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affemblées devant lui, il feparera les un d'avec les autres, comme un berger separe les brebis d'avec les boucs; & il mettra les brebis à fa droite, & les boucs à la gauche. Alors le roi dira à ceux qui feront à fa droite: Venez, vous qui avez été benis par mon Pere, poffedez le Royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. Car j'ai eu faim, & vous m'avez donné à manger: j'ai eu foif, & vous m'avez donné à boire: j'ai eu besoin de logement, & vous m'avez logé j'ai été nud, & vous m'avez revêtu: j'ai été malade, & vous m'avez vifité: j'ai été en prifon, & vous m'êtes venu voir. Alors les juftes lui diront: Seigneur, quand eft-ce que nous vous avons vû avoir faim, & que nous vous avons donné à manger; ou avoir foif, & que nous vous avons donné à boire? Quand eft-ce que nous vous avons vû fans logement & que nous vous avons logé, ou nud, & que nous vous avons revêtu? Et quand eft-ce que nous vous avons vû malade, ou en prifon, & que nous vous fommes venus vifiter? Et le roi leur répondra: Je vous dis en verité, qu'autant de fois que vous avez rendu ces devoirs de charité à un des moindres

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moindres de mes freres, c'est à moi-même que vous les avez rendus. Il dira enfuite à ceux qui feront à la gauche : Retirez-vous de moi maudits, allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable & pour les anges: car j'ai eu faim & vous ne m'avez pas donné à manger: j'ai eu foif, & vous ne m'avez pas donné à boire, j'ai eu befoin de logement, & vous ne m'avez pas logé ; j'ai été fans habits, & vous ne m'avez pas revêtu : j'ai été malade & en prison, & vous ne m'avez pas vifité. Et les méchans lui diront auffi: Seigneur, quand eft-ce que nous vous avons vû avoir faim ou avoir foif, ou fans logement, ou fans habits, ou malade, ou prifonnier, & que nous avons manqué à vous affifter? Mais il leur répondra: Je vous dis en verité, qu'autant de fois que vous avez manqué à rendre ces affiftances à un de ces plus petits, vous avez manqué à me les rendre à moi-même. Et ceux-ci iront dans le fupplice éternel, & les juftes dans la vie éternelle.

Nous apprenons de ces paroles,que comme Jefus-Chrift favoit qu'il n'y a rien de fi important pour notre falut que l'exercice de la charité, il n'a rien oublié pour nous y obliger; que pour Tome 11.

Xx

nous en faciliter même les moyens, il a voulu que nous euffions toûjours les pauvres avec nous, après nous avoir averti qu'ils font fes propres membres & que c'est lui-même qui reçoit dans leur perfonne toutes les affiftances que nous leur rendrons.

Quand il n'y auroit point d'autre motif pour pour nous engager à faire l'aumône, que de favoir que nous la faifons à Jefus-Chrift même, & qu'il la reçoit de nos mains, nous ferions d'autant plus obligez de nous y porter de tout notre cœur, que nous ne pour vons fans une très-grande ingratitude, refuser du pain, des habits & toute forte de fecours à celui qui ne s'est fait pauvre que pour nous enrichir de fes trefors celeftes: qui n'a été nud, qu'afin de nous revêtir de fon innocence: qui ne fouffre la faim & la foif que fe mettre en état d'être la nourpour riture des hommes.

Mais pour nous obliger encore plus indifpenfablement d'exercer la charité envers nos freres, il nous a affuré, qu'il nous traiteroit dans fon jugement enla même maniere que nous les aurons traitez pendant notre vie. Pour comprendre combien eft grande cette gra

ce,

il faut nous fouvenir que fans ce moyen que Dieu nous préfente, il nous feroit impoffible non feulement de meriter des récompenfes de fa part, mais même de fatisfaire à fa juftice, car qui fommes-nous à l'égard de Dieu, finon des ferviteurs inutiles? Et que pouvons-nous tellement faire pour lui que nous ne foyons obligez à faire davantage, ne lui fommes-nous pas redevables de dix mille talens? Et tout ce que nous pouvons lui donner en payement, n'eft-il pas beaucoup audeffous de ce que nous lui devons? Cependant ce Dieu de bonté & de mifericorde, eftime fi fort les bons offices que nous rendons aux pauvres, qu'il veut bien nous remettre toutes nos dettes, fi nous nous acquittons envers eux de tout ce que nous leur devons; & outre cela, il nous en promet encore une récompenfe infinie. Il nous affure , que fi nous avons compaffion de notre prochain, il aura auffi compaffion de nos miferés; que fi nous donnons de nos biens, il nous fera part de fes trefors; que fi nous confolons les pauvres dans les afflictions, il fera notre confolation & notre joie éternelle.

Matth.7.

2.

Mais plus cette grace eft grande,plus nous nous rendons coupables au cas que nous la méprifions : & fi fans avoir égard aux paroles fi preffantes de JefusChrift, nous manquons toujours à la charité que nous devons à nos freres, nous n'aurons plus droit de nous plaindre de fes jugemens, quelques feveres qu'ils foient, puifqu'il ne fera que nous traiter de la même maniere que nous l'aurons traité en la perfonne des pauvres : In qua menfura menfi fueritis remitietur vobis. Si nous n'avons point eu pour lui de mifericorde,n'estil pas jufte qu'il n'en ait point pour nous ? Si nous l'avons eftimé indigne de recevoir de nos biens, il ne nous fait point de tort en ne nous donnant aucune part à fon heritage; & comme nous n'avons point eu de compaffion en le voyant fouffrir, il ne nous refte plus aucun lieu d'efperer qu'il en ait pour nos miferes. Comme les grands du monde fe mocquent & fe réjouiffent de la perte des nations entieres, qu'ils immolent à leur interêt & à leur orgueil; ainfi celui qui a une veritable grandeur femocquera à fon tour de leur aveuglement & de leur fureur, en les jettant dans des feux éternels: Ego

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