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fon départ de Bruxelles. M. le Marquis de la Fuente qui avoit été Ambaffadeur en France fut nommé pour mon Commiffaire; M. de Pigneranda Miniftre de haute réputation me parla fort des grands fervices que M. le Prince avoit rendu à Sa Majefté Catholique, M. de Gonzagues qui étoit de la Junte me témoigna beaucoup de bontez. Il étoit allié de Madame la Princeffe Palatine, voilà ceux à qui je m'attachai le plus du nombre des douze Confeillers de la Junte; M. le Duc de Veraguas & M. le Comte de Molina étant venus pour dîner chez moi, m'amenerent M. le Duc d'Albe qui étoit déja vieux, mais de très bonne humeur, il me di foit fouvent qu'il n'avoit jamais voulu fe mêler d'affaires. Je leur fis fort bonne chere & ils s'en accommoderent fi bien, qu'ils

y

venoient fouvent avec leurs amis, quoique cela fut toutà-fait contraire à l'usage de ce Pays-là.

Après avoir fait toutes mes vifites d'affaires & de cérémo nies, j'appris que l'argent étoit extrêmement rare en Espagne, & que pour foutenir la guerre qu'on avoit commencé contre le Portugal, on avoit fabriqué de la monnoye de cuivre pour fix ou fept millions, qu'on lui avoit donné un prix de quatre ou cinq fois au-deffus de fa valeur, & qu'ainfi on y avoit trouvé un profit de vingt-quatre à vingt-cinq millions, que les Gens de la nation & des environs & furtout les Hollandois y en avoient apporté une grande quantité & avoient tiré la plus grande partie de leurs pitoles. Enforte que dans toute l'Espagne on ne voyoit que de

cette monnoye, qu'on appelloit des Maravedis, à la réserve de la Province de Catalogne qui ne leur avoit voulu donner au cun cours, on peut dire que cela avoit jetté l'Espagne dans un très-grand défordre, qu'ils ont réparé peu-à-peu, en diminuant le prix de cette monnoye,de telle forte qu'il n'y avoit plus de profit aux Etrangers d'en apporter,

M'étant informé de quelle maniere fe faifoient les taxes pour le Roy, je trouvai qu'il ne s'y faifoit point d'impofition perfonnelle, mais feulement fur la confommation de tout ce qui fert à la nourriture fans exception & fur toutes les Entrées de Madrid, où il n'étoit pas trop criminel de faire entrer en fraude,ce qui les diminuoit beaucoup; marque du papier qui étoit introduite pouvoit rap

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pórter deux millions. La dif penfe de manger les pieds & les têtes des animaux les jours maigres que les Papes ont accordé aux Rois d'Efpagne au commencement; fous prétexte de la guerre qu'ils étoient obligé de foutenir contre les Infidels & dans la fuite fous celui de la rareté du poisson, n'alloit pas à deux millions, je conoffois cet impôt par expérience, car je fus obligé en arrivant d'acheter une Bulle pour toute ma Maison, à raifon d'un écu par tête. On eftimoit alors qu'il ne pouvoit venir des Indes tous les ans qu'environ fix millions pour le compte particulier du Roy, à caufe des fraudes & des malverfations qui fe commettent quand les Gallionsvien nent de ce pays, fur les droits qu'ils doivent payer à Sa Majefté Catholique. Il y a une in

finité de Particuliers qui en tirent en droiture pour leur compte, ce qui rend l'argent un peu plus commun. Je n'eus pas de peine à découvrir l'extrême paresse & en même tems la vanité de ces Peuples; il y a des Ouvriers pour faire des coûteaux: mais il n'y en auroit point pour les aiguifer, fi une infinité de François, que nous appellons Gagne-petit, ne fe répandoient par toute l'Espagne. Il en eft de même des Savetiers & Porteurs-d'Eau de Madrid. La Guyenne & d'autres Provinces de France fournissent un trèsgrand nombre d'hommes pour couper leur bled & le battre, lesEspagnols appellent ces Gens là Gavaches & les méprifent extrêmement, ils emportent néanmoins la meilleure partie de leur argent en France, il est vrai que fouvent ils font volez en che

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