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prit l'habit de l'Ordre de faint Benoît. Mais la guerre aïant CHANOLécarté la plupart des Chanoineffes de Remiremont, l'Obfer- NESSES vance des Decrets aïant été négligée, son autorité n'étant MONT.. plus fuffifante pour les faire executer, & recevant tous les jours des contradictions continuelles de la part de ces Dames, elle quitta fon Abbaïe pour venir à Paris en 1643. auprès de la Ducheffe d'Orleans sa niéce, où elle mourut l'an 1648.

Elifabeth d'Orleans lui aïant fuccedé à l'âge de deux ans, & aïant été Abbeffe jufqu'en 1658. Marie-Anne de Lorraine aïant été auffi Abbeffe à l'âge de fept ans, & Dorothée Princeffe de Salms n'aïant que dix ans lorfqu'elle fut éluë en 1661. les minorités de ces Princeffes, & les guerres furvenuës en Lorraine, empêcherent l'execution du Reglement fait par l'Evêque d'Adrie. Mais la Princeffe de Salms étant retournée à Remiremont, d'où elle s'étoit abfentée pendant quelques années à caufe des guerres, propofa à fon Chapitre d'executer ce Reglement, & fur le refus qui en fut fait par une Déliberation du Chapitre, elle demanda au Roi de France Louis XIV. qui étoit pour lors en poffeffion du Duché de Lorraine, la permiffion de s'adreffer à Rome pour avoir un Vifiteur in partibus. Sa Majesté voulant terminer les differends de ces Dames à l'amiable, leur propofa M. l'Archevêque de Paris, François de Harlay de Chanvalon, & le Pere de la Chaize fon Confeffeur, pour en être les Mediateurs. Elles les accepterent, & leur envoïerent leurs pouvoirs. Il y eut plufieurs écrits de part & d'autre ; & enfin cette affaire fut terminée, par le moïen des nouveaux Reglemens qui furent propofés & acceptés en 1699.

Dans l'un des écrits qui furent produits de la part de ces Chanoineffes; elles prétendoient que l'on n'avoit jamais fait profeffion de la vie Monaftique dans leur Abbaïe. Mais la Princesse Catherine de Lorraine étoit fi perfuadée du contraire, & que les Abbeffes de Remiremont font obligées de faire des vœux folemnels, qu'elle fit profeffion, & přit l'habit de l'Ordre de faint Benoît, comme nous l'avons dit cideffus.

La Regle de faint Benoît n'a pas toûjours été obfervée dans cette Abbaïe: car faint Romaric y fit garder la même qui s'obfervoit à Luxeu, qui étoit celle de faint Colomban s

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peu de tems après la Regle de faint Benoît aïant été adoptée par les difciples de faint Colomban,elle fut auffi suivie à Remiremont, & les premiers Commiffaires qui avoient été nommés parle Pape Paul V. pour faire la vifite de cette Abbaïe en rendant compte à ce Pontife de ce qu'ils avoient fait, ne parlent que de la Regle de faint Benoît.

Ces Prélats diftinguent ce Monaftere en trois differents états le premier depuis fa fondation jufqu'à la destruction » des Huns; le deuxiéme depuis qu'il fut rétabli dans la plai» ne jusqu'à la fin du treiziéme fiécle ; & le troifiéme, depuis » ce tems-là jufqu'à la vifite; & dans ces trois états, ils difent » que la Regle de faint Benoît y étoit gardée : que dans le premier état il y avoit deux maisons d'hommes, & fept de Religieufes : que dans chaque maison il y avoit douze personnes vivant en Communauté, qui fe fuccedoient les uns » aux autres le jour & la nuit dans les divins Offices : que >> toutes ces maisons étoient fituées fur la montagne qui a été depuis appellée le faint Mont: Que les Moines avoient la direction fpirituelle des Religieufes:qu'il y en avoit un qui fous le nom de Syndic avoit foin de leurs affaires temporelles : que dans la plaine, où leur principale ferme étoit située, il y avoit mille Freres Convers & ferviteurs.

