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L'hiver ne retient plus les Naïades captives.
Les Bergers, accordant leur mufette à leur voix,
D'un pied léger foulent l'herbe naissante.
Les troupeaux ne font plus fous leurs ruftiques toîts.
Mille & mille oifeaux à la fois,
Ranimant leur voix languiffante,

Réveillent les Échos endormis dans les bois.

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(Mad. Deshoulieres.)

Pourquoi, plaintive Philomèle,
Songer encore à vos malheurs,
Quand, pour appaifer vos douleurs
Tout s'empreffe à marquer fon zèle?
L'Univers, à votre retour,
Semble renaître pour vous plaire ;
Les Dryades à votre amour

Prêtent leur ombre folitaire.

Loin de vous l'Aquilon fougueux
Souffle fa piquante froidure.
La terre reprend fa verdure;
Le ciel brille des plus beaux feux.
Pour vous l'Amante de Céphale
Enrichit Flore de fes pleurs;
Et Zéphyr cueille fur les fleurs
Les parfums que la terre exhale.

Pour entendre vos doux accents,
Les oifeaux ceffent leur ramage;
Et le chaffeur le plus fauvage
Refpecte vos cœurs innocents.

Déja l'agréable féjour

De l'aftre qui donne le jour
A reffufcité la Nature

Par la force de fes chaleurs.

(Rousseau.)

Tu peux voir fortir mille fleurs,
Par une petite ouverture,

Comme hors de leur fépulture,
Qui montrent leurs vives couleurs.
Les humides Nymphes des eaux,.
Les Naïades de ces ruiffeaux,
Que l'hiver avoit retenues
Long-temps par un ordre fatal,
Rompent leur prifon de crystal,
Et s'en vont, fuyant toutes nues,
Dans les régions inconnues,
Bien loin de leur pays natal.

Proche de ce bocage verd,
De myrthe & de jasmin couvert,
Que cette vive fource arrofe;
Dedans un Palais enchanté,
Par les Dieux même respecté,
Amour lafcivement repose,
Parmi les odeurs de la rose
7 Dans les bras de la Volupté.

Les petits oifeaux bigarrés
Par l'éclat des rayons dorés
Dont leur plumage fe colore,
Priés par un Dieu de chanter,
Sont affemblés, pour concerter
Dans un des cabinets de Flore.
Tous les matins la belle Aurore
Sort du lit pour les écouter.

Du moins, elle s'excuse ainfi
A fon vieillard encor tranfi
Du froid des dernières gelées,
Qu'elle laiffe dans les foupçons;
Et, folâtrant en cent façons,
Avec Céphale en ces vallées,
Laiffe fes perles défilées

Sur les fleurs & fur les buiffons.

Cérès, qui, ces jours-ci, geloit

Deffous la neige qui vôloit,

Montre aux hommes fa gorge ouverte ;
Et, devant fon jaloux mari,
La tête d'aubepin fleuri,

Et de cent guirlandes couverte,
Se fait donner la cotte verte
Par le Printemps fon favori.

Dès que l'air s'adoucit, que la neige fondue
Tombe en flots argentés de la cîme des monts,
Et ferpente en ruiffeaux à travers les vallons;
Que les prés émaillés par des fleurs différentes,
Préfentent aux troupeaux leurs pâtures naiffantes;
Que les bleds verdoyants embelliffent nos champs;
Dès que Flore aux humains annonce le printemps,
Les guerriers préparés contre les coups finiftres,
Des vengeances des rois redoutables miniftres,
Vôlent, pour s'affembler, dans les champs de l'honneur;
Et, tout pleins du defir de marquer leur valeur,
Quittent l'abri du toît pour la toile légère.
Leurs voifins effrayés appréhendent la guerre ;
Et, de leurs laboureurs, ces champs abandonnés,
Par des bras étrangers vont être moiffonnés.

(Philof. de Sans-Souci.)

Nos bois reprennent leurs feuillages,
Après les noirs frimats le printemps a fon tour;
Et le foleil, plus pur, diffipant les nuages,
Sans obftacle répand le jour.

Déja, dans la plaine fleurie,

Le berger laiffe errer fes troupeaux bondiffants,
Et du fon de fa flûte Écho même attendrie,
En imite les doux accents.

Cythérée, avec les compagnes,

Le foir, d'un pas léger, danfe au bord des ruiffeaux,
Tandis que fon époux ébranle les montagnes
Du bruit fréquent de fes marteaux.

Couronnons-nous de fleurs nouvelles,

Nous en verrons bien-tôt l'éclat s'évanouïr;

Profitons du printemps qui paffera comme elles,
L'âge nous preffe d'en jouïr.

Hâtons-nous, tout nous y convie:

Saififfons le préfent, fans foin de l'avenir; Craignons de perdre un jour, un instant d'une vie, Que la mort doit fi-tôt finir.

Sa rigueur n'épargne personne :

Tout l'effort des humains n'interrompt point fes loix;
Et, de la même faulx, la cruelle moiffonne
Les jours des bergers & des rois.

(La Motte.)

Traduction de l'Ode d'Horace (Jam veris co

mites.)

Enfin, par le retour de l'aimable Zéphyre,

L'hiver, hériffé de frimats,

De nos campagnes se retire,

Et va glacer d'autres climats.

Déja, pour traverfer le vafte fein de l'onde,
Et trafiquer au nouveau monde,
L'intrépide marchand lance en mer fes vaiffeaux.
Déja mille & mille troupeaux,
Bondiffent au fortir de leur obfcure étable;
Et le laboureur tout joyeux,
Abandonnant enfin fon foyer & sa table,
Court dans fes champs fleuris rendre graces aux Dieux.
A la brune, déja la charmante Cythère,
Que les Grâces fuivent toujours,

Danfe légèrement fur la tendre fougère,
Avec les folâtres Amours;

Tandis que, dans fa forge ardente,

Vulcain preffe au travail fes Cyclopes hideux,
Et forme d'une main favante,

En différents métaux, mille ouvrages fameux.
Cher ami, couronne ta tête

Des fleurs qu'en ce beau jour le doux Zéphyr produit;
Et, dans les bois où règne une éternelle nuit,
Sacrifie au Dieu Faune, & paffe cette fête,
Quand tu le peux encor, dans le fein des plaifirs.
La mort ne bornera que trop tôt tes defirs.
Le pauvre, au fond de fa mâsure,
Subit fes inhumaines loix;

Et des vaftes palais la fuperbe structure,
Contre fes traits perçants, n'affûre pas les rois.
Adieu tous les plaifirs, fi-tôt que la barbare
T'aura fait paffer l'Achéron.

Dans le fombre manoir du terrible Pluton,
Il n'eft plus de feftins, dont le fort te prépare
Une bacchique royauté,

Ni de Nymphe dont la jeuneffe,
L'efprit, l'enjouement, la beauté,
Anime toute ta tendreffe,

Et qui, fenfible à tes ardeurs,
Te comble enfin de fes faveurs.

Le fils d'Éole & de l'Aurore,
Zéphyre enfin eft de retour.
Ses tranfports ont réveillé Flore,
Et les fleurs qui n'ofoient éclore,
S'ouvrent aux feux de leur amour.
La Nuit cède au Jour fon empire,
L'Hiver s'enfuit au fond du nord;
Et la Nature qui refpire,

Sort des ténèbres de la mort.

Immobile au centre du monde,
Le foleil que nous revoyons,
Orne fa tête de rayons
Qui rendent la terre féconde.
Déja des lacs les plus profonds,
Ses feux ont fondu la furface;
On voit tomber du haut des monts
Des monceaux de neige & de glace,

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