par des perfonnes parées fort immodeftement, qui donnent aux maximes pernicieuses qu'elles débitent dans les rôles qu'elles jouent, tout l'agré ment du chant & de la decla mation, & qui ne prennent peut-être que trop fouvent les paffions qu'elles` semblent feindre, ou du moins qui ne travaillent qu'à les infpirer

aux autres.

Ces représentations donnent lieu à des rencontres & à des entrevûës trés-fatales à l'innocence. On y vient avec un cœur fort difpofé à recevoir les impreffions les plus fâcheufes. Tout ce qu'on y voit, & tout ce qu'on y entend excite & entretient ces impreffions. Parmi tant de dangers & tant d'écüeils, comment la vertu & l'innocence

S

pourroient-elles fe foûtenir & fe fauver? La fainteté la plus affermie & la plus confommée tremble, & ne fe croit pas en affurance dans les retraites les plus écartées. Saint Jerôme, & tant d'autres fe plaignoient que les phantomes des objets dangereux, qui s'étoient autrefois peints à leurs yeux, venoient les af faillir jufques dans leurs grottes, jufqu'au milieu des exercices de la plus rigoureuse penitence, & les auroient mis en danger de fuccomber, s'ils n'avoient été foûtenus par le fouvenir continuel des Juge. mens du Seigneur : & de jeunes perfonnes avec une vertu trés-foible, avec des paffions fort vives & un cœur fort tendre, fe croiront affez fermes pour s'exposer à un dan

ger fi certain & fi évident Auffi ne connoît - on que trop par une trifte experience, quelles font les fuites de l'af fiduité qu'on a à ces fpectacles. L'oubli de Dieu, l'éloignement des Sacremens, la negligence de fes devoirs, le libertinage & l'irreligion; voi là où ces funeftes divertiffemens conduisent ordinairement ceux qui y afsistent : du moins n'arrive-t-il pas communément qu'on y perde le précieux tréfor de la grace, & que la pudeur y reçoive des atteintes mortelles, aufquelles on ne peut prefque plus apporter de remede ? Une jeune perfonne vient au spectacle, comme dit S. Cyprien, avec un cœur encore pur & chafte, & elle en fort avec un cœur tout gâté & tout cor

rompu. Tant d'images dan gereuses qui restent dans l'es prit, & qui donnent naissance à une foule de mauvaises penfées; tant de vers tendres & de chanfons paffionnées, qui font autant de leçons d'un amour prophane & criminel, & dont le fouvenir, qui ne peut prefque plus s'effacer, fait couler fans ceffe dans l'a me un poison fubtil & mortel; c'eft ce que la jeuneffe en rapporte, & ce qui cause ensuite cette corruption de mœurs dont on ne peut trop gemir,

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CHAPITRE IX.

De l'ufage qu'on doit faire des Croix.

Elon les vrays principes de

Sla Religion, ce n'eft pas

un malheur pour un Chrétien de fouffrir & d'avoir en cette vie quelque Croix à porter puifque Jefus-Chrift nous af fure, qu'heureux font ceux qui fouffrent, & qu'on ne peut être fon Difciple fans porter fa Croix : mais c'est un grand malheur de ne pas fouf. frir Chrétiennement, & de ne pas faire un bon ufage de fes Croix: Les fouffrances font le tréfor caché de l'Evangile, que tout le monde