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Dans le deuxième état, le même inftitut y fut obfervé, » mais deux cens ans après ou environ, les Moines fe laffant de la direction des Religieufes, les abandonnerent. Elles fe servirent de Prêtres féculiers pour leur administrer les Sa» cremens, & substituerent à la place du Syndic, des perfon»nes nobles, qui fous la qualité d'Officiers de ces Religieufes,. » avoient le maniment de leurs affaires temporelles. La difcipline Reguliere commença pour lors à s'aneantir, la Mense Abbatiale fut féparée de la Conventuelle au commencement du quatorziéme fiécle; la Menfe Conventuelle fut auffi divifée en prébendes, & depuis ce tems-là on ne fe mit point " en peine d'y rétablir la régularité. Les Abbeffes affecterent pour lors les honneurs féculiers. La qualité de Princeffes de l'Empire leur fut donnée par l'Empereur Albert, & les Religieufes s'étudierent à bannir de ce Monaftere tout ce qui pouvoit avoir apparence de Regularité, & ne voulurent plus recevoir parmi elles que des filles nobles qui fiffent preuve de Nobleffe de quatre races, tant du côté paternel que maternel.

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Enfin dans le troifiéme état, la licence étoit arrivée à un tel point, que vers l'an 1515. les Religieufes quitterent ce nom pour prendre celui de Chanoineffes, & l'Abbeffe avec quelques autres feulement garderent toûjours la Regle de MONI. faint Benoît. Peu à peu elles quitterent leurs habillemens de Religieufes, & il n'y avoit pas long tems qu'elles avoient quitté le cuculle, lorfque les Vifiteurs Apoftoliques firent auffi la description de cette Abbaïe dans les Lettres qu'ils écrivirent au Pape Paul V. où ils ajoûtent encore que felon les Actes & les Regiftres de cette Eglife, tant anciens que nouveaux, & fi l'on juge par les cérémonies modernes, par le Breviaire de l'Ordre de faint Benoît, dont elles fe fervoient, par quelque refte d'habit regulier, par la profession, de l'Abbeffe, par la lecture qu'elles faifoient tous les jours à Complies, de la Regle de faint Benoît, & enfin par plufieurs autres pratiques regulieres; on ne pouvoit pas douter & que le Monaftere ne fût veritablement de l'Ordre de faint Benoît. Après quoi ils expofent au Pape l'état présent de ce Monaftere, & demandent à fa Sainteté qu'il lui plût trouver « un expedient pour mettre les confciences en repos en leur .. prescrivant une maniere de vie qui fût approuvée du faint « Siége.

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Quoique ces Vifiteurs Apoftoliques marquent que ce fut Invent. des au commencement du quatorziéme fiécle, que la Menle titres de Conventuelle fut divifée en Prébendes ; il paroît néanmoins Tréfor des par des Lettres de l'Empereur Henri V. du huit des Kalen- Chartres du des de Février de l'an 113.que l'on parloit déja de Prébendes demirem. en cette Abbaïe, & que les Religieufes y étoient déja appel- n. 2. lées Dames: car cet Empereur par ces Lettres, faifant mention de la fondation de cette Abbaïe, & de la protection que les Empereurs fes prédéceffeurs lui avoient donnée, dit que par la négligence & la fimplicité de quelques Abbeffes, les biens en étoient fort diminués, & les Prébendes des Dames réduites prefque à rien: ce qui avoit obligé l'Abbeffe Gifle d'avoir recours à fon autorité pour être rétablie dans la poffeffion des biens ufurpés. C'eft pourquoi par l'entremise de l'Imperatrice Malthide fon époufe, des Evêques Othon de Bemberg, Burchard de Munster, d'Adalberon de Metz, &c. il avoit ordonné que la Prébende de Vinoy, ufurpée injustement feroit renduë. Et quoique ces mêmes

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CHANOI Visiteurs marquent auffi que ce fut vers l'an 1515. que NESSES DE Dames de Remiremont quitterent le nom de Religieufes

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pour prendre celui de Chanoineffes : il paroît néanmoins par plufieurs titres qu'on leur a encore donné ce nom plufieurs années après, entr'autres par un Acte Capitulaire du douze Septembre 1566. qui décharge Pierre Peltrement de Besançon de ce qu'il a geré & adminiftré pour les Dames Religieufes de Remiremont, & ratifie ce qu'il a fait auprès de fa Majefté Imperiale, Etats & Princes de l'Empire, au nom de ces Dames pour procurer le bien de leur Eglife contre les entreprises du Duc de Lorraine. Enfin quoique ces Vifiteurs Apoftoliques difent que dans les trois differens Etats, la Regle de faint Benoît a toujours été obfervée dans cette Abbaïe: celle de faint Colomban y fut néanmoins pratiquée, au rapport de Jonas, qui a écrit la Vie de faint Euftase, Abbé de Luxeu. Elle fut jointe dans la fuite à celle de faint Benoît; & enfin peu de tems après, la Regle de ce faint Patriarche des Moines d'Occident prévalut fur celle de faint Colomban, & y fut obfervée feule, comme nous avons déja dit.

