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ronnée, étoient-elles plus qu'un rêve (*)» ? Calme & tranquille, elle fe retourne fur l'autre fens, & fait reprendre à son cœur un état conforme à fa fortune. C'eft en ce moment, infortuné Gilfort! c'est en ce moment qu'on vient lui annoncer que fa mort eft prochaine (**).

DIEU! qu'il eft cruel pour une jeune Princeffe de périr ainsi dans la fleur des ans, au moment où le temps venoit de finir tous fes charmes, d'épanouir tous les trésors de fa beauté, & d'animer dans tous fes fens la vie & l'amour! Qu'il eft affreux pour une épouse adorée de paffer des bras de fon jeune époux dans les bras de l'horrible mort, prefqu'au fortir du lit nuptial & des premiers transports de l'amour, confuse encore & troublée du nouvel effai de fes douceurs (***)! Qu'elle dut trouver amere la néceffité de fe féparer déjà de fon cher Gil

(*) Un rapide éclair qui brille un inftant & difparoît auffi-tôt.

(**) Soleil, retire tes rayons, voile ta face dans des Duages auffi noirs que la nuit, & ne fois pas témoin de cet horrible spectacle; ou bien marche plus rapidement vers les mers occidentales, & que le fang de cette Princeffe innocente ne fouille pas la pureté de tes regards lu

mineux,

(***) Rougiffant encore de la présence du Prêtre qui venoit de former leur union,

Tome III.

K

fe, difperato, immerfo in un abiffo di duolo, ed inconfolabil per fempre! Quella felicità, di cui essa fi era lufingata: quella felicità, di cui effa fi era formata imagini così graziofe, è fvanita. Quella ferie di giorni fortunati: quelle notti deliziofe, il cui incanto affeziona reciprocamente gli amanti; que' diletti tranquilli, e puri d'un dolce commerzio: e quelli ancora che nafcono dalle inquietudini della tenerezza: que' dilettofi trafporti, che vengon dietro a' palpiti d'un cuore amante, e fedele,, effa ne ha pro vate le delizie, e non le gusterà mai più! Effa non vedrà nafcere un bel germoglio del fuo amore, dolcemente ftretto al di lei feno, o mollemente adagiato fulle fue ginocchia, forridere alla fua genitrice, e moftrarle impreffi in volto i lineamenti dello sposo, da lei amato. Se almen foffe nato, quel dolce figlio, egli avrebbe potuto un giorno, alloraquando il vecchio fuo genitore tornerà da lagrimare fulla tomba di fua figlia, cosi toto rapita, egli avrebbe potuto, colle innocenti fue carezze, obbligarlo a forridere nel fuo dolore; quel figlio avrebbe potuto confolare la di lui vecchiaja, e 'l luogo di fua madre occupare nel di lui cuore (*)!...

- (*) Come vedefi nell' India fortunata novelli fiori fuccedere in luogo de' frutti, che cadono, ed ingannare feHicemente lo ftupefatto Indiano.

fort, de le laiffer feul après elle, désespéré, abymé dans la trifteffe & pour jamais incont folable! Ce bonheur dont elle s'étoit flattée; ce bonheur dont elle s'étoit formé de fi riantes images, eft évanoui. Cette chaîne de jours fortunés; ces nuits délicieufes dont le charme attache les amans l'un à l'autre; ces plaifirs tranquilles & purs d'une douce fociété; & ces plaifirs encore qui naiffent des inquiétudes de la tendreffe; ces transports raviffans qui fuivent les alarmes d'un cœur amoureux & fidele, elle en connoît les délices, & ne les goûtera plus! Elle ne verra point un jeune rejeton de fon amour, doucemenr preflé contre fon fein, ou mollement agité fur les genoux, fourire à fa mere & lui préfenter les traits de l'époux chéri d'elle. S'il étoit né du moins, ce fils, il eût pu quelque jour, lorfque fon vieux pere reviendra de pleurer fur la tombe de fa fille, fitôt enlevée, il eût pu, par fes careffes innocentes, le forcer à lui fourire au milieu de fa douleur; ce fils eût pu confoler fa vieilleffe & prendre dans fon cœur la place de fa mere [*]!...

(*) Comme on voit dans l'Inde fortunée, des fleurs nouvelles remplacer les fruits qui tombent, & tromper heu reufement l'Indien étonné.

Tutte quefte dolorofe idee vengono inasprire il fentimento delle fue difgrazie, e le fanno lentamente guftare tutta l'amarezza della morte; eppur tanti affanni non l'hanno oppreffa. Di mezzo agli orrori ond'è circondata; i suoi sguardi penetrano le volte della fua prigione, e giungono fino alle fortunate regioni dell' immortalità: là è il luogo, verfo cui fi slancia la di lei anima, dove follevata alquanto respira, e gusta un momento di pace. Infenfibile per se medefima, essa raccomanda a'suoi amici, che fi struggono in lagrime, lo fpofo, e 'l genitore. I fuoi nemici fi maravigliano, e s' adirano al vedere il tranquillo coraggio, con cui efla affronta l'impotente loro odio. Effa s'è innalzata al difopra di effi: da Gilforte in fuori non v'è più nulla fu la terra, che l'affezioni alla vita. Ma Gilforte pugna ancora nel di lei cuore: effa non può fvellernelo l' importuna, e cara fua imagine viene di continuo prefentarfi a' fuoi occhi,

s' oppone alla di lei anima, la quale fi sforza di fpezzare tutti i fuoi legami, e ricoverarfi ne' Cieli. Simile a quelle fiamme difuguali, che dekoli, e moribonde fon preffo ad estinguerfi, ma frinvigorifcono, e fi riacendono ancora intorno all' alimento, ch' effe divorano ora la di lei anima gode una calma celefte, ed ora le fcoffe riffente с tutte le fiamme dell' amore... Fipalmente dopo molti contrafti, la religione è vincitrice Si, fclama effa, quel Cielo, che è la mia forza, e la mia fperanza, certa

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TOUTES ces penfées déchirantes viennent aigrir le fentiment de fes malheurs, & lui font goûter lentement toute l'amertume de la mort; mais tant de chagrins ne l'ont point accablée. Au travers des horreurs qui l'environnent, fes regards percent les voûtes de fa prison & pénetrent jusqu'aux régions heureufes de l'immortalité; c'eft là que fon ame s'élance, refpire foulagée, & goûte un moment de paix. Infenfible pour elle-même, elle recommande à fes amis en pleurs fon époux & fon pere. Ses ennemis s'étonnent & s'indignent du courage tranquille dont elle brave leur haine impuiffante. Elle s'eft élevée au-deffus d'eux: il n'eft plus rien fur la terre qui l'attache à la vie que Gilfort. Mais Gilfort combat encore dans fon cœur: elle ne peut l'en arracher: fans ceffe fon image importune & chérie vient s'offrir à fes yeux, & s'oppose à fon ame qui fait effort pour brifer tous les liens & fe réfugier dans les Cieux. Semblable à ces flammes inégales qui, foibles & mourantes, font prêtes à s'éteindre, mais fe raniment & fe rallument encore autour de l'aliment qu'elles dévorent, tantôt son ame jouit d'un calme célefte, & tantôt elle reffent les fecouffes & tous les feux de l'amour... Enfin, après bien

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