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au Jardin & lui faire bien rifoler le teint au foleil, 'afin d'en dégouter fon fils en cas qu'il la retrouvât. C'eft dans ce village & chez ce Jardinier, que Trivelin la découvre & lui vient rendre une lettre fort tendre de la part de Mario. Fatime après l'avoir lue, prie Trivelin d'éloigner, s'il. fe peut, les poursuites de Mario.

Je ne fuis pas affez ingrate, dit-elle,. pour le haïr; il a eu la générofité de ne me point ôter les pierreries dont on m'avait ornée pour plaire au Grand Seigneur, il m'a bien traitée jusqu'à préfent; je n'aurai pas moins de générofité que lui; il eft riche & de qualité, il m'aime & veut m'époufer; moi qui n'étais qu'une Efclave & qui ne fuis peut-être que la fille d'un Payfan, qu'arriverait-il de là? Je lui attirerais la haine de fa famille, les regrets fuccéderaient bientôt à l'amour, & au lieu d'être Efclave à Conftantinople, je le ferais à Venife. J'aime Mario, il eft vrai, mais je n'unirai mon fort qu'à celui d'un Payfan dont je ferai la fortune en vendant les bijoux qui me font reftés.. Trivelin lui demande au moins un mot de réponse pour Mario, & Fatime fort pour la lui écrire. Trivelin

refté feul, réfléchit qu'il eft plus avantageux pour lui que Fatime épouse un Payfan, & il abandonne les intérêts de Mario. Arlequin arrive en rêvant, Trivelin lui propofe de fe charger de remettre à Mario, la lettre que la Signora Fatima va lui donner; Arlequin ne parait pas l'écouter, Trivelin continue & lui dit: Je donnerai un beau ruban pour en faire préfent à Nina, ta bonne amie

ARLEQUIN.

Que dites-vous de Nina? Où eft Nina? Où eft-elle ?

TRIVELIN.

Ah! Ah! Le nom de Nina te ré veille, tu l'attends ici je gage.

ARLEQUIN.

Signor, fi.

TRIVELIN.

La Signora Fatima va venir ici te donner une lettre que tu m'apporteras, & je te donnerai de quoi faire demain, à la foire, un joli préfent à Nina, m'entens-tu?

ARLEQUIN.

A Nina?

TRIVELIN

Qui à Nina.

ARLEQUIN.

Un préfent?

TRIVELIN.

Oui, un préfent, qui la rendra encore plus belle.

Arlequin confond la lettre & le préfent, Nina & Fatima, ce qui produit uue fcêne entre lui & Trivelin, qui finit par lui dire; refte feulement ici; la Signora Fatima va venir qui t'expliquera le refte.

ARLEQUIN.

Oui, j'attendrai ici Nina, car elle m'a promis d'y venir.

Arlequin feul cherche différens amufemens en attendant l'arrivée de Nina, car, dit-il, il n'y a rien qui cause plus d'ennui que de s'ennuyer; mais il ne peut parvenir à fe diftraire. Ah! continue-t-il, malheureux que je fuis, elle ne viendra pas, je meurs d'impatience; je fuis mort, me voila enterré. Il fe couche & fait le mort.

ΝΙΝΑ.

Arlequino mio.

ARLEQUIN.

J'entens une voix qui me reffufcite, Nina, mia cara, te voilà donc enfin?

NINA.

Oui me voilà, me voilà, tiens me vois-tu ?

ARLEQUIN.

Oui, je te vois, je crains encore de me tromper, es-tu Nina? Affurément.

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Je crois que tu as raison, viens donc que je t'embraffe, que je te mange.

NINA.

Bellement donc, point de folie; je fommes dans le village, je ne fommes pas aux champs.

ARLEQUIN.

Dans le village! Eh! qu'importe?

NINA.

Si fait vraiment ça importe, ylia ici

tout plein de contrôleux.

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ARLEQUIN.

Mais quand je rions ensemble par bonne amiquié, gnia rien à contrôler, ça ne fait mal à perfonne.

NINA.

C'est ce qui me femble itou; & fi pourtant on ne trouve pas bon que les filles batifollent avec les garçons, à caufe qu'on dit que l'honneur ne veut pas le permettre.

FATIME, à part.

Voici une conversation qui doit être curieufe; écoutons.

ARLEQUIN.

L'honneur! l'honneur! l'honneur est une bête; car puisque j'ai de l'amitié pour toi, la raifon veut que tu en ayes pour moi ; & la raifon eft plus raifonnable que l'honneur.

'Affurément.

ΝΙΝΑ,

ARLEQUIN.

Je n'entens parler que de ft'honneur; qui eft-il donc, l'honneur ? Apprens-le

moi,

NINA.

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