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Le jugement qu'on doit porter de cet Auteur, ne peut guere regarder que fon ftyle n'ayant rien produit de lui-même, il s'eft borné à traduire les Pieces d'autrui; encore n'a-t-il pas choifi les meilleures; car fans parler de Buchanan, Séneque vaut-il donc la peine d'être traduit? Il y a des morceaux dont quelquesuns de nos bons Poëtes ont habilement profité; mais rien de plus défectueux qu'une Piece entiere de fa façon. Quoi qu'il en foit, on peut dire que le Traducteur a bien pris l'efprit de fon Auteur, & que fa version eft, pour le moins, auffi ampoulée que l'original.

BRIZE, Blondel de ) a fait les Combats de l'Amour & de l'Amitié.

BRONAU, (M) eft Auteur d'un Opéra non repréfenté, intitulé de Zélie.

BROSSE. (de) Quelques-uns ont prétendu que deux hommes de ce nom avoient travaillé pour le Théatre vers le milieu du dernier fiecle, & les ont diftingués par l'ainé & le cadet. D'autres croient que c'eft la même perfonne, feul Auteur de Stratonice on le Mariage d'amour, des Innocents coupables, des Songes des hommes éveillés, du Curieux impertinent, du Turne de Virgile, & de l'Aveugle clairvoyant.

De Broffe n'avoit aucun talent pour la Tragédie: dans la Comédie il étoit fupportable. Il a fur tour plus de décence que fes prédéceffeurs. Auffi nous apprend-il que la Comédie devenoit plus belle en vieilliffant; que la licence & l'infamie étoient, de fon temps, l'objet de fes cenfures, & le Théatre tellement épuré, qu'une fille pouvoit y aller avec moins de fcandale, qu'elle n'eût parlé à 'un Capucin à la porte du Couvent.

BRUEYS, (Claude) Auteur de deux volumes de Pieces en langage Provençal, dont la plupart n'ont

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point d'autre titre, que celui de Comédie à onze, à fept, à quatre Perfonnages. Ce Recueil eft intitulé Jardin des Mufes Provençales.

BRUEYS, (David-Augustin ) naquit à Aix en Pro vence en 1640. Il fut élevé dans le calvinisme & dans la controverfe. Ayant écrit contre l'Expofition de la Foi par Boffuet, ce Prélat ne lui répondit qu'en le convertiffant. Brueys devenu Catholique, combattit_contre les Miniftres Protestants; mais fon génie enjoué fe pliant difficilement aux ouvrages férieux, il quitta la Théologie pour le Théatre, & composa plufieurs Comédies pleines d'efprit & de gaieté, conjointement avec Palaprat fon ami, qui y eut pourtant la moindre part. L'envie d'avoir fon entrée à la Comédie, unit leurs talents, & procura au Théatre François d'excellentes Pieces. Celles qu'on joue & qu'on lit avec le plus de plaifir, font le Grondeur, petite Piece fupérieure à la plupart des Farces de Moliere, pour l'intrigue, l'enjouement & la bonne plaifanterie, le Muet, imité de l'Eunuque de Térence, mais mieux conduite & écrite avec plus de chaleur que fon modele; Important de Cour qui, fans manquer de feu & de comique, peche par le caractere principal: c'eft moins un Important qu'un pitoyable Provincial, qui veut prendre les airs de la Cour fans la connoître; l'Avocat Patelin, Piece ancienne, à laquelle il donna les charmes de la nouveauté Brueys rajeunit ce monument de la naïveté Gauloife, fans lui faire perdre la fimplicité qui en fait le mérite; la Force du fang, l'Opiniâtre, les Empyriques, les Quiproquo, les Embarras du derriere du Theatre, où il y a quelques endroits qui plaifent. La Comédie de l'Opiniâtre eft verfifiée comme les Pieces de nos mauvais Auteurs, féchement & durement; s'il y a de la chaleur dans l'action, il n'y en a point dans le Comique. Le caractere de l'Opiniâtre n'y eft que crayonné.

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Les autres Pieces font les Tragédies de Trueys qui ont beaucoup moins illuftré la Scene, que fes Comédies. Sa Gabinie offre des tableaux bien peints & des fituations attendriffantes; mais on ne la comptera jamais parmi nos chefs-d'œuvre. Son Afba, Piece romanefque, dans laquelle un fcélérat poignarde fon fils, & fe livre lui-même à la Juftice pour subir le châtiment de fes crimes, eft affez bien imaginée, mais mal exécutée. Lyfimachus, Piece vraiment tragique, fondée fur le véritable Héroïsme, a de temps en temps quelques beautés ; mais le plan en est mauvais, & les vers encore plus.

Ces diverses productions des deux Auteurs affociés annoncent peu de différence dans le tour de leur génie. Il eft cependant vrai que les meilleures Pieces font celles où l'Abbé Brueys a eu le plus de part, celles où il a tenu la plume: témoin le Grondeur le Muet, l'Avocat Patelin, &c. Rien de plus foible que fes vers tragiques mais dans le ftyle de la Comédie, fa profe peut fervir de modele. Il fait animer le dialogue & égayer l'Auditeur dès l'expofition du fujet; fouvent même il fait oublier que c'est une fimple expofition. Il a d'ailleurs prouvé qu'il entendoit la marche théatrale; il difoit qu'avec du travail & du génie, on placeroit les Tours de Notre Dame fur le Théatre.

