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A N. 1540.

le mot de feule, comme font les héretiques ; il ne les approuve pas non plus quand ils difent que les hommes par cette confiance en Jesus-Chrift font certains & affurez de leur falut, ce qui approche de Luther, qui enfeigne que tout baptifé qui croit, eft en état de falut. Il condamne encore ce qu'on lit dans cet article, que la conscience fe reproche toûjours quelque peché. Ce qui tombe dans l'erreur de Luther,qui dit que l'homme peche dans toutes fes bonnes œuvres. Le fecond article concernoit la communion fous les deux efpeces & l'abolition des meffes privées. Cochlée fait voir que les Lutheriens ont tort d'appeller la communion fous une efpece, une partie du facrement, & de rejetter le canon de la meffe. Le troifiéme article régarde l'ufage des clefs, que les héretiques réconno ffoient. Cochlée convient avec eux, mais il réleve l'abus qu'ils faifoient de ce pouvoir, en le mettant entre les mains de gens qui n'ont point été ordonnez prêtres. Sur le quatriéme article de l'inftitution legitime des miniftres, il convient de tout à l'exception que leurs miniftres élus & benis d'une nouvelle maniere n'ont aucun pouvoir, parce qu'ils ne font pas ordonnez par de légitimes évêques. Le cinquiéme article eft fur la liberté de fe marier accordée à tout le monde. Cochlée dit qu'il faut auparavant y faire confentir le pape & toutes les églifes. Enfin le fixiéme article eft de la liberté fur tout ce qui n'eft pas expreffément ordonné par la loi de Dieu, ce que Cochlée trouve directement contraire à l'autorité de l'églife, qui pouvoir de faire des loix & d'y obliger les

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le

Tome XXVIII.

V v

AN. 1540.

XCIII.

Ouvrage de Co

fideles. Cet auteur fit auffi un écrit contre le mariage du lantgrave de Hesse qui avoit épousé une feconde femme la premiere vivante, fur l'apchlee touchant le probation de Luther & des autres théologiens de fa fecte, comme on l'a dit plus haut. Cochlée prouve dans cet écrit par l'autorité de l'ancien & du nouveau teftament, que la polygamie eft défendue,& qu'il n'eft pas permis à un chrétien d'avoir plufieurs femmes enfemble.

fecond mariage du lantgrave.

Cochlaus ad ann.

1540.

XCIV. Cenfures de la fa

de Paris.

D'Argentré coll. judic. de novis

error. tom. I. in

appendice pag. 10. in tom. 2. pag. 10. & feq.

le

rapport

:

L'on trouve auffi quelques cenfures de la culté de théologie faculté de théologie de Paris, faites dans cette année le quinziéme de Janvier elle entendit du docteur Berton touchant un ouvrad'Erafme, qu'on renvoïa à un autre examen. ge Le dernier du même mois le docteur Merlin requit qu'on condamnât les livres de Melanchton, & fur l'inftance de Loüis Guillard évêque de Chartres, le manuel du foldat chrétien d'Erafme fut condamné. Enfin le dix feptiéme d'Août on qualifia quelques propofitions envoïées à la faculté par l'univerfité de Caën, & l'on ftatua qu'on lui envoïeroit ces qualifications par des voïes fûres. Voici de quoi il s'agiffoit dans ces propofitions, qui font au nombre de fept; la premiere étoit conçue en ces termes, faifant ainfi parler Jesus-Chrift. Je vais à mon Pere pour faire l'homme Dieu, je vais par ma mort qui a ôté l'enfer, le diable, le peché & la mort. La faculté dit, que quoique Jefus-Chrift ait rendu par fa paffion les hommes participans de fa divinité, qu'il ait vaincu la mort & diminué les forces du demon, on ne lit pas cependant dans l'écriture qu'il ait ôté

l'enfer, ce qui favoriferoit l'erreur de certains héretiques impofteurs qui foutiennent qu'il n'y a point d'enfer. La feconde : Tu es marri de tes pechez, tu fais satisfaction. Tu n'y fais rien, mais Dieu fait tout ce qui eft l'erreur de Luther ennemi du libre arbitre. La troifiéme qui enfeignoit que l'homme ne voïoit en lui, ni dans les autres aucunes vertus avec lefquels il puiffe fe relever de fes pechez, eft condamnée comme héretique, parce qu'elle ôte toute préparation à la penitence. La quatriéme enfeignoit que l'homme en peché mortel eft fait enfant de Dieu, en entendant la parole de Dieu; ce qui eft héretique, fourniffant aux fimples l'occafion de croire que la feule parole de Dieu fuffit pour être fauvé. La cinquiéme dit, qu'un homme infidele qui entend la prédication de l'évangile & y croit, eft juftifié, & fait enfant de Dieu par l'efprit de Dieu, qui le reçoit dans la foi qu'il a en l'évangile. Propofition qui doit être expliquée avec plus d'étendue, afin que le peuple ne croïe pas que la feule foi justific. La fixieme, que le facrement de l'autel n'eft qu'un figne, non plus que le facrement de baptême. Propofition qui eft déclarée manifeftement héretique, impie & pleine de blafphêmes. La feptième enfin regarde encore la comparaifon de l'euchariftie avec le baptême, & femble nier la prefence réelle, en quoi elle eft encore condamnée.

