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Mon pere vient.

VALERE.

Je vais fçavoir ma deftinée. ISABELLE.

Je tremble. Ah! je le vois accablé de chagrin. VALERE.

Son abord me faifit, mon malheur eft certain.

SCENE II.

GERONTE, ISABELLE, VALER E.

GERONTE.

Ous devinez affez en voyant ma trifteffe

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Que je n'ay qu'un refus: mabonté, ma tendreite

En cette occafion m'ont trