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premieres leçons de la déclamation, & lui fit repréfenter quelques Pieces dans des Maisons particulieres; enfuite elle alla jouer la Comédie à Strasbourg. Revenue à Paris, elle y débuta par le rôle de Monime, dans Mithridate, fut reçue en 1717, & mourut en 1730, âgée de trente-fept ans.

Mlle. le Couvreur fut une des plus célebres Actrices. Tragiques qui aient paru fur le Théatre. Elle étoit médiocre & très-médiocre dans le Haut-Comique. Elle voulut effayer de jouer le rôle de Célimene dans le Mifanthrope; & elle fut obligée d'y renoncer. Dans Bazile & Quitterie, elle manqua celui de Quitterie. Ce n'eft point qu'elle eût une déclamation chantante; au contraire, elle récitoit, comme l'on parle; & lorfqu'elle étoit en fcene avec le fameux Baron, ils y mettoient, l'un & l'autre, le ton familier de la converfation, fans jamais trop l'élever; & ils avoient tout le naturel, qu'il eft poffible de conferver, en gardant toute la nobleffe & la dignité convenables à leurs rôles.

Mlle. le Couvreur avoit toute l'intelligence, la fineffe & l'art que nous avons admiré dans Mlle. Clairon; mais elle avoit infiniment plus de fenfibilité & d'entrailles. Elle rompoit d'ailleurs davantage la mefure des vers; ce qui donnoit un air beaucoup plus naturel à fon débit, & augmentcit l'illufion de la représentation.

Cette Actrice fut attachée jufqu'à sa mort à M. le Comte, depuis Maréchal de Saxe, qu'elle enleva, dit-on, à une très-grande Dame. L'on a fait des contes fur la façon dont elle mourut. Quoi qu'il en foit, elle a vécu long-temps avec ce Héros de la France, lorfqu'il étoit dans fa premiere jeuneffe; & qu'il n'étoit encore Héros qu'en amour; & il l'étoit.

Le

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Le Comte de Saxe écrivit de Courlande à Mlle. le Couvreur, de lui chercher un fecours d'argent; cette fameufe Actrice vendit fa vaiffelle & fes bijoux, & lui fit une fomme de quarante mille livres.

Il s'éleva dans le Public une dispute au fujet de la déclamation des Demoifelles Duclos & le Couvreur. M. de Beauchamps adreffa à cette derniere une Epître, à cette occafion; il y caractérise ainfi la déclamation de cette A&trice.

Enfin le vrai triomphe, & la fureur tragique

Fait place fur la fcene, au tendre, au pathétique.
C'est vous qui, des douceurs de la fimplicité,
Nous avez fait connoître & fentir la beauté ;
C'est vous qui, méprisant le prestige vulgaire,
Avez fu vous former un nouvel art de plaire;
Vous dont les fons flatteurs, ignorés jufqu'alors,
Des paffions du cœur expriment les tranfports.
Avant que vous vinffiez, par mainte réuffite,
D'un heureux naturel nous montrer le mérite,
Tel étoit de Paris le fol entêtement,

Qu'on donnoit tout à l'art & rien au fentiment;
Et le Théatre en proie à des Déclamatrices,
N'offroit aux Spectateurs que de froides A&trices.

LETTRE de Mademoiselle le Couvreur, écrite leg
Mai 1728, à M. ***.

Vous connoiffez la vie diffipée de Paris, & les devoirs indifpenfables de mon état: je paffe mes jours à faire les trois quarts au moins de ce qui me déplaît des connoiffances nouvelles, mais qu'il m'est impoffible d'éviter, tant que je ferai liée où je fuis, m'empêchent de cultiver les anciennes, ou de m'occuper chez moi felon mon gré. C'est une mode établie de dîner ou de fouper avec moi, parce que quelques Ducheffes m'ont fait cet honneur. Il eft des perfonnes dont les bontés me charment & me fuffiroient, Tome III. T

