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Le principe de la souveraineté populaire, de la royauté donnée par contrat et non plus par droit divin, est nettement formulé. Le célibat des bonzes et des vierges brahmanes est supprimé par Tarare:

De tant de retraites forcées

Que les barrières soient brisées;
Que l'hymen, par ses doux liens,
Vous donne à tous des jours prospères !
Peuple heureux, les vrais citoyens

Ce sont les époux et les pères.

La question du divorce, non moins chère aux phi-| lanthropes, se trouve également traitée en ariette et mise en ballet expressif et pittoresque sous forme de chassé-croisé. Celle de l'affranchissement des nègres est éludée en partie ou différée par la politique habile de Tarare, qui promet aux esclaves un traitement plus doux le bonheur à défaut de la liberté :

:

Plus d'infortunés parmi nous.

Le despotisme affreux outrageait la nature:
Nos lois vengeront cette injure.

Soyez tous heureux : levez-vous !

Et le nègre satisfait s'écrie:

Holà! doux esclavage

Pour Congo, noir visage,

Bon blanc, pour nègre il est humain.

Beaumarchais est au fond un révolutionnaire modéré. L'émeute du Champ de Mars lui déplaît et l'épouvante; aussi répète-t-il avec le choeur des bons citoyens :

La liberté n'est pas d'abuser de ses droits,
La liberté consiste à n'obéir qu'aux lois.

Si avancé, si hardi que fût Tarare en 1787 et même en 1790, il se trouva bientôt dépassé. Certains vers parurent alors trop royalistes, tels que ceux-ci biffés par l'honnête Bailly lui-même :

Nous avons le meilleur des rois,
Jurons de mourir sous ses lois.

Cet opéra qui vint s'ajouter comme élément d'agitation au Mariage de Figaro, subit les destinées, les métamorphoses et les applications les plus diverses. Pièce monarchique et républicaine à la fois, révolutionnaire et conservatrice, pleine de témérités et de sages conseils, elle devient tour à tour une arme contre la Royauté et contre la Convention. Le Consulat, et plus tard la Restauration même, s'en emparent à leur profit: ce fut là sa dernière transformation. Tarare vécut ainsi trente-deux ans dans un perpétuel devenir; il est bien mort maintenant. Une pareille œuvre, en devenant un instrument de combat plutôt encore qu'un produit de l'art désintéressé, ne saurait gagner à toutes ces métamorphoses. Au point de vue littéraire, elle est des plus médiocres, et n'offre d'intérêt que par la curiosité rétrospective qui s'y attache, comme à une page de la Révolution mise en drame et en pantomime. L'auteur se vante d'avoir achevé par là cette sorte d'apostolat théâtral dont il se croyait investi par l'opinion. « Après avoir dit leur fait aux ministres, aux grands seigneurs, dans la comédie du Mariage de Figaro, il lui manquait encore de le dire de même aux prêtres et aux rois : il n'y avait que le sieur de Beaumarchais qui pût l'oser, et peut-être n'est-ce aussi qu'à lui qu'on pût le permettre. » Lorsqu'il ajoute à sa pièce le couronnement de

complément dans le couronnement de Tarare, l'An Ier de la lib nous vous l'offrons pour son anniversaire, 14 juillet 1790.

Beaumarchais a la phraséologie du temps l' phase et le mauvais goût, quand il cesse d'être quent et spirituel. Malgré ses services très réels soin qu'il prend d'en évoquer le souvenir, il n'en pas moins rayé sur la liste des représentants de commune. Accusé plus tard de tiédeur et de mo rantisme, il lui fallut prendre la route de l'exil.

Quelles qu'aient été les injustices et les ingratitu de la Révolution envers Beaumarchais, il n'en est moins resté un de ses plus fidèles et de ses p vaillants soldats. Par son Théâtre comme par Mémoires, il a plus qu'aucun autre hâté la 'ch d'une société qui tombait en dissolution: il tient place, au premier rang, parmi les précurseurs, penseurs et les écrivains de l'ère nouvelle. Il a e en tout et partout un chercheur, un oseur, un hom d'avant-garde, de progrès et de réforme, intempéra outré parfois dans l'expression, mais au fond raiso nable et modéré. Il s'est vu distancé à un certa moment, mais il n'en a pas moins donné le signal. I été un grand inspirateur, un grand moteur des espri jetant l'étincelle autour de lui, semant les idées da le champ de la politique, essayant de renouveler théâtre comme la société.

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En face de ce génie inquiet, tumultueux, militant, qui porte en lui toutes les agitations et les ardeurs de l'ère nouvelle, qui fait de la comédie ou de l'opéra un champ de bataille et de controverse politique et sociale, nous offrirons le contraste d'un talent pacifique entre tous, aimable parfois jusqu'à la fadeur, tendre jusqu'à l'afféterie, calme jusqu'à l'indolence; et pourtant ayant aussi ses aspirations libérales et philanthropiques, sa pointe de malice et de gaieté fraiche et souriante: nous voulons parler de Florian.

Par sa naissance, Florian, comme Almaviva, fils' d'une mère castillane, appartient à la classe des heureux et des privilégiés. Bien que son père et surtout son aïeul, grand dépensier, ne lui aient guère laissé qu'un nom, une fortune médiocre et un château délabré avec des dettes à payer, la vie a été pour lui douce et facile. « A dix-sept ans, dit-il, j'étais assez heureux pour avoir une maîtresse, un coup d'épée et un ami. » Il n'a pas connu les obstacles, les froissements, les mésaventures et les rancunes qui ont de

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