A l'égard de Palaprat, il a long temps joui de la gloire due aux travaux de fon affocié ; & la plus grande partie du Public les lui attribue encore. Il a eu quelquefois la générosité de s'en défendre, effort fublime de modeftie ou de vanité. Cet Auteur avoit l'imagination vive; il faififfoit bien un plan ; & quel ques morceaux de fa Prude du temps prouvent qu'il pouvoit écrire même en vers; cependant aucune des Pieces qu'il a données pour fon compte, n'eft reftée au Théatre. A l'égard de celles qu'il a faites en fociété, on peut dire qu'il avoit le plus fouvent le mérite da projet, & fon confrere celui de l'exécution.

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Il eft rare de voir deux Auteurs courir la même carriere, partager les mêmes lauriers, fe les difputer quelquefois, & refter amis. Une pareille fociété reffemble beaucoup à celle de deux jolies femmes, que des vues fur le même Amant, ou quelque préférence choquante pour l'une des deux, peut rompre d'une minute à l'autre. C'est toutefois ce qui n'eft point arrivé à Brueys & à Palaprat: ils ont compofe enfemble un grand nombre de Pieces plus ou moins applaudies; & leur féparation, quoique tardive, n'a pas même été volontaire. Ces deux hommes fympathifoient prefque en tout: même tour de génie, même façon de voir les chofes, de les fentir, de les rendre, à quelque différence près. Toutes ces raifons étoient plus que fuffifantes pour ne faire qu'une même Edition de leurs ouvrages. Palaprat, attaché à M. de Vendôme, le fuivit en Italie; & Brueys fe retira à Montpellier, où il mourut en 1723.

Cet Auteur, & fon affocié Palaprat, avoient tous deux la vue fi baffe, qu'ils ne pouvoient pas voir fi l'eau qu'ils faifoient chauffer, étoit affez chaude pour y mettre le thé qu'ils prenoient tous les matins ; & ils fe trouvoient réduits à attendre que quelqu'un paflât fur l'efcalier pour le leur dire.

Brueys mangeoit avec des lunettes; Louis XIV, qui l'aimoit, lui demanda comment il fe trouvoit de fes yeux. « Sire, répondit Brueys, Sidobre mon ne» veu dit que je vois un peu mieux ».

Brueys difoit que Baron & la Champmêlé avoient fait paffer plus de mauvaises Pieces, que tous les faux Monnoyeurs du Royaume.

BRUMOI, (Pierre) né à Rouen le 26 d'Août 1688, entra au Noviciat des Jéfuites de Paris en 1704, & fit profeffion folemnelle des quatre vœux en 1712. Dans ce temps il fut chargé de l'éducation du Prince de Talmont, & travailla avec le plus grand fuccès au Journal de Trévoux. L'Hiftoire de

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de

Tamerlan, compofée par le Pere Margat, fon confrere, & dont il avoit fait l'édition, l'obligea de fortir de Paris pour quelque temps. Il y revint avec plus de gloire, & continua l'Hiftoire de l'Eglife Gallicanne des Peres de Longueval & de Fontenay. Nous avons de lui, outre les Pieces dramatiques, un Poëme de douze chants fur les Paffions. un autre de quatre fur l'Art de la Verrerie, & le Théatre des Grecs eftimé de tous ceux qui ont le bon goût de la Littérature. Il fe diftingua encore plus par les qualités de fon coeur, que par la beauté de fon efprit. M. Titon-du-Tillet, fon ancien ami, lui a donné une place dans le fupplément de fon Parnaffe François ; & les Mémoires de Trévoux de l'année 1724 retentiffent de fes éloges. Il mourut le 17 d'Avril de la même année. Ses Œuvres dramatiques font les Tragédies d'Ifaac, de Jonathas, du Couronnement du jeune David, & les Comédies de la Boîte Pandore & de Plutus; toutes Pieces, dit M. de Voltaire, qui font voir qu'il eft plus aifé de traduire les anciens, que de les imiter. En effet, fon Théatre des Grecs lui a fait beaucoup plus d'honneur, que fes Poéfies dramatiques. On y trouve cependant des beautés, & plufieurs imitations de Racine fort heureuses. L'Auteur y a peint fon caractere doux & aimable: David, Jonathas, Ifaac ne débitent que fes propres fentiments. Il excelle à pein-, dre les paffions douces & tendres; mais fa verfification eft lâche & foible; il ne s'éleve jamais ; & il regne par-tout une certaine froideur, qui laiffe l'ame dans l'indifférence. Ses petites Comédies font fes moindres ouvrages; les traits de mœurs qu'on y trouve, font vagues & ufés. En général, quoique les Tragédies de College foient rarement bonnes, elles valent toujours beaucoup mieux que les Comédies, par la raifon qu'un homme de College ne connoît pas affez le monde, pour en peindre les

mœurs.

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