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SEC. PARTIE.
SECT. I.

(y) Deprim.

ferib. orig. cap.11.

PICO.

Le papier de foie eft un des plus minces de tous. Son extrême finelle n'empêche pourtant pas, qu'on ne lui donne une CHAP. VII. très-grande étendue. Le P. Hugue (y) dit en avoir vu une pièce de quatre aunes de long, qui n'étoit pas diferente du papier de la Chine. Mais un auteur Chinois, copié sur cette matiére (z) par le P. du Halde, en parlant des diferentes fortes de papiers.... en nomme une espèce, dont les feuilles font longues de trente & même de cinquante piés. On peut voir dans la Defcription (a) de la Chine la maniére, dont on s'y prend, pour avoir des feuilles de papier d'une grandeur fi extraordinaire.

(2) Defcript.de la Chine 1. 2. p.240.

(a) Ibid.p. 242.

(b) Ibid.p. 244.

peut recevoir l'é

Les Chinois ont l'art (b) de rajeunir leur papier. Qu'il foit ufé, fale, déchiré; qu'il ait été écrit ou colé fur des chaffis ou des murailles, n'importe, tout eft admis, tout devient neuf. On voit à Péking un grand nombre d'ouvriers, ocupés à ce r'habillage de papier, dont il fe fait un débit confidérable.

Papier des Orien- IV. On fabrique du papier semblable à celui de la Chine, taux & des Indiens. Le premier, quoique un peu moins fin, dans les contrées d'Orient plus non plus que celui Voifines de l'Europe. Nous avons actuellement entre les mains des Chinois, ne & à notre difpofition, quelques pièces Syriaques en cette criture que d'un matiére, dont une a dans fa totalité quatre piés de longueur fur un de largeur. Mais elle eft compofée de plufieurs morceaux collés enfemble, qui n'ont chacun qu'un pié de long. Elle n'eft ni écrite ni imprimée à notre maniére, mais tirée fur des planches à la façon des Chinois.

côté.

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Il en eft aparamment de même d'un volume (c) ou rouleau en lettres inconnues, écrit feulement d'un côté & confervé dans la Bibliothèque du grand Duc de Tofcane. Il n'eft point non plus manuscrit, mais imprimé fur des planches. C'est mal à propos qu'on a (d) fupofé la pièce de papier d'Egypte.

Les Chinois, comme on le fait, n'impriment que fur des tables de bois ou de pierre, qui leur tiennent lieu de planches. Leur papier eft trop mince & trop transparent, pour foufrir des caractéres des deux côtés.

L'efpion du Grand Seigneur déclare avoir vu à Conftantinople plus de cent volumes, en papier de foie, des vies des grands Capitaines, compofées par Plutarque. Mais peutêtre aura-t-il confondu le papier de coton avec celui de foie.

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M. Juvenel décrit ainfi (e) la manière dont fe fabrique actuellement le papier des Indiens. Ils le font » de la feconde

» écorce

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écorce d'un arbre apellé avo: ils font bouillir pendant un SEC. PARTIE. » jour cette écorce dans une chaudière avec une forte leffive:

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ils lavent enfuite cette pâte & la pilent dans un mortier de bois, jusqu'à ce qu'elle foit en bouillie & qu'il n'y ait au» cun grumeau : ils détrempent cette bouillie dans l'eau, & la prenant avec un chaffis de petits rofeaux contigus, ils la verfent fur une feuille de balifier, frotée d'huile de menachil, & la laiffent fécher au foleil. Ce papier eft jaunâtre : mais il ne boit point; pourvu qu'on le trempe légèrement dans la décoction de ris; après quoi on le liffe, quand il eft fec.

"

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99

SECT. I.

I.

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CHAPITRE VIII.

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Papier de chife.

fon antiquité en

I l'on s'en raporte (4) au P. du Halde » en l'année 95. de Invention du pal'ère Chrétienne.... un grand Mandarin du Palais... pier de chife: mit en œuvre... de vieux morceaux de pièces.. de chan- Occident. » vre déja usé....... dont il forma.... du papier. « C'eft fur l'au- (a) Tom. 2. pag. torité d'un livre Chinois qu'il s'apuie. Un autre livre intitulé, 240. Sou y Kien tchi pou, qui traite le même sujet, dit que dans la province de Se tehu en le papier fe fait de chanvre. Kao tsong troisième Empereur de la grande Dynastie des Tang fit faire un excellent papier de chanvre. Ce fait une fois bien conftaté, il faudroit ceffer de chercher chez les Latins l'origine du papier de chife. On auroit tout fujet de croire, que de la Chine cette découverte se seroit communiquée aux peuples voifins de proche en proche : que des Sarazins elle feroit paffée aux Grecs & des Grecs aux Latins du tems des Croifades. Car quoique chez les Grecs & les Arabes, on ne trouvât peutêtre alors que du papier de coton; la fabrique de celui de chife eft à peu près la même : & il étoit fort naturel de faire en Occident des vieux lambeaux de linge le même ufage, qu'on faisoit en Orient de ceux de coton.

