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qué l'intrepidité avec laquelle ce jeune homme venoit de s'expofer pour les fauver. Il ne fut pas néceffaire de lui aller chercher de l'eau, ni de lui faire fentir aucuns confortatifs comme aux trois autres.

Quand on les eut tirées du caroffe, le premier foin de Mademoiselle de la Charce, fut de marquer fa reconnoiffance à fon Liberateur, elle le fit en des termes fi choifis & avec un air fi noble, qu'il fe trouva trop ré compenfé de fes peines; il lui dit que ce qu'il avoit fait ne méritoit pas fon attention, qu'il feroit charmé d'être à portée de lui rendre des fervices plus confiderables. Il n'est pas aifé d'en faire davantage, interrompit Mademoiselle de la Charce, vous avez expofé votre vie pour nous garantir du danger que nous avons couru ainfi c'eft à nous

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à vous rendre mille graces d'un si grand bienfait.

Pendant cette conversation, ces deux perfonnes se regardoient avec une égale admira. tion, & auroient volontiers oublié le refte de leur compagnie, fi Mademoiselle de la Charce n'avoit fait réfléxion qu'elle devoit s'informer de l'état où étoit fa mere. Lorfque ces Dames furent remises de la frayeur qu'elles avoient eue, on leur dit que le caroffe étoit trop fracaffé pour pouvoir les remener chez elles avant d'être raccommodé, le jeune homme qui n'avoit pû s'éloigner fi promptement de Mademoiselle de la Charce, ne perdit pas cette feconde occafion d'être utile à une Compagnie qui commençoit à lui être extréme. ment chere il offrit le fien. Madame de la Charce ne voulut pas l'accepter d'abord; elle dit

qu'elle en envoyeroit chercher un à la Ville, qu'elle lui avoit deja affez d'obligations, fans vouloir encore lui caufer l'incommodité de le laiffer fans équi. page; que fi fon caroffe étoit affez grand pour tenir cinq dedans, elle fe feroit un plaifir de faire le chemin avec lui, mais qu'il n'y avoit pas d'apparence qu'elle abufât de fa politeffe.

Il l'affura qu'il ne feroit point embaraflé de fa perfonne, qu'il y avoit à cette promenade plufieurs de fes amis qui lui donneroient une place,&qu'il la fupplioit de ne le point refufer davantage. Madame de la Charce voioit bien que c'étoit le meilleur parti qu'elle pût prendre, puifqu'il faudroit attendre long. tems avant qu'un autre carofle fût venu, ainfi elle ajoûta, Il faut, donc Monfieur, que cette journée produise un enchaîne

ment de bienfaits de votre part, &en même tems de reconnoiffance de la nôtre, fans esperan ce de pouvoir trouver l'occafion de vous marquer combien nous fommes fenfibles à vos bontez. Madame, répondit-il avec un air refpectueux, je ferai trop payé fi vous me permettez d'aller fçavoir demain, fi vous n'avez fenti aucunes incommodités de votre chûte. Vous nous ferez beaucoup d'honneur reprit Madame de la Charce; & fi mon mari fçavoit à qui nous fommes redevables de tant de bons offices, il vous préviendroit pour vous rendre mille graces des fea cours que nous avons reçus de vous. En finiffant ces paroles, elles monterent dans le caroffe du jeune homme, qui leur parut très propre & la livrée fort belle il dit à Madame de la Char. ce, que comme elle pouvoit

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avoir besoin de fes Laquais, il laifferoit deux des fiens avec fon Cocher, pour lui aider à reconduire le caroffe. Elle refusa abfolument ce dernier fervice, enfuite on marcha. Pendant la route, elles ne parlerent que de leur Liberateur. Madame de la Charce admiroit fa politeffe & fes manieres honnêtes, Madame de Clairville se récria sur sa bonne mine; effectivement on voioit peu d'hommes auffi bien faits, il avoit la taille très-belle, de grands cheveux blonds, le vifage très agréable, l'air noble & un peu férieux, il paroiffoit avoir vingt-cinq ou vingt-fix ans. Mademoiselle d'Aleyrac dit qu'elle le croioit étranger, ayant un accent qui le marquoit. Enfin il fut le fujet de la converfation de ces Dames, jufqu'à l'Hôtel de Tours, il n'y eut que Mademoifelle de la Charce qui garda

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