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mais auxquelles je ne puis me livrer, parce que je fuis au Public, & qu'il faut abfolument, ou répondre à toutes celles qui ont envie de me connoître, ou paffer pour impertinente. Quelque foin que j'y apporte, je ne laifle pas de mécontenter; fi ma pauvre fanté qui eft foible, comme vous favez, me fait refufer ou manquer à une partie de Dames que je n'aurai jamais vues, qui ne le foucient de moi que par curiofité, ou, fi je l'ofe dire, par air; car il en entre dans tout : « Vraiment, dit l'une, elle fait la » merveilleufe. Une autre ajoute: c'eft que nous ne » fommes pas titrées ». Si je fuis férieufe, parce qu'on ne peut pas être fort gaie au milieu de beaucoup de gens qu'on ne connoît pas : « c'eft donc-là cette fille » qui a tant d'efprit, dit quelqu'un de la compagnie? »Ne voyez-vous pas qu'elle nous dédaigne, dit un » autre, & qu'il faut favoir du Grec pour lui plaire ; » elle va chez Mde, de Lambert ». Je ne fais pourquoi je vous fais tout ce détail; car j'ai bien d'autres chofes à vous dire; mais c'eft que je fuis encore toute remplie de nouveaux propos de cette efpece, & plus occupée que jamais du defir de devenir libre, & de n'avoir plus de cour à faire qu'à ceux qui auront réellement de la bonté pour moi, & qui fatisferont & mon cœur & mon efprit. Ma vanité ne trouve point que le grand nombre dédommage du mérite réel des perfonnes. Je ne me foucie point de briller ; j'ai plus de plaifir cent fois à ne rien dire, mais à entendre de bonnes chofes ; à me trouver dans une fociété douce de gens fages & vertueux, qu'à être -étourdie de toutes les louanges fades que l'on me prodigue à tort & à travers. Ce n'eft pas que je manque de reconnoiffance ni d'envie de plaire; mais je trouve que l'approbation des fots n'eft flatteufe, que comme générale, & qu'elle devient à charge, quand il la faut acheter par des complaifances particulieres & réitérées.

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LE DEVIN, Antoine) a compofé les Tragédies d'Efther, de Judith, & de Suzanne.

LE DIGNE, réputé Auteur de deux Trégédies; favoir, Arface & Hercule Oëtus.

LE FEVRE, Auteur peu connu d'un Drame intitulé Eugénie, ou le Triomphe de Chafteté.

LE FEVRE, (M.) de l'Académie Royale de Mufique, où il a chanté en qualité de Basse-taille, retiré avec la penfion.

Le Fevre charme également,

Et fes Amis & le Parterre ;

Le Public aime en lui fon chant,

Et les Amis fon caractere.

LE FEVRE, (M.) Auteur de deux Tragédies, Cofroès & Florinde,

LE FEVRE DE SAINT-MARC, (Charles Hugues ) né à Paris en 1698, de parents honnêtes, mais peu riches, fit fes études au College du Pleffis, & s'y diftingua par fon application & fes fuccès. Il paffa enfuite une partie de fa vie dans l'emploi, moins honoré qu'honorable, de Précepteur, & fe fit connoître dans le monde littéraire, par des Ouvrages de différents genres, & fur-tout par des Editions de divers Auteurs, telles que celles des Mémoires de Feuquieres, de l'Hiftoire de Rapin Thoiras, des Œuvres de Pavillon, de Boileau, de Chaulieu, &c. avec des Notes & des Commentaires. Mais pour ne parler que du Théatre, nous avons de lui l'Opéra du Pouvoir de l'Amour, donné en 1743, vingt-six ans avant la mort de fon Auteur, arrivée au mois de Novembre de l'année 1769.

LE FEVRE DE MARCOUVILLE, (M.) né à Paris

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en 1722, Secretaire du Prince de Monaco, a donné le Réveil de Thalie; Fanfale, avec M. Favart; les Amants trompés, la Fauffe Aventuriere, & l'Heureux déguisement. Il a eu part à la Petite Maison.

LE FEVRE, (M.) Baron de Saint-Ildéphon, ancien Chevau- Léger: Sophie, ou le Triomphe de la Vertu, les Orphelins; l'Antre, ou le Café Procope; le Connoiffeur; les Gafconnades.

LE FORT DE LA MORINIERE, (Adrien-Claude) né à Paris en 1695, d'une famille noble, originaire de Mortagne, fit avec fuccès fes études au College de Louis-le-Grand, & vécut dans une obscurité vraiment philofophique, chez les Peres de Sainte-Génevieve à Senlis, où il fit divers Recueils qu'il donna au Public, tels que le Choix de Poéfies morales, la Bibliotheque Poétique, & autres compilations. Il n'a compofé que trois Ouvrages qui foient véritablement de lui, la Vie de l'Empereur Conftance, & deux Comédies qui n'ont pas été représentées, les Vapeurs, & le Temple de la Pareffe.

LE FRANC DE POMPIGNAN, (M. Jean-Jacques) ancien premier Préfident de la Cour des Aides de Montauban, eft Auteur des Tragédies de Didon, & de Zoraïde; de la Comédie des Adieux de Mars, des paroles du Triomphe de l'Harmonie ; & de Léandre & Héro.

En lifant les Ouvrages dramatiques de M. le Franc on fent que cet Auteur connoît les bonnes fources & qu'il fait y puiser. Sage, mais libre dans fon effor il étale, dans fa Tragédie de Didon, toutes les beautés du quatrieme Chant de l'Enéide; je parle uniquement de celles qui ont rapport à l'expreffion; car il fait enchérir fur les caracteres. Le fentiment, la pitié; voilà les refforts qu'il emploie pour nous émouvoir;

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