La plupart des gens de lettres font remonter parmi nous l'invention ou la fabrique du papier de chife au-delà de fix Tome I.

Vuu

SEC. PARTIE. SECT. I. CHAP. VIII. (b) Biblioth. Cluniac. p. 1070.

(c) Mém. de PAcad. des Infcript.

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cents ans. Tous s'autorifent d'un témoignage de Pierre le Vénérable, Abbé de Cluni, dans fon Traité (b) contre les Juifs. Les livres, dit-il, que nous lifons tous les jours font faits. de peaux de bélier ou de bouc ou de veau ou de plantes. » orientales ou de chife. Ex rafuris veterum pannorum. « Ces. derniers mots, l'Amots, felon (c) D. Bernard de Montfaucon, fignifient affurément le papier, tel que nous l'employons aujourdui. Il y en avoit donc déja des livres au XII. fiècle. M. Maffei au contraire entend les paroles de Pierre Maurice, non du papier (d) Iftor. diplom. de chife, (d) mais du papier de coton; parceque pour le faire, on mettoit en œuvre les lambeaux des habits de cette étofe, comme on se sert aujourdui de ceux du linge, pour la fabrique de notre papier.

t.9. p. 329. édit. de Holl.

P.77.

Quand a-t-on commencé d'en

les actes & dans les MIT?

رو

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II. Le P. Hardouin prétendoit avoir vu des inftrumens antérieurs au XIII. fiècle en papier de chife: mais notre Marfaire ufage dans quis ne craint pas d'avancer, qu'il l'a confondu avec le papier de coton. A prendre les termes en rigueur, on croiroit que la même chofe feroit arivée au célébre M. Muratori. » Quoique (1) nous prononcions, dit-il, fans hésiter que notre papier vulgaire a commencé dès le X. fiècle; nous agirons » avec plus d'affurance, fi nous en diférons l'ufage plus fré»quent au XI. fiècle. « Ne femble-t-il pas atacher l'invention du papier de chife au X. fiècle, & fon ufage ordinaire au fiécle suivant : Mais fon papier vulgaire eft le papier de coton. Car c'est ainsi, felon lui, qu'il fut d'abord nommé ; à moins qu'il n'entende par charta bombycina le papier de chife. Il défére à l'autorité (2) de D. Bernard de Montfaucon jufqu'à faire remonter avec lui l'origine de ce papier au X. fiècle, fans prétendre fe prévaloir, de ce qu'il n'avoit jamais trouvé de

?

(1) Quanquam finè hsfitatione ftatuamus vel faculo decimo prodire cœpiffe chartam vulgarem noftram; attamen tutius agemus, fi ejus ufum frequentiorem in faculum undecimum rejiciemus. Murat.Antiquit. Ital. medii ævi tom. 3. col. 872.

(2) Clariff. P. D. Bernardus de Montfaucon Benedictinus è Congregatione fancti Mauri, cui tot egregia & fanctorum Patrum & Antiquitatis illuftrata volumina debemus lib. 1. c. 2. Paleographia Graca contendit, bombycinam chartam, (fic enim primùm appelata eft vulgaris noftra)usurpa

tam reperiri etiam faculo epocha noftra undecimo, immo & decimo: quod ipfe conjicit ex vetuftate nonnullorum codicum. Mihi nunquam contigit intueri codices ex eádem chartâ fcriptos ante annum MC.

quanquam difficile putem ex una characterum formâ ftatui certò posse atatem cujufque codicis, dum nota chronologica aliave indicia defint, nihilo tamen feciùs tanta eft apud me doctiffimi Montefauconii autoritas, ut ei judicanti accommodare fidem in boc etiam velim. Ibidem. col. 871.

SEC. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. VIII.

Mff. du même papier, plus ancien que le XII fiècle. Or le P. de Montfaucon étoit bien éloigné, de placer l'ufage du papier de chife au X. fiècle ; fi ce n'eft en tant qu'il tiroit fon origine du papier de coton: lui qui déclare (e), que quelques recherches, qu'il ait faites, tant en Italie qu'en France, il n'a cad. des Infcript. - jamais vu ni livre ni feuille de papier, tel que nous l'employons aujourdui, qui ne fût écrit depuis S. Louis.

(e) Mém. de l'A

tom. 9. ibid.

