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chambre à part du nombre defquels étoit M. le Prince de Salmes,parent de M.le Prince d'Orange. J'étois dans une grande inquiétude, enfin ne pouvant dormir, je montai à cheval une heure avant le jour, réfolu à quelque prix que ce fût de rejoindre M. le Prince, je le trouvai à une lieue du Camp qui revenoit dans fa caleche, à peine pouvoit-il parler, il ne laiffa pas de me dire, que fi les Suiffes avoient voulû marcher en avant il auroit achevé de défaire toute l'armée des Ennemis. Auffitôt qu'il fut arrivé il dépêcha Monfieur le Comte de Briord, qui avoit vû toute l'affaire, pour en rendre compte au Roy.

M.le Prince avoit très-fouvent trouvé bon que quelques temps après qu'il fe feroit fâché, je lui parlaffe des petits mouvemens de colere qu'il avoit eu. Le len

pour

demain voulant le faire reflou. venir de ce qui s'étoit passé, il m'avoua qu'il étoit vrai qu'il s'étoit un peu échauffé contre ces Meffieurs, mais que quand il s'agiffoit de s'éclaicir d'une chofe d'auffi grande confequence que celle dont il s'agiffoit alors, il ne vouloit s'en rapporter à perfonne ; je crois pourtant que c'étoit une raifon qu'il fe donnoit à lui-même excufer fon petit mouvement de colere, il fçavoit bien qu'il y étoit fujet; mais comme dans le moment, il eût bien voulu que cela n'eût pas été : ceux qui ne s'en fcandalifoient point lui faifoient un grand plaifir. J'ai oui dire à Monfieur le Comte de Palluau depuis Maréchal de Clerembault, qu'un jour M. le Prince lui avoit parlé avec beaucoup de colere, & qu'étant nt prêt de monter à cheval, on avoit donné une cafaque a M.

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le Prince qui s'approcha de M. de Palluau, & lui dit, je te prie de me boutonner ma cafaque, celui-ci répondit, je vois bien que vous avez envie de vous racommoder avec moi; allons j'y confent foyons bons amis, que M. le Prince avoit fort ri & que cela lui avoit fait grand plaifir. Il fe trouva qu'il y avoit plus de trois mille prifonniers, & cent ou cent vingt drapeaux ou étendarts, que M. le Prince fit mettre dans des paniers & ordonna de les mettre derriere mon Car roffe pour les prefenter à Sa Majefté.

Dix ou douze des Prifonniers tant Princes qu'Officiers, voulu rent venir avec moi,j'en mis trois dans mon Carroffe & les autres fur des chevaux ; lorsque nous fumes arrivez à Rheims, M. le Duc d'Holstein me dit, que M. le Comte de Valdech, en lui Tom. 11.

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parlant des progrez qu'alloit faire cette grande armée, lui avoit promis qu'il lui feroit boire du vin de Champagne; mais qu'aparemment il n'avoit pas en tendu que ce feroit de la façon qu'il en buvoit. M. de Louvois envoya audevant de moi pour me dire d'aller tout droit auRoy. Sa Majesté me fit une infinité de questions pendant plus d'une heure. Tous les éten darts & drapeaux furent placez dans notreDame le jour du Te Deum.

Au commencement de Se ptembre 1676, je fis un voyage en Angoumois avec M. de la Rochefoucalt, M. le Marquis de Sillery & M. l'Abbé de Quincé ; comme il y avoit long-temps que M. de la Rochefoucault n'avoit été dans ce pays. là, il fut vifité d'un grand nombre de Noblesse des Provinces voisines, & après avoir refté quelques jours à Ver

teuil & à Terne, il alla faire une pêche dans la Charente de Montignac, où l'on prit plus de cinquante belles carpes, dont la moindre avoit deux pieds, j'en fis porter une bonne partie à la Rochefoucault, où ces Meffieurs allerent coucher, & comme j'en étois encore Capitaine, je me chargeai d'en faire les honneurs, on fervit quatre tables pour le fouper; mais le lendemain il en fallut bien davantage pour ceux qui venoient faire leur cour à M. de la Rochefoucault; j'y avois fait faire de grandes provisions, & fur-tout d'auffi bons vins qu'il s'en pouvoit trouver, on n'y féjourna qu'un jour, je ne fçais pas fi on m'avoit groffi le memoire; mais je fçai bien qu'il fe montoit à plus de huit cent livres. En retournant à Paris M. de la Rochefoucault & ces Meffieurs allerent à Basville. M. le Premier

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