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conquêtes d'Alexandre & de Cefar. Le premier étoit Maître de toute la Gréce, & d'une Armée aguerrie: & l'autre commandoit fouverainement la moitié des Légions Romaines,qui dominoient tout le Monde. Avec çes forces, leurs premiéres Victoires ayant été l'inftrument des fuivantes, l'un détruifit l'Empire des Perfes, & l'autre la République Romaine. Mais la vertu de ce Prince Guillaume n'eft pas moindre que celle de ces grands Conquérans, en ce que fans aucunes forces, il a eu le courage d'attaquer la puiffance redoutable du Roi d'Efpagne Philippes Second ; Qu'il s'eft maintenu plufieurs années contre elle; Que fon courage a été plus grand que fes adverfitez; Que lors qu'on le croyoit ruïné, étant chaffé des Païs-Bas, il y rentroit aufli-tôt avec une nouvelle Armée; Que par fon efprit, & par fa grande conduite, il a jetté les fondemens d'une République qui couvre la Mer de Vaiffeaux innombrables, en ayant plus elle feule que le refte de l'Europe; Et qu'enfin on n'a pû venir à bout de lui que par

une trahison, qu'il auroit évitée, s'il ne fe fût confié en la bien-veillance des peuples, qui lui fervoient de gardes, & qui le confidéroient comme leur Pere, & comme le Dieu tutelaire de leur Païs.

Danne

En verité, aprés avoir repaffé par mon efprit tous les Illuftres qui l'ont précédé, je ne trouve perfonne qui ait égalé fa profonde fageffe, fon courage héroïque, & fa conftance dans les malheurs, que ce grand Gafpard de Colligny Seigneur de Châ- Chriftiertillon, Admiral de France, duquel ne fecond, d'Avila, qui étoit de parti contraire, Roi de eft contraint de dire qu'en fon temps marc, fir on parloit plus dans l'Europe de ure Sant l'Admiral de France, que du Roi de BartheleFrance; Car aprés avoir perdu qua- mi à Stoctre Batailles, il parût fi peu abattu, & fi puiffant, qu'on fût forcé de lui Grands, donner la Paix: & fans une infidélité qu'il avoit dont le fouvenir fera en éternelle conviez à execration à tous les gens de bien, il un feftin. Les Hiftoauroit achevé fa courfe pacifique- riens apment, & fervi fort utilement l'Etat pellent ce dans la Conquête des Païs-Bas, qu'il masacre propofoit dans une conjoncture où Stockolil étoit trés-aifé de nous en rendre menfis.

kolm, où il

tua tousles

Laniena

Guillaume

:

maîtres mais les mauvaises maximes de ces Docteurs intéressez, qui veulent accommoder la Théologie aux paffions des Princes, en leur infinuant qu'il ne faut point garder de parole aux Hérétiques, ni aux Rebelles, & qu'il eft permis de faire un petit mal pour un plus grand bien, jointes au defir de vengeance, fi puiffant fur l'efprit des hommes, l'emportérent fur l'honneur, & fur la foi, qui doivent toûjours être inviolables.

Guillaume de Naflau Prince d'Orange nâquit l'an 1533. au Château de Dillembourg, dans le Comté de Naflau. Il fut neuf ans Enfant d'honneur de l'Empereur CharlesQuint, qui admiroit fans ceffe la grandeur de fon entendement, accompagnée d'une extrême modeftie.

Ce grand Monarque prenoit plaiPrince fir à l'inftruire, & à lui communid'Orange quer les affaires les plus importantes, dans la & a confeffé à fes plus familiers, que

confidence

de Char- bien fouvent ce jeune Prince lui les-Quint. donnoit des lumiéres, & lui fournis

foit des expédiens qui l'étonnoient, dont il ne fe feroit jamais avifé.

Quand il donnoit Audience fecrette aux Princes Etrangers, & aux Ambaffadeurs : & que Guillaume par difcrétion fe vouloit retirer avec ceux qui étoient dans fa chambre, l'Empereur d'ordinaire le retenoit, en lui difant, Prince, demeurez.

Quint le

On fût furpris de voir ce grand & Charlesfage Monarque l'eftimer plus que choifit tous ceux qui l'approchoient, &lar pour porconfier dans un âge fi peu avancé ter laCoutous les fecrets de fon Empire, & le ronne Immaniement des affaires, & des né-périale à Jon Frere gociations les plus importantes: car Ferdià peine avoit-il paffé vingt ans, que nand. Charles le choifit entre tous les grands Seigneurs de fa Cour, pour porter la Couronne Impériale qu'il réfignoit à fon Frere Ferdinand: Emploi dont Guillaume s'aquitta avec beaucoup de répugnance, ayant témoigné à fon bon Maître, qu'il lui étoit bien rude de porter à un autre cette Couronne, que fon Oncle Henri Comte de Naflau avoit mife fur fa tête.

Et

Charles

pour montrer que l'Empereur L'Emne faifoit pas moins d'état de fa va- pereur leur que de fa prudence,quand le Duc Quint fait

le Prince de Savoye Philbert Emanuel, GEd'Orange néral de fes Armées, fut obligé pour Généraliffes affaires particuliéres, de s'abfenfime de fes Armées ter quelque temps des Païs-Bas vingt-quoi que le Prince d'Orange n'eût deux ans. que vingt-deux ans, & qu'il fût

allé faire un tour en fa Ville de Bre

,

da: Charles en fon abfence, de fon mouvement & contre l'avis de tout fon Confeil, lui fit remplir cette place de Généraliffime au préjudice de tant de Capitaines expérimentez, entr'autres du Comte d'Egmont qui avoit douze ans plus que lui, & dans une conjoncture fcabreufe: car il falloit s'oppofer aux efforts de Monfieur de Nevers, & de Monfieur l'Admiral de Châtillon, qui n'étoient pas peu redoutez; & cependant, bien loin de recevoir aucun échec cette Campagne-là, il fit bâtir Charlemont & Philippeville, à la vûë des armées Françoifes, & de ces deux grands Capitaines.

Je n'ai jamais prétendu d'écrire toutes les actions de ce Prince Guillaume d'Orange,qui demanderoient un gros volume, & que tant d'Hiftoriens ont reprefentées en diverfes

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