M. Maffei femble vouloir raprocher encore plus de notre tems l'invention, & même l'ufage du papier de chife. En Italie, dit-il, où (f) l'art de fabriquer ce papier eft (3) né, je ne me (f) Iftor. diplom. fouviens point d'en avoir vu de plus ancien, que le XIV. p. 77. fiècle : & il ne m'eft point paffé par les mains d'acte en cette matiére, d'une antiquité plus reculée, que la charte donnée par l'Evêque de Vérone en 1367. pour acorder l'inveftiture de certaines dîmes à Gregorio Maffei, M. d'Hérouval avoit découvert, & fait voir (g) à D. Mabillon du papier de chife, plus (g) De re Dipl. vieux au moins d'un demi-fiècle. C'étoit une lettre de Join- p. 39. ville à Louis X. ou le Hutin.

N. 2.

M. l'Abbé de Godvvic s'explique (b) en fort peu de mots (b) Chron. Godfur le papier de coton & le papier de chife. Quelques-uns, voic. lib. 1. cap.x. dit-il, raportent l'ufage du papier de chife au XI. fiècle, quelques autres au XII. faute d'avoir, felon nous, diftingué le papier de coton de celui de chife. Nous croyons donc, qu'à peine l'ufage de ce dernier fut établi avant le XIV. fiècle; quoique nous ne prétendions pas rejeter les témoignages, raportés par D. Mabillon fort éclairé dans ces fortes de matiéres, pour faire remonter le papier de chife jufqu'au XII. fiècle. L'auteur de la Diplomatique n'y cite point d'autre texte, (i) que celui de Pierre le Vénérable, interprété par Henri de (i) De re Dipl. Valois, ni d'autres monumens, que des Mff. de la fin du XIII. P. 39. fiècle. Gudenus penfe à peu près de même, (k) lui qui ne fait () Sylloge vapoint remonter les commencemens de l'ufage du papier de chiferior. Diplomatar.

(3) M. Mafféi auroit fait plaifir aux Savans, de leur donner de bonnes preuves de cette naiffance. Si l'on favoit en quel païs le papier de chife a été fabriqué d'abord; on n'auroit plus qu'un pas à faire, pour affigner la date de fon invention. Mais les plus beaux génies ne font pas. toujours en garde, contre les illufions de

l'amour propre & l'on ne doit pas lui
faire un crime d'excéder par zèle, pour la
gloire de fa patrie. Au furplus, puifque
le papier de chife tire fon origine du pa-
pier de coton; fa fabrique eft un art, dont
tout l'honneur apartient aux Grecs, s'ils
ne l'ont pas reçu des peuples plus orien-
taux qu'eux.

praf. pag. 1.

SEC. PARTIE.

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SECT. I. CHAP. VIII. (1) Efais fur L'hift. des Bell, lett." des fciences

au delà de l'an 1280. » Les Arabes ayant foumis l'Egypte & l'Orient, dit M. Juvenel (1) de Carlencas, fubftituèrent à l'ancien papier celui des chifons ou d'étofe de foie : ils le portèrent en Efpagne, & de-là le répandirent en Allemagne au commencement du XIV. fiècle : c'eft de ces peuples que nous tenons notre papier. « Ce favant homme nous auà Lion 1744. pag. roit fait plaifir de citer fes garans. Car nous ne voyons point, que l'ufage du papier de chife soit plus ancien en Espagne ou en Allemagne, qu'en France; ni que nous les tenions plutôt des Arabes que des Grecs.

des

arts, feconde part.

331.

pag. 39.

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(m) De re Dipl. Quoique perfone n'ait encore ofé (m) fixer au juste le tems, auquel commença l'ufage de notre papier; on ne peut reculer fon invention plus tard, qu'au XIII. fiècle, ni fon ufage ordinaire au-delà du XIV. Mais on ne s'en eft prefque jamais servi, quand on a voulu dreffer des actes, qui devoient être tranfmis à une poftérité fort éloignée.

Dès le XV. & même dès le XIV. fiècle, on (n) avoit re(2) Ifer. diplom. connu l'inconvénient, qu'il y avoit, de confier les actes puf. 69. blics à du papier de chife. C'eft pourquoi dans les diplomes ou priviléges, par lefquels les Empereurs donnoient à ceux, qu'ils élevoient à la dignité de Comte, le pouvoir de créer des Notaires; on inféroit cette claufe: à condition que ces Notaires écriront les actes publics fur du parchemin, & non pas fur des cartes raclées où fur du papier : In membranis & non in chartis abrafis, nec papyro: ou bien, non in papyro nec chartâ veteri & abrasâ, fed in membranâ mundâ & nová. Le papier, dont on défendoit l'ufage dans les actes n'étoit pas diférent du nôtre. Il fembleroit néanmoins, à entendre Hertius, (0) que les Empereurs d'Allemagne auroient quelquefois, quoique très-rarement, donné des diplomes en ce papier.

(0) Differt. de Diplomat. Germ. Imperatorum & Regum pag. 16.

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