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Le prix d'une action bien moins que son danger.
A côté du succes je mesure la chute;

Et, certain de tomber, je marche et j'exécute1.

Que n'avons-nous ici le vers de Corneille et le accents de Cléopâtre dans Rodogune, pour ex cette fièvre d'ambition qui va droit au crime à l'abime, sans hésiter!

Sous les traits de Duricrane, Laya a esqui des plus hideuses figures dont l'histoire ait g souvenir, ce Marat que Pétion dénonce en ces t « Si ses folies n'étaient pas féroces, il n'y aura d'aussi ridicule que cet être que la nature avoir marqué du sceau de sa réprobation »>. de Robespierre, journaliste, policier, délateur, a des secrets qu'il peut saisir, pourvoyeur de la tine et des prisons, il est fier de son talent:

J'ai dénoncé dans moins d'une quinza

Huit complots coup sur coup; c'est quatre la semai
Peu de bons citoyens, sans me vanter, je crois,
En ont su découvrir tout au plus un par mois 2.

C'est lui qui surprend et vole la liste des m reux secourus par Forlis, et dont il va faire aut conspirateurs. Peut-on dire que le poète l'ait er Non, la chose était impossible. On dirait plutô est demeuré au-dessous de l'original. Si odieu soit Duricrane, il n'a point cette fureur de haine

1. Acte V, scène iv. 2. Acte II, scène III.

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Laya nous offre ici des silhouettes plu que des portraits. C'était déjà beaucoup d'exposer ainsi de profil, crayonnées à pareilles figures, dont l'aspect seul faisait culer nombre de gens. Il est des heures tômes suffisent à épouvanter : qu'est-ce do ces fantômes s'ajoutent d'effroyables réali

Parmi ces sinistres physionomies, on p dant en citer une presque comique; celle de l'économiste, qui propose de supprimer vice et la propriété, pour assurer le bonhe sel. Rien de plus simple et de plus logiqu que ce système, dont Babeuf est devenu l'a

De la propriété découlent à longs flots
Les vices, les horreurs, Messieurs, tous les fléa
Sans la propriété point de voleurs; sans elle
Point de supplice donc la suite est naturelle.
Point d'avares, les biens ne pouvant s'acquéri
D'intrigants, les emplois n'étant plus à courir;
De libertins, la femme, accorte et toute bonne
Étant à tout le monde, et n'étant à personne.

Dans votre république, un pauvre bètement
Demande au riche: abus! Dans la mienne, il l
Tout est commun; le vol n'est plus vol, c'est ju
J'abolis la vertu pour mieux tuer le vice 2.

1. Charlotte Corday, acte IV, scène vii.
2. Acte III, scène III.

de la pente criminelle sur laquelle on l'entraî

Ces deux enragés-là, Nomophage surtout,
Ont fait un intrigant de moi, contre mon goût.
J'étais né pour la vie honnête et sédentaire :
C'est le plus grand des maux qu'être sans caractèr

Filto est partagé entre son admiration pour phage et sa pitié pour l'honnête Forlis. Enfin l'emporte, quand il a reconnu le lâche com son maître; et, s'adressant à Forlis, il s'écrie:

Sous le crime abattu,

Je puis près de vous seul renaître à la vertu '.

Cet exemple, qui pouvait détacher plus d'u lonté chancelante du parti de Robespierre, ét tentation et un danger. On comprend l'opp furieuse de la Commune et du parti jacobin con pareille œuvre. Elle fut représentée néanmoins au courage de l'auteur et à l'appui de la Conv Une dictature l'eût interdite : une assemblée risa. Soutenu par la voix publique, Laya tri de tous les obstacles. Grande leçon pour les sateurs de terrorisme. Un gouvernement, que soit, conservateur ou révolutionnaire, monar ou républicain, engage une partie impossible il essaye de violenter les consciences, de

1. Acte V, scène vi.

les pudeurs et les antipathies de l'opinion. Robespierre y échoua, malgré le régime d'intimidation qu'il avait établi sur toute la France, comme y échoueraient à la longue tous ceux qui tenteraient de l'imiter. Un petit homme faible, chétif, n'ayant pour résister à la violence et aux menaces qu'une humble plume et un mince filet de voix, saura tenir tête à toutes les puissances comme à toutes les passions du jour, les plus brutales et les moins scrupuleuses. Et comment? En devenant l'écho de la justice, de la raison et de la vérité. Ne serait-ce pas le cas de rappeler cette admirable page de Pascal dans la 12o lettre à un Provincial :

<«< C'est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaye d'opprimer la vérité. Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu'à la relever davantage. »-On connaît le reste. - Tel est le genre d'impression que vous laisse la pièce de Laya. A défaut d'une haute leçon littéraire qu'on ne saurait y chercher, elle nous offre une haute leçon morale. Dans un temps où les caractères sont encore plus rares que les talents, il n'est pas inutile de rappeler ces droits imprescriptibles de la conscience humaine et cet exemple de la résistance légale, qui est, à certaines heures, la seule ressource des honnêtes gens.

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CHAPITRE XXXI

LA COMÉDIE POLITIQUE ET SOCIALE AU TEMPS
DE LA RÉVOLUTION (fin).

Pièces jacobines: Le Jugement dernier des rois.
du Vatican ou le Mariage du Pape.

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La Journée

La Papesse Jeanne.

L'Époux républicain. Pièces thermidoriennes : Le Bon Fer-
mier. - L'Intérieur des Comités révolutionnaires.
des Jacobins.

Le Souper

Le Directoire: Madame Angot. Le 18 Brumaire, vaudevilles réactionnaires : Une Journée de Saint-Cloud ou la Pêche aux Jacobins, etc. Nouvelles destinées de la comédie.

L'Ami des lois était un dernier effort du parti constitutionnel et modéré, bientôt proscrit avec les Girondins. Les Jacobins, maîtres du théâtre comme de tout le reste, y apportent leurs violences et leurs saturnales dramatiques, qui ne sont pas toujours à l'honneur de la langue et de l'esprit français. On voit là un phénomène curieux de la colère éclipsant l'intelligence et conduisant le public, les auteurs et les acteurs à l'abêtissement. Le chef-d'œuvre du genre est le Jugement dernier des rois, par Sylvain Maréchal, l'auteur du Dictionnaire des Athées, mort bibliothécaire à la Mazarine. Cette pièce, représentée sur le théâtre de la République le 18 octobre 1793, est une pochade burlesque et sauvage, digne de

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