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nir de Sa Majesté un Arrêt qui me déchargeât de toutes les affaires que j'avois eu, mais il ne trouvoit pas mauvais que je ne le fiffe pas.

Quelque temps après mon rétour d'Espagne, M. du Pleffis Guenegault, défirant d'obtenir quelque chofe de M. Colbert, me charga de lui en parler ; je le trouvai très-mal difpofé, & prenant occafion de me parler de Monfieur & Madame du Pleffis, comme de gens de qui il avoit méchante opinion; je pris la liberté de lui dire qu'il ne les avoit connus que par ce qui s'étoit paffé à l'occasion de la Charge de Secretaire d'Etat, dont M. du Pleffis s'étoit trouvé pourvû, & qu'il avoit acheté de lui, qu'ils avoient même eû tort de ne s'en pas prévaloir pour leurs affaires particulieres; mais que je pouvois l'affurer que dans le fonds,

ils étoient gens de bien, & pour lui en donner un exemple, je lui citai ce qui s'étoit paffé d'eux à moi, le faifant fouvenir qu'au commencement de la Chambre de Justice, on avoit voulu obliger tous ceux qui devoient de l'argent aux Gens d'Affaires de venir à révélation, qu'alors j'avois une obligation d'eux de cent foixante mille livres, qu'étant venu à Paris, je la leur portai en original que je brûlai en leur prefence, leur faifant don de cette fomme & leur difant qu'ils pouvoient en toute fûreté de confcience jurer qu'ils ne me devoient rien, qu'après mon retour ils avoient voulu me payer les interêts, & que n'ayant pas voulu les recevoir, ils m'avoient comme forcé à prendre des Pierreries pour la fomme à laquelle ils pouvoient monter, qu'à fon égard je trouvois qu'il étoit fort

naturel, qu'il eût voulu avoir une Charge qui pût demeurer dans fa famille, mais que l'ayant, il devoit donner toute la confolation qu'il pourroit à cette famille dans les occafions qui fe presenteroient, ainfi il accorda cequeMadame Dupleffis demandoit de lui, il trouva même fort bon tout ce que je lui avois dit fur cela. Madame Dupleffis ayant perdu fon mari, me chargea en mourant de l'éxécution de fon Teftament; fes deux fils aînez étoient morts l'un après l'autre & celui qui venoit après étoit M. du Plancy, parmi les effets que le Roy avoit pris fur M. Dupleffis, il y avoit une rente de quatorze mille livres, fur la Bretagne. Ayant rendu compte à M. Colbert du mauvais état des af faires de cette maison, je le priai de faire avoir à M. du Plancy ladite rente qu'on avoit pris à fon

pere, il la demanda au Roy en pur don comme pour lui, elle fut mife fous fon nom & je la remis à M. du Plancy, quand Monfieur Colbert le jugea à propos. Les Creanciers ayant fait décreter fa maison qui eft aujourd'hui l'Hôtel de Crequy & une autre maison, qui Madame Dupleffis

avoit fait bâtir derriere l'Hôtel de Conty, on me vint dire à S. Maur qu'elles avoient été adjugées à Priou Procureur, pour quarante mille écus, j'envoyai dans le moment faire une enchere de quarante mille écus, à condition que je demeurerois garand des délégations portées par le contrat, & enfuite M. le Prince de Conty acheta l'autre quatre-vingt-dix mille livres. Apparemment que M. du Plancy m'a cru mort il y a long-temps, n'ayant pas entendu parler de lui depuis neuf ans.

Au mois de Juin mil fix cent foixante-quinze, M. de Turenne ayant éte tué en Allemagne, le Roy donna ordre à M. le Prince de s'y rendre. Il laiffa le commandement de l'Armée de Flandres à M. de Luxembourg, & je reçû ordre de fon Alteffe de me trouver à Chaalons à son passage; il étoit accompagné de M. de La Feuillade & de quelques autres Officiers, il y reçut la nouvelle que Monfieur le Maréchal de Créquy, qui commandoit une Armée du côté de Treves, avoit perdu une bataille contre Mes fieurs les Ducs de Zell & d'Hanovre, & que fon Armée avoit été mise entierement en dérou. te, cela donna une grande allarme, que les troupes de ces Princes n'allaffent en Allemagne joindre M.de Montécucully, je dis à Son Alteffe, avec quelque forte d'affurance, que cela

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