en eft fait, je voi mon imprudence, Dit-il à fon laquais. Je renonce à Ninon, Ce lâche atachement deshonore mon nom, J'en rougis en fecret, j'irite ma famille, C'est un goufre pour moi que cette avare fille, J'y mange tout mon bien, tous les jours grans repas, Musique, promenade, Opera, quel fracas ! Quand fouvent aveuglé du feu qui me transporte, Je vais en plein minuit chanter ivre à sa porte, Oui, je romps tout de bon pour ne la voir jamais, Le bon Dieu foit béni, lui répond fon laquais." |