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cultivent la terre, & en recueillent les fruits; c'est ce qu'ils appellent Rabaya ou les Sujets de ce Prince: ils vivent doucement fous fa domination, en païant quelque chofe au Cheikh, que l'Emir commet a. chaque village pour recevoir fes droits & fes revenus ; ils font grands ou petits felon que la recolte des grains eft bonne ou mauvaise.

Les revenus de ce Prince ne font pas confiderables: tout ce qu'il retire des villages & de fes Doüannes, ne fçauroit monter à plus de cent mille écus tous les ans ; il eft vrai auffi qu'il ne fait prefque point de dépense; il ne donne aucune folde à fes troupes. Le bled & la viande ne lui coûtent rien ; il nourrit prefque toutes les familles de fon camp de ce qui fort de fa cuisine : les Officiers qu'il emploïe ont leurs droits reglés. Il y a tres peu d'Arabes qui n'ait des troupeaux,&qui ne faffe quelque trafic de son bêtail : ainfi ils ne manquent de rien dans une condition qui nous paroîtroit

miferable, autant qu'ils la trouvent douce, & pleine de tranquillité. La principale richeffe de ces Emirs ne confifte qu'en chevaux, en chameaux, en bœufs, en moutons, en chevres, & en grains. Ils en troquent fur les ports de mer contre du café, du ris, des légumes, des toiles, du drap, & d'autres chofes qu'ils n'ont pas chés eux; & outre ce qui leur en faut pour leur fubfiftance; ils en vendent encore, dont ils gardent l'argent dans leurs coffres, jufqu'à ce qu'ils aïent occafion de l'emploïer utilement. Ils changent en or tout l'argent monnoïé qu'ils ont de refte, le tiennent caché dans leurs tentes ; ils en accumulent tant peu à peu, qu'infenfiblement ils trouvent chés eux des fommes confiderables, lorfqu'ils ne veulent pas les emploïer en bêtail, qui eft leur grand fonds, & le plus folide.

L'Emir Turabeye profeffe la Religion Mahometane de bonne foi, & fans l'approfondir beaucoup;

fes

il n'y a chés lui ni Mosquée, ni aucun Miniftre de cette Loi, & l'on fait la priere dans les tentes ou dehors; chacun des Emirs a un Secretaire qui écrit fes dépêches & commandemens, & quelquefois ils en ont deux qui leur fervent auffi de Ministre, où d'Imam, quand ils veulent prier Dieu en commun; ce qui n'arrive gueres que les Vendredis, & les jours du Ramadan, qui eft le mois destiné à leur Jeûne.

L'Emir juge fouverainement de tous les differens qui naiffent parmi fes Sujets, & entre les autres Emirs de fa famille. Il arrive rarement qu'ils puniffent de peine capitale. La plus ordinaire eft la pécuniaire, quand le cas le mérite; comme nous le dirons ailleurs.

L'Emir Turabeye n'a aucune maifon dans le Mont Carmel, fi ce n'eft un beau Palais, bâti autrefois par l'Emir a Fekhreddin, Prince

a L'Emir Fekhreddin, Prince des Drufes, antrefois Souverain fur le Liban, & Maître de la Syrie maritime, grand Protecteur des Chré

:

des Drufes, qui y avoit regné quelquetemps, où il pourroit être logé fort commodément, s'il vouloit faire quelque dépenfe pour le répa rer; les appartemens font grands, commodes, magnifiques, & difpofés à leur ufage d'une maniere fort agréable mais outre que les Arabes ne fçauroient s'accoûtumer à être enfermés, ils font toûjours dans la défiance des Turcs, ils craignent d'être furpris par leurs voiins, & ils aiment mieux fe tenir à campagne. Ainfi ce beau Palais fe détruit peu à peu faute de répa

la

rations.

Ces Emirs ne font fervis que par les mêmes Arabes qui campent autour de leurs Tentes : leurs femmes & les filles fervent auffi les

tiens, &c. C'eft le même que le Sultan Amurath IV. fit mourir. Les Emirs fes Succeffeurs poffedent encore un fort beau Domaine dans Ï'Antiliban du côté de Baruth & de Seyde. Ainfi ce que dit M. d'Herbelot, dans l'article des Drufes, que leurs Emirs furent tous foumis & dépouillés par le Pacha du Caire en 1584, n'eft

pas exact.

Princeffes;

Princeffes; les jeunes garçons fervent à presenter du café & du tabac à ceux qui vifitent l'Emir; on y voit rarement des Efclaves achetés, comme il y en a en Turquie & en Barbarie, à moins que quelquesCorfaires ne viennent échouer fur leurs côtes, ou qu'ils ne fe laiffent prendre par les Arabes. Alors ils fe les vendent les uns aux autres à fort bon marché.

J

CHAPITRE III.

De la Religion des Arabes.

En'aurai pas beaucoup de chofes à dire fur la Religion des Arabes, qui eft la même que celle des Turcs; les uns & les autres fuivent la loi de Mahomet, avec plus ou moins d'exactitude & de fuperftition; elle eft déja fi connuë par tout ce que tant d'Auteurs en ont écrit, qu'il me paroît prefque inutile de toucher ce fujet; je m'attacherai feulement à ce que les AraM

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