페이지 이미지
PDF
ePub

des yeux que pour elle; & il eft venu s'affeoir auprès de nous. Mademoiselle Aline a laiffé tomber fon éventail, il l'a ramaffé. . . .

SILVIE.

Là-deffus, Aline m'a priée tout bas de continuer notre promenade; nous nous fommes levées, le monfieur nous a fuivies encore de plus belle; enfin, nous avons pris le parti de nous en aller. Mais, maman, je vous affure qu'Aline ne s'étoit pas attiré cela; car, dans les promenades, elle a l'air encore plus modefte, fi cela fe peut, que dans la boutique. GEORGETTE.

Oh, c'eft vrai; elle ne tourne jamais la tête de côté & d'autre ; clle eft très-pofée pour fon âge, faut lui rendre justice.

Madame

DUROCHER.

Et la derniere fète, avant - hier, ce même monfieur vous a fuivies encore ?

GEORGETTE.

Mon dieu, oui ; & je l'ai reconnu tout de fuite, quoiqu'il eût pourtant changé d'habit. C'est moi qui l'ai apperçu la premiere; mademoiselle Silvie, vous vous en fouvenez bien, je vous ai donné un coup de coude, & puis

[ocr errors]

nous avons regardé mademoiselle Aline, qui a rougi jufqu'aux oreilles. Dame, c'est tout fimple, il y avoit de quoi être interdite.

Madame

DUROCHER.

Et ce monfieur vous a-t-il paru jeune,

il bien mis?

GEORGETTE.

... •

étoit

Oh, il a une belle preftance d'homme.... Il a autour de vingt-cinq ou vingt-six ans... S'il avoit une perruque, y feroit joli de vifage, mais y n'a quafiment pas de cheveux fur le fommet de la tête y clignote comme ça en regardant. . . . Pas moins il a fort bonne façon ; & avant-hier il avoit un habit tout d'or & un bouton de diamant au cou... c'étoit du fin, fûrement, car ça treluifoit comme un foleil.

Ah

Madame DU ROCHER, à part.
, que tout ceci m'inquiete!

SILVI E.

Maman, voilà madame Bertrand avec la

petite Gogo.

SCENE

SCENE VI.

Madame DUROCHER, madame BERTRAND, SILVIE, GOGO, GEORGETTE.

Madame DURO CHE R.

BONJOUR, ma niece, venez-vous manger la foupe avec nous?

Madame BERTRAN D.

Oui, ma tante; & puis j'ai une grace à vous demander: c'est aujourd'hui fète, & j'ai imaginé une partie qui amuseroit bien Silvie. ... Madame DURO CHE R.

Nous parlerons de cela tout-à-l'heure. Silvie, allez un peu donner l'œil au dîner . . . ensuite vous ferez deux regles d'arithmétique, & vous, copierez trois pages dans l'Imitation. . . .

SILVIE.

Maman, je ne pourrai pas finir tout cela avant dinér.

[blocks in formation]

Non; mais toujours mettez-vous à l'ouvrage, car vous favez bien que vous ne fortirez & que vous n'irez vous divertir que lorfque cela fera fait.

[blocks in formation]

SILVIE.

Oui, maman. (Silvie fort.)

Madame

DUROCHER.

Georgette, emmenez la petite; mais auparavant viens me baifer, Gogo.

GoGo, allant l'embrasfer.

J'ai été frifée, voyez-vous, tatan? & j'ai des beaux cocos tout neufs ; y font rouges (Elle montre fes fouliers.)

Madame BERTRAN D.

[ocr errors]
[ocr errors]

Oui, mais je parie que le petit doigt de tatan lui dira que tu n'as jamais voulu te tenir pendant qu'on te frifoit, & que tu as fait enrager la coëffeufe.

GOGO.

Dame, pourquoi eft-ce qu'elle m'arrachoit les cheveux?... & qu'elle étoit fi long-tems

après moi?

Madame

BERTRAN D.

Il faut bien fouffrir pour être belle.

GOGO.

Mais eft-ce qu'il faut être belle?

Madame DURO CHE R.

Non, mon enfant ; il faut être bonne & obéiffante, voilà ce qui eft néceffaire: mais

puifque ta maman aime à te voir frifée, tu dois pour lui plaire, te bien tenir quand on te coeffe; car une fille n'eft chérie de tout le monde que lorfqu'elle eft bien foumise à fon papa & à fa maman.

Go Go, à madame Bertrand.

Eh bien, maman, je ferai tout ce que tu voudras; mais pourtant j'aimerois mieux lire tous les jours une page de plus que de me laiffer frifer.

Madame DURO CHE R.

Allons, vas jouer là-dedans, mon petit rat, GEORGETTE, lui tendant la main. Venez, mon chou

GOGO.

Oh, j'irai bien feule... (Elle fort en courant.)

Madame BERTRAN D.

Quel falpêtre!...

Madame DURO CHE R.
Georgette, fuivez-la. (Georgette fort.)

« 이전계속 »