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Et n'admette jamais de frivole exerciee;
Que fon efprit jufte, éclairé,

Sache du vrai, démêler l'artifice,

Qu'il ait mille vertus fans avoir aucun vice,
Et qu'il poffede tout au fouverain degré ;
Voilà le Juge, & s'il se pouvait même
Qu'un mortel en vertus pût égaler les Dieux,
Ce ferait peu qu'il eût leur fageffe fuprême,
Il devrait être auffi grand qu'eux.

Une vieille coquette, qui, deux fois veuve veut effayer un troifieme mariage, fuccéde au Bourgeois, & eft remplacée par un Philofophe, qui, fier de fon favoir, mé rife tous les autres hommes; il eft à fon cour remplacé par différens perfonnages non moins ridicules & plus plaifants, tel qu'un Suiffe qui tourne en ridicule tous les petits-Maîtres; enfin une mere amene fa fille, & vient confulter la Raison, fur le mari qu'elle doit lui donner. La Raifon lui répond que c'eft le cœur de fa fille qu'il faut confulter, & la mere fuit ce confeil; c'eft le feul perfonnage qui profite, des avis de la Raifon, & l'Amant de la fille vient remplir la derniere fcène, & rendre grace à la Raifon, du bonheur qu'elle lui a promis.

Cette derniere fcène eft une de celles qui ont été fupprimées, afin de réduire la Piece dans les bornes ordinaires à ces fortes de drames.

Pour y donner une forte de régularité, quoique la forme de cette Piece n'en exige pas à la rigueur; la Folie revient fur la fcène s'informer des progrès que la Raifon a faits dans fon audience, & elle la régale d'une fête qu'elle a fait préparer pour la délaffer de fes occupations férieufes Elle finit par ce dernier couplet adreflé au Parterre felon l'ufage.

Notre jeune Auteur en tranfe,
Se trouve prefque aux abois.

'De l'indulgence;

Hélas! il commence :

Que faire une premiere fois?

Un Auteur fe fortifie,

En prenant de vous fa leçon,

Paix, fi c'eft folie,

Mais claquez fort s'il a raison.

Ce couplet indique fuffifamment que M. de la Foffe, Auteur de la Piece, était fort jeune lorfqu'il la donna ; l'accueil qu'il reçut aurait du l'encourager, il n'a cependant rien donné depuis, i

ce n'eft le Foffé du Scrupule; OpéraComique, en fociété avec Panard. Cë petit ouvrage eft à-peu-près dans le même genre que celui dont nous venons de donner l'extrait. C'eft une allégorie morale qui n'eft pas moins ingénieufement imaginée, ni moins bien écrite.

DEBUT DE STICOT TI.

Michaelo Sticotti, connu fous le nom de Kelli, fecond fils de Fabio Sticotti, âgé de 19 ans, débuta le 15 Juin 1739, pour les rôles d'amoureux, dans la Surprise de l'Amour de M. de Marivaux. Son frere avait débuté dans la même Piece avec succès, mais celuici ayant été peu favorisé de la nature du côté de la figure & de la voix, il ne fut point reçu, quoiqu'il eut montré affez d'intelligence & d'ardeur pour fa profeffion.

LES CAPRICES DU COUR

ET DE L'ESPRIT.

Comédie en trois actes en profe,
25 Juin 1739. (1)

DORIMON
ORIM ON Ouvre la fcène, & de-
mande à Lisette ce qu'elle pense de
Dorante, qu'il deftine à fa fille, & de
Valere qui doit époufer fa niece. Li-
fette répond qu'ils font aimables l'un
& l'autre, que M. Valere eft vif & bril-
lant, mais que M. Dorante lui plaît in-
finiment par ce qu'on remarque en lui un
homme fenfé, une douceur qui char-
me, malgré fon air férieux. Dorimon fe
flatte d'avoir réuffi dans le choix de
ces époux pour fa fille & pour fa niece,
attendu qu'Angélique, à qui il deftine
Dorante, eft Philofophe comme lui, &.
qu'Isabelle eft vive & enjouée comme
Valere. Elles arrivent & Dorimon leur
dit qu'il vient leur parler d'une affaire
férieufe. Il leur apprend que c'eft de
mariage. Ifabelle ne trouve point cela

(1) La scène eft à la Campagne, chez Dorimon.

fi férieux, mais Angélique pense diffé remment. Damon fort pour aller joindre les deux Amans & les amenne enfuite à fes filles. Ifabelle témoigne fa joie à la coufine de ce qu'on va les marier. Angélique en est toute trifte au contraire, parce que, dit-elle, le mariage nous lie à un homme dont on: ne connait fouvent ni l'efprit, ni le caractere. Là- deffus elle fait le portrait des Amans qui métamorphofent leurs défauts en des qualités aimables & qui pour plaire à leurs maîtreffes, fe: montrent tout différens de ce qu'ils font.. Ifabelle répond qu'elle croit que les femmes ne doivent rien aux hommes du: côté de la diffimulation; leur converfation eft interrompue par l'arrivée de Dorimon & des deux Amans. Cette entrevue fe paffe en politeffe, & Dorimon laiffe les quatre Amans enfemble: pour aller donner quelques ordres. C'eft: ici où Angélique & Ifabelle découvrent leur penchant. Angélique trouvé Dorante trop cauftique & Ifabelle ne voit dans Valere qu'un étourdi ; elles en jugent par les traits fatiriques que lâche Dorante, & par le ton folâtre de Valere, qui dit que Dorante fe fâche: de tout ce qui le choque, & que pour

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