Ibid. n. 17. Les Dames de Remiremont ne peuvent pas difconvenis qu'elles n'aïent eu autrefois une Regle,puifque par un Acte figné de l'Abbeffe, qui gouvernoit ce Monaftere l'an 1231. de la Doïenne, de la Tréforiere, & de tout le Couvent de Remiremont, elles déclarent qu'attendu la defolation, les injures, & les oppreffions qu'on leur fait de toutes parts, elles s'obligent en tant que leur permet leur Regle,que fi aucun Duc, ou Avoné leur porte à l'avenir aucun dommage, injure, ou grief, il n'obtiendra jamais pardon de leur Eglife, qu'il n'ait reftitué toutes les prifes qu'il aura faites fur elles où fur leurs gens, ou ne leur ait affigné un fonds en dédommagement i ce qu'elles promettent par ferment d'observer.

Cette Regle étoit celle de faint Benoît, puifque les Souverains Pontifes & les Empereurs dans les Privileges qu'ils ont accordés à cette Maifon,l'ont toûjours reconnue comme étant de l'Ordre de faint Benoît. Les Dames mêmes de Remiremont n'ont point rougi autrefois d'être Filles de ce Saint. C'est ainsi qu'elles fe qualifient dans un Acte de l'an 1286. où la Doïenne, & les autres Dames voulant établir un tréfor commun, parlent en cette maniere: Nos Alaydis,dicta de

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Maroyo Decana, totufque Conventus Monafterii Romaricen- CHANOI fis Ordinis S. Benedicti. Dans un Acte paffé l'année suivante, elles fe fervent des mêmes termes, auffi bien que dans plu- MONT. fieurs autres où ces Dames promettent fous la foi de leur Religion, c'est à-dire de leurs vœux, de garder inviolablement le Traité qu'elles faifoient par ces Actes.

Mais ce qui prouve encore qu'elles ont été Religieufes de l'Ordre de faint Benoît ; c'eft un Acte paffé le 25. Novembre 1403. devant le grand portail du château de Dinevire, par lequel Nobles Demoifelles Waubrune de Blamont, âgee de Ibid.n.32 quinze ans au plus, & Jeanne sa fæur, âgée de quatorze ans au plus, hors de toute tutelle & mainbournie, par plufieurs bonnes & raisonnables causes, par bonne & pure devotion,ont refolu de fe retirer & entrer en Religion, & y vivre felon les Regle & Difcipline de faint Benoit au Monaftere des Dames Religieufes, Abbeffe & Chapitre de Remiremont, & en leur Congregation & Compagnie,du confentement du Seigneur de Blamont leur pere prefent, renonçant au profit de leurs autres freres & fœurs à tous les biens & heritages quelconques qui pourroient leur écheoir, à la referve de quinze livrées de terre, de vingt gros par livrée, pour chacune d'elles pendant leur vie; ce qu'elles declarent en prefence du Seigneur de Blamont leur pere, de Thierri d'Augevillers, Abbé de Marmounfter, Geoffroi Abbé de aint Sauveur de Vofge,& autres. Et le Roi de France Charles VII. en prenant fous fa protection cette Abbaïe par ses Lettres Patentes du mois d'Octobre de l'an 1444. déclare que c'est à cause que l'Eglife de Remiremont eft très belle & notable de grande aucienneté & fondation, bien & loüablement deffervie de grande quantité de Religieu fes, toutes extraites de noble lignage de Chevalerie qui y sont inftituées de toute ancienneté.

Il eft certain que la proprieté qui s'étoit introduite parmi ces Religieufes, a beaucoup contribué au relâchement; mais les guerres ont entierement banni la Regularité de leur Monaftere. C'est ce qui fe voit par les Lettres de Jean, fils du Roi de Jerufalem, Duc de Lorraine & de Bar, du 19. Juin 8. adreffées au Marêchal de Lorraine, & aux Baillis de Nancy, de Vofge & de Baffigni, aufquels il fait fçavoir que les Dames Religieufes, Abbeffe, Doïenne, & tout le Chapitre de Remiremont lui ont représenté qu'elles avoient été

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Tome VI.

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