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Tous les attributs de Dieu font un objet merveilleux qui entre dans cette même priere de Foi, quand elle médite cet Etre fouverain, qui eft au-deffus de tous les Etres, qui fait qu'ils font en fe communiquant à eux, en donnant à tous, & n'en recevant rien. Cet Etre, dis je, fans mélange & fans défauts, de qui relevent tous les Etres créés, & qui ne releve de perfonne. Cet Etre enfin indépendant, qui fans occuper de place, fe trouve par tout; & fans fe partager, fe donne à tous. La Majesté fouveraine de cet Etre divin abat une ame dans un refpectueux filence, qui mieux que le bruit des paroles lui marque la profondeur de fon refpect, & le repos de fon cœur à la vûë de la gloire de fon Dieu.

Tantôt cette même Foi adore l'immenfité de fon Dieu, qui le rend plus préfent à nous, que nous ne le fommes à nous-mêmes ; qui le place par tout, & le met fi néceffairement parmi nous, que fans nous oublier, nous ne pouvons pas ne nous en point fouvenir.

La Foi le fuit par tout. Elle le trouve dans le Ciel. Elle le fent fur la terre. Elle l'adore par tout. Elle le regarde particulierement comme préfent

à elle-même; perfuadée que cette heureufe préfence lui eft d'un avantage infini, & fçachant bien qu'il n'eft préfent qu'autant qu'il agit, & fait du bien à fes créatures. Quand une ame pleine de Foi, confidere fon Dieu comme lui étant préfent, elle le regarde comme lui faifant des biens infinis, toujours apliqué à fe faire fentir à elle dans tous fes befoins, & à lui faire connoître qu'il n'eft là que pour elle; & qu'en quelque état qu'elle foit, elle eft toujours entre fes mains, fans que rien puiffe la dérober à fa protection, ou la Touftraire aux foins bienfaifans de fon amour, ou la fauver aux traits de fa colere, ou à la févérité de fes Arrêts. Voilà dequoi fixer une ame dans la priere, & l'aider à s'occuper de Dieu avec une fidélité fainte.

Une autre fois la Foi fait voir à une ame quelque chofe de la haute fageffe qui régle fi fouverainement toutes chofes, jufqu'aux défordres des méchans, qu'elle fçait faire entrer dans l'ordre de fes deffeins par le fruit qu'elle en tire. C'eft dans la méditation des deffeins de cette Souveraine Sageffe, qu'une Foi vive voit dans un parfait repos les bons fur la Croix & dans la pouf

fiere, les méchans dans la gloire; les bons perfécutés, foufrans, tentés, & prefque vaincus, pleurans, frapans à la porte, cherchans du fecours, & après cela prefque abandonnés ; les impies au contraire flattés dans leurs deffeins, confolés dans leurs embarras, & fouvent prévenus dans leurs défirs. C'est par la lumiere de cette divine Sageffe, qu'on fufpend fon jugement fur certains événemens qui paroiffent bizarres à une raifon peu éclairée, quoique trèsbien rangée aux yeux de la Foi. C'eft encore par cette divine Sageffe que nous aprenons à eftimer comme il faut les dons de Dieu, & à mépriser tout ce qui amuse le monde; que nous entrons dans les vérités de l'Evangile les plus contraires à la nature; qu'on comprend qu'il fe faut haïr pour fe fauver; qu'on ne gagne le Ciel qu'en fe faifant de continuelles violences; qu'il faut tout quitter pour JESUSCHRIST; qu'il faut mortifier en nous toutes les inclinations du vieil homme pour y faire vivre le nouveau, que toute notre vie doit être une attente continuelle des biens à venir; qu'il n'eft pas permis de nous attacher à ceux de cette vie que nous trouvons en che

min, dont on nous permet le feul ufage; que nous devons vivre ici bas comme des voïageurs qui marchent à grands pas pour retourner en leur patrie; que nous ceffons d'avancer en notre chemin, quand nous ceffons de nous affliger & de foûpirer. Là la vûë de la divine Sageffe nous fait goûter ces faintes maximes, & quantité d'autres qui font fi fort au-deffus de la nature, & fi peu du goût de l'amour propre.

La Foi nous fait encore admirer l'adorable Sainteté de Dieu; perfection infiniment aimable, qui tient Dieu fi recueilli en lui-même, & fi élevé audeffus de toutes les créatures. La foi nous fait voir cette adorable Sainteté répandue dans tout ce qui eft de Dieu, dans toutes fes divines perfections, & jufques dans tous les ouvrages de fes mains. Par elle toutes les perfections que nous adorons en Dieu font faintes. Par elle l'Efprit de Dieu eft faint ; parce qu'elle ne permet pas qu'il penfe à autre chofe qu'à foi-même, ou par raport à foi-même. C'est elle qui fait qu'il ne connoît rien hors de foi, qu'il n'emprunte aucune idée étrangere pour former fes connoiffances; & que pour connoître tout, il ne porte point fa

vûë hors de fon fein. C'eft cette même Sainteté qui fait que fa Sageffe ne voit rien de grand que lui, ne régle rien que par raport à fa gloire. C'est par elle que le faint Efprit travaille fans celle à réformer en nous tout ce lui eft contraire. Toutes les Graces, toutes les Vertus, tous les Myfteres, tous les Sacremens toute la Religion, l'Evangile tout entier, JE S U SCHRIST même, tout est pour établir en nous le régne de cette adorable Sainteté ; & la pénitence, fi contraire à nos inclinations, n'eft eftimée, commandée, & couronnée avec tant de profufion, que parce qu'elle éface toutes les taches du péché dans une ame, qui ne feroit pas fainte fans les larmes ; & qu'elle punit tout le violement des droits de la fainteté de Dieu; qu'elle n'épargne pour cela ni travaux ni peines, ni fanté, ni vie ; qu'elle a recours aux mortifications les plus dures, quand elle est un peu vive, vive, & que d'ailleurs elle eft libre pour contenter un Dieu, qu'elle fçait infiniment opofé au péché, parce qu'il eft infiniment

Saint.

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C'est encore parce que le cœur de Dieu eft infiniment Saint, que fon

amour

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