L'OFFICIER.. Il y a encore un homme qui fe dit Médecin, & qui prétend guérir toutes les maladies préfentes, paffées & à venir, avec une liqueur que les ignorans prendraient pour de l'eau de la Seine. MOM U S.. Je le crois; ce ne font pas les Porteurs d'eau qui tirent le meilleur parti de la riviere..... Cependant fi le Médecin a bien des pratiques, il n'y a qu'à le relâcher; allez M, l'Officier, voilà. qui eft bien. Le Carnaval ivre & s'appuyant fur Arlequin, arrive en chantant: Bachus laiffe-moi foupirer:. Amour laiffe-moi boire. Il apperçoit Momus, & fe plaint à lui des rigueurs de la Folie, qui fe rit de fes plus tendres foupirs.. La Folie furvient, le Carnaval & alle s'expliquent fur leur rupture, &.le: Carnaval fort avec Arlequin, en chan tant. Allons à la Guinguette, allons, &c. il Momus fort quelque temps après, &: laiffe la Folie feule, l'Amour vient à elle, & fur ce qu'elle paraît surprise de le voir fi-tôt de retour de Cythere; l'Amour lui dit que depuis qu'il a goûté l'Architecture moderne de fes temples de Paffy & du moulin de Javelles, ne peut plus s'accommoder de ceux de Paphos & d' Amathonte, où il n'y a ni chambre fecrette, ni efcalier dérobé: depuis que je fuis grand garçon, je ne fuis plus fi difficile au coucher, lit de camp, botte de paille, gazon, tout m'accommode.. La FOL I E.. que dira Pfiché? Mais, que L'AMOUR. Je ne l'aime plus.. La FOLIE Et qui eft celle qui fait à préfent votre bonheur? L'AMOUR.. Vous La FOLI E Vous êtes bien concis. L'AMOUR. Oh! diable, depuis quelques années; j'ai quitté tout ce verbiage pompeux, dont je me fervais dans lés Romans, je fuis devenu aufli laconique qu'un Caiffier, à qui l'on demande de l'argent. La FOLIE. Et vous répondez auffi facilement oui, qu'il dit toujours non. L'AMOUR. Mais en récompenfe, fi je parle peu; je gefticule beaucoup. La FOLI E. Vous avez raifon, car vous ne fçau riez le faire qu'avec grace.. L'AMOUR. Ma foi, vous l'entendez; vous fçavez, fans doute que les geftes expriment mieux que les paroles. lės La. F OL I E. Ma foi, mon cher Amour, fi vous n'aimez plus Pfiché, je vous avouerai que je n'aime plus le Carnaval; c'est vous que j'ai destiné à le remplacer ; il y a long-temps que notre union aurait dû fe faire, &c. Elle lui apprend enfuite qu'elle a ordonné une fête pour lui, & qu'elle va fe parer pour y briller davantage; elle fort, & Pfiché arrive & fait à l'Amour de grands reproches fur fon infidélité; l'Amour lui répond fort cavalierement. PSICHÉ. Hélas! lorfque j'étais fille, vous ne me parliez pas ainfi. L'AMOUR. Lorfque vous êtiez fille, j'étais garçon c'eft fort différent; mais faifons mieux, féparons-nous. PSICHÉ. Non, non, cela ne fera pas ainfi ; je plaiderai; je fuis jeune; je folliciterai,, & nous verrons. L'AMOUR. Il vous reste une meilleure reffource; foyez coquette; Mars vous lorgne, ma mere s'y connaît bien, & l'on peut en toute affurance faire emplette d'un gay lant qu'elle a marchandé. PSICHÉ. Allez, Monfieur, je ne veux point des reftes de votre mere Vénus. L'AMOUR. C'est avoir l'appetit glouton. Pfiché outrée des mépris de l'Amour; :s'évanouit entre fes bras; Momus arrive fort à propos pour l'aider à la placer fur un fiége de gazon; l'Amour lui demande fon fecours, non pour la faire revenir, mais pour l'en délivrer; Momus rêve un inftant... Il lui dit qu'il en a trouvé le moyen, qu'il va l'exécuter. L'Amour fort, & Momus évoque le fleuve Lethé, à qui il demande de fon eau, pour faire boire à deux Amans qui commencent à ne plus s'aimer. Le fleuve lui demande à quoi fes eaux font bonnes; on voit bien, répond Momus, que vous êtes le fleuve Lethé, il n'y a que lui qui puiffe oublier fon mérite : que feroit-on fans vos eaux? C'eft par leur moyen qu'on voit tous les jours ides Barbons qui oublient leur âge; des faquins qui oublient leur naiffance, des grands Seigneurs qui oublient leurs det |