Comme le temps indiqué pour la diéte de Ratifbonne étoit proche, le pape fit partir le cardinal Contarin pour y affifter en qualité de légat.

A N. 1540.

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Sleidan in comm.

lib. 13. p. 431.

conc. Trid. lib. 4. 6.13.

Il lui donna pour l'accompagner des perfonnes inA N. 1541. ftruites des interêts de la cour de Rome, avec quelques notaires pour paffer acte de tout ce qui fe trai Pallavic. in hift. teroit, & lui fit promettie d'interrompre la diéte, plûtôt que de fouffrir qu'il s'y fit quelque chofe au préjudice du fint fiége, en propofant le concile general comme l'unique remede; & que s'il arrivoit que l'empereur fût obligé d'accorder aux Proteftans quelques articles qui fuflent au defavantage des Catholiques, il s'y oppoferoit au nom du faint fiége, en déclarant nul tout ce qui feroit fait, & enfuite fe retireroit de la diéte, mais non pas d'auprès de l'empereur, à moins qu'il ne reçut de nouveaux ordres de la cour de Rome..

XCVI.

de l'empereur &

tisbonne.

Pallavic. ut fupràn. 5..

Le légat fut le premier qui arriva à Ratisbonne Arrivée du légat fur la fin du mois de Mars; après lui vinrent les audes princes à Ra- tres princes, & enfin l'empereur en perfonne à qui le lantgrave alla auffi-tôt faire fa cour, & dont il fut reçu avec beaucoup de bonté. L'électeur de Saxe y envoïà une ambassade magnifique, & des théologiens, parmi lefquels étoient Melanchton, Bucer, Pifterius & d'autres; les Catholiques avoient auffi les leurs : fçavoir, Jean Eckius, Jean Gropper & Jules Phlug. On y vit auffi l'électeur de Brandebourg, Frederic & Othon Henri princes Palatins, Guillaume & Louis ducs de Baviere, Henri de Brunswick, Charles prince de Savoie, George de Brandebourg, Philippe duc de Pomeranie, l'archevêque de Maïence, les évêques de Saltzbourg, de Brême, de Bamberg, de Spire, d'Aufbourg,d'Eifter, de Conftance, de Hildesheim; de Brixen & de

Paffaw. Le légat Contarin eut plufieurs conferences avec l'empereur, avant l'ouverture de la diéte, il tâ- A N. 1541, cha de le porter à la paix, & ce prince aïant laissé échapper là-dessus une parole fans beaucoup de reflexion; le cardinal en prit occafion de lui demander d'une voix plaintive & en foupirant, quand il y auroit lieu d'efperer la paix, & ajoûta que les Chrétiens ne fouhaitoient rien avec plus d'ardeur. Charles V. furpris de cette demande, répondit qu'il ne tenoit pas à lui, qu'il avoit offert des conditions très-équitables, mais que le roi de France ne vouloit pas le traiter en frere, mais en maître.

XCVII. Premiere féance de la diéte de Ratisbonne. Sleidan. ut fuprav

Pallav. 1.4. c. 34.

Belcar. in comm. ib, 22, n. 498

Le temps d'ouvrir la diéte étant arrivé, on tint la premiere féance le cinquiéme d'Avril, dans laquelle on expofa de la part de l'empereur, que les differens de la religion aïant été caufe dans l'Emb. 13. p. 435. pire de grandes divifions qui avoient donné licu au Turc de s'avancer jufques dans le fein de l'Allemagne ; il s'étoit toûjours appliqué à chercher le moïen de les pacifier; que n'en trouvant point de meilleur que d'affembler un concile general, comme il avoit été arrêté dans la derniere diéte de Ratisbonne, il avoit fait deux fois le voïage d'Italie, la premiere pour en traiter avec le pape Clement VII. & la feconde avec Paul III. qui y avoit confenti fans peine : mais que la guerre étant furvenue & aïant toûjours jufques à prefent empêché: l'execution de ce deffein, il a convoqué enfin cette diéte, & y eft venu lui-même malgré fes grandes occupations; que de plus il a follicité le pape d'y envoier fon légat, felon la teneur du décret de Haguenau, & que fa fainteté a nommé.

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