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Toujours bien des difcours, & toujours peu de fruit;

Encore fi ceux-ci n'avaient que le langage, Que les déhors fardés, dont la Cour fait ufage;

Mais vouloir pouffer l'art, jufqu'au point de trahir

Ceux qu'avec plus de zele on femblerait fer

vir,

De tout vice, à mon fens, c'eft le plus dételtable >

Et je croirais garder un filence coupable,
Si je ne découvrais au Marquis, aujourd'hui,
Les indignes complots que l'on fait contre lui.

La Marquife fe promet d'être mieux inftruite de ces mêmes complots par le retour de Marton, fa fidele fuivante. Cette Marton vient habillée en Dame, elle demande à fa Maîtreffe quel doit être l'objet de fon travertiffement ; la Marquife lui répond qu'elle en fera bientot inftruite, & lui demande compte de la commiffion dont elle l'a chargée auprès d'Oronte. Marton le lui rend par cette lettre d'Oronte même.

Marquife, vos foupçons ne font que trop certains;

Le Chevalier & la Comteffe

M'ont découvert leurs coupables deffeins;
Jugez fi ma délicateffe

A pu fouffrir la proposition,

Que contre le Marquis ces bons amis m'ont faite,

De quitter ma retraite,

Et pourfuivre avec eux fon interdiction.

J'ai cru devoir, autant qu'il m'a paru possible, Pour n'être point suspect,

Cacher par mon filence & mon air circonfpect,

A de tels procédés combien j'étais fenfible;
Agiffez donc; fuivez votre cœur généreux
S'il eft befoin, je vous feconde,

Je ne renonce point au monde,
Pour le fecours des malheureux.

La Marquife fe difpofe à tirer le Mar quis des piéges que le Chevalier & la Comteffe lui tendent. Pour s'en prévaloir, elle dit à Marton de la fecond r dans une fi noble entreprife; elle fait entendre que le Marquis lui avait été deftiné autrefois pour époux; qu'elle l'a toujours eftimé, quoiqu'il n'ait pas trop pris foin de s'en rendre digne; qu'ellen'oubliera rien pour le faire changer; elle ajoute, parlant toujours à Marton:

Je veux dans tout ceci, que tu me fois utiles Obliger le Marquis, & fous un autre nom. Depuis huit jours au plus que tu me fers, Marton,

On ne te connait point; j'ai donc fur toi la

vue,

Pour jouer près de lui le rôle d'inconnue;
Voilà le vrai motif de ton déguisement,
Je remets à t'inftruire après plus amplement.

Elle fait defcendre Marton dans le Jardin, voyant venir Merlin, confident du Marquis. La Marquife flatte Merlin, de maniere à lui faire croire qu'elle eft amoureufe de lui. Merlin fe trouvant au deffus de fon état de Valet, & voulant faire accroire à la Marquife qu'il n'eft pas ce qu'il paraît à fes yeux, lui dit d'un air de fatuité.

Ah! Madame, il en eft que le malheur expofe

A l'affront d'un état indigne, au-dessous d'eux... Mais, non; le vice feul doit nous rendre hon

teux.

La Marquife fe retire, & prie Merlin de prévenir fon Maître en fa faveur. Le Marquis querelle Merlin, & lui fait fentir tout le poids de fa mauvaise

humeur; Merlin le radoucit d'abord, en lui apprenant qu'un de fes Fermiers vient d'apporter un gros fac d'argent à fon Intendant; le Marquis en eft tranfporté de joie, & dit à Merlin d'aller chercher le Chevalier.

La Marquife vient se préfenter au Marquis, qu'elle trouve chantant quelques fragmens d'Opéra. Elle l'avertit des piéges qu'on lui dreffe & lui promet des fecours effectifs. Le Marquis ne fe refuse pas aux fecours qu'elle lui offre, mais il lui dit qu'elle eft mal inftruite fur la défiance qu'elle prétend lui donner au fujet de la Comteffe & du Chevalier; il lui apprend que fon Intendant lui doit apporter une groffe fomme, & que c'eft ce qui le met de fi bonne humeur. La Marquife lui infpire la même défiance fur fon Intendant, qui confpire contre lui avec fes ennemis; il n'en veut rien croire, & la Marquife ne lui fait pas moins espérer de le fervir efficacement.

La Marquife étant fortie, le Marquis lui rend juftice en ces termes, tant pour le paffé, que pour le préfent & pour l'a

venir.

Au fond, la Marquise est aimable;

Elle eft folide amie, & franche & ferviable, Et je ne puis la voir fans quelque émotion>

&c.

M. Bertrand Intendant du Marquis, vient à lui chargé de papiers, qu'il lui fait figner aveuglément, parce qu'il lui en doit revenir de l'argent, à ce qu'il lui fait entendre. Ces papiers qu'il lui fait figner, doivent fervir au Chevalier & à la Comteffe, à faire interdire le Marquis. Cet Intendant, qui eft d'intelligence avec les faux amis du Marquis, le quitte après lui avoir promis de lui faire prêter de l'argent par un Ufurier, avec qui il partage le fruit de cette ufure.

La Comteffe & le Chevalier difparaiffent enfuite aux yeux du Marquis, & il apprend avec furprife qu'ils fe font mariés à fon infçu, & qu'ils n'ont rien oublié le faire interdire & pour pour achever de le ruiner: c'eft la Marquife qui inftruit le Marquis de toutes ces perfidies; quoiqu'elle lui faffe toucher au doigt toutes les circonftances de la plus noire des trahifons, il en eft fi peu ému, que voici toute la réponse qu'elle

en tire:

Un Intendant me vole!

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