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Fée répond qu'il fera plus flatteur pour elle de l'avoir formé, & qu'alors fi elle peut parvenir à s'en faire aimer, elle en fera fon époux & le mettra par ce moyen à l'abri des fureurs de Merlin. Mais, reprend Trivelin, s'il n'eft jamais ni plus amoureux ni plus fpirituel, vous épouferez donc Merlin.

La FÉE.

Non, car Arlequin pourrait m'aimer par la fuite, & toute mariée que je ferais.

TRIVELIN

Je m'en ferais douté fans que vous me l'euffiez dit; femme tentée, femme vaincue, c'eft tout un.

Arlequin arrive avec une démarche niaife; pendant que la Fée lui parle, il s'amufe à attraper des mouches. Elle lui demande s'il veut prendre fa leçon de danfe? Il répond que non. Une bague que la Fée a à la main, lui frappe la vue; la Fée la lui offre, il la prend groffierement, & la Fée lui dit qu'un beau garçon doit baifer la main lorfqu'il reçoit quelque chofe d'une Dame. Alors Arlequin prend la main de la Fée &la baife goulûment,

La FÉE.

Il ne m'entend pas, mais du moins fa méprife m'a fait plaifir, ( à Arlequin) baisez la vôtre à préfent, Arlequin baise le deffus de fa main. La Fée lui donne la bague à condition qu'il prendra fa leçon, alors le Maître à Danfer lui apprend à faire la révérence, & Arlequin égaye cette fcène par toutes les balourdifes qui lui viennent à l'imagination; il dit enfuite en bâillant, je m'ennuie: eh bien, dit la Fée, en voilà affez; nous allons tâcher de vous divertir. Arlequin faute de joie, & la Fée le fait affeoir à côté d'elle pendant le divertiffement: dans le tems qu'on danfe, Arlequin s'a⚫ mufe à fiffler; un Chanteur s'adresse à Jui & lui dit: beau brunet, l'amour vous appelle. Arlequin fe leve niaisement, & dit: je ne l'entens pas. Le Chanteur reprend, beau brunet, l'amour vous appelle, & Arlequin dit, en s'affeyant, qu'il crie donc plus haut. Le Chanteur continue en lui montrant la Fée.

Voyez-vous cet objet charmant ;
Ses yeux dont l'ardeur étincelle,
Vous répetent à tous momens,
Beau brunet, l'amour vous appelle,

ARLEQUIN.

Dam, cela eft drôle.

La FÉE.

Cher Arlequin, ces tendres chanfons ne vous infpirent-elles rien? Que fentez-vous?

ARLEQUIN.

Je fens un grand appétit.

TRIVELIN.

C'eft-à-dire qu'il foupire après fa collation; mais voici un payfan qui veut nous régaler d'une danfe de village, après quoi nous irons manger.

La Fée le fait raffeoir, & il s'endort. Lorfque la danfe eft finie, elle le réveille & il fe met à pleurer en appellant fon pere & fa mere; la Fée recommande à Trivelin de le diftraire, & ils fortent

tous.

Le théâtre change & représente au loin un valon, dans lequel paiffent quelques moutons. Silvia paraît fuivie d'un Berger, qui lui conte fon douloureux martire, & qu'elle rebutte.

Arlequin entre en jouant au volant, il vient de cette façon jufqu'aux pieds de Silvia; là, en jouant, il laiffe tom

ber le volant, & en fe baiffant pour le ramaffer, il voit Silvia; il demeure étonné & courbé; petit à petit & par fecouffes, il fe redreffe le corps ; quand it s'eft entierement redreffé, il la regarde; elle honteufe, feint de fe retirer; dans cet embarras, il l'arrête & dit: vous êtes bien preffée.

SILVIA.

Je me retire, car je ne vous connais

pas.

ARLEQUIN.

Vous ne me connaissez pas ! tant pis ;faifons connaiffance, voulez-vous? SILVIA, encore honteufe.

Je le veux bien:

ARLEQUIN, alors s'approche d'elle & lui marque fa joie par de petits ris & dit :

Que vous êtes jolie!

SILVIA.

Vous êtes bien obligeanta

ARLEQUIN.

Oh! point, je dis la vérité.

SILVIA, en riant un peu à son tour.

Vous êtes bien joli auffi, vous!

ARLEQUIN.

Tant mieux; où demeurez-vous? je vous irai voir.

Silvia lui apprend qu'elle eft aimée d'en Berger qui pourrait les épier, ce qui afflige Arlequin; mais elle l'affure qu'elle n'aime point ce Berger, & Arlequin fe confole. Il lui apprend auffi qu'il loge chez la Fée, ce qui cause à Silvia de la jaloufie, parce qu'elle dit que la Fée eft plus belle qu'elle. Arlequin la raffure, elle n'a plus d'autre inquiétude que celle de fes moutons qui s'éloignent & qu'elle eft obligée de fuivre. Arlequin lui prend la main, qu'il baife, en difant: oh! les jolis petits doigts, je n'ai jamais eu de bombons fi bons que cela. Silvia laiffe tombet fon mouchoir, en s'en allant, Arlequin le ramaffe & la rappelle pour le lui rendre; mais il dit, par réflexion, qu'il veut le garder pour lui tenir compa¬ gnie, & le baifer quelquefois.

La Fée reparaît dans fes Jardins, Trivelin lui apprend que l'Enchanteur eft venu, il l'entretient des transports d'amours qu'il a fait paraître: elle eft charmée de ne s'y être point trouvée, & Trivelin lui dit qu'il doit revenir

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