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Comte de Monterey, qui en étoit pour lors Gouverneur mais que pour de l'argent, il étoit impoffible de m'en donner; je lui repondis, que fi cela étoit ainfi; je ne pouvois me contenter du refte. Je crus donc après que ces autres Meffieurs m'eurent confirmé la même chofe, devoir bien remercier M. le Comte de Pigneranda, en lui remontrant que ce que l'on m'offroit étoit peu à l'égard de la dette, & que comme je le croyois auteur du changement qui étoit arrivé, je le fupliois d'y ajoûter, pour quelque fatisfaction de M. le Prince, qu'on me donnât aumoins cinquante mille pistoles; il me dit qu'il ne croyoit pas que cela se pût faire, mais que pour ce qui regardoit l'argent comptant, je ne devois en efperer que de la faciliré que je pourrois trouver avec

Dom Martin de Los-Rios Prefident des Finances, & M. le Marquis de Caftel Rodrigues me confeilla de porter toutes mes veûes de ce côté-là, m'affurant que l'amitié que j'avois fait avec M. le Comte Eznard Nuguez fon neveu, ne m'y feroit pas inutile. En effet parce chemin je trouvai le moyen d'avoir trente mille piftoles d'ar. gent comptant, M. l'Ambaffadeur me dit qu'il falloit s'en contenter. Je ne parlai plus que d'une prompte expedition & ne fongeai qu'a convenir de ce qu'on vouloit me donner en Flandres.Il fut arrêté qu'on don neroit à M. le Prince le Comté de Charolois pour cinquante mille écus & deux cent cinquante milles livres fur les bois de Nieppes, qu'on lui donneroit la Prevôté de Binche, dont on feroit l'évaluation fur le pied du

revenu

revenu audenier trente,que pour cet effet on envoyeroit des or dres à M. le Comte de Monterey. Ayant parû content, cela m'attira beaucoup de vifites & fi j'ofe dire, des amitiez de tous ceux avec qui j'avois eu l'honneur de faire connoiffance; mais plufieurs doutoientencore qu'on pût me donner de l'argent. Lorfque j'eûs commencé d'en toucher, ne doutant plus qu'on ne me fatisfit entiérement, je fongeai à faire mes adieux & mes remercimens à tous ces Meffieurs de la Junte. Pendant ce temps-là j'achevai de recevoir mes trente mille piftoles, ce qui donna une grande joie à mes camarades, qui avoient crû ne pouvoir jamais fortir de Madrid.

La feule peine qui me reftoit, étoit de quitter M. l'Ambafla. deur de qui j'avois reçu tant de

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marques d'amitié & de bonst confeils dans mes affaires. Il avoit autant d'efprit qu'on en peut avoir, agreable dans le commerce, & fort liberal. Je donnai le carroffe que j'avois amené à un ami de M. le Duc de Veragas, & une fort belle: montre d'or à celui que la Reine avoit chargé de m'amener un très-beau cheval de fa part. Je me mis en chemin avec M. let Marquis d'Eftrées, qui étoit ve-. nu de la part du Roy faire com pliment à Sa Majefté Catholi que, dans un carroffe que nous prêta M. l'Ambaffadeur, & nous prîmes la route de Pampe lune, ayant preferé de prendre notre chemin de ce côté, dans l'intention d'en reconnoître le terrain & le pays, qui me pa rut plus beau que la route de Victoria, & les cabarets un peu mieux fournis.; mais on ne fçau

roit exprimer combien les che mins font mauvais & affreux pour venir de Pampelune à Bayonne, où je trouvai une chaife roulante, qui me mena jufqu'à Paris.

Quelque temps après mon re tour, M.de Louvois m'ayant témoigné qu'il feroit bien aife que je lui fiffe part de mes penfées fur le Royaume d'Efpagne, je lui Facontai que j'étois revenu de Madrid par la Navarre, avec intention de connoître le pays. de ce côté-là, & que depuis Ma drid jufqu'à Pampelune il n'y avoit aucune Ville fermée, ni au cune riviére à paffer jufqu'à cet le d'Ebre; que le Pays qui étoie entre cette riviére & Pampelune étant d'environ quinze ou feize lieues, les Villages auffi près les uns des autres, qu'ils peuvent être aux environs de Paris, & la terre fi peu fertile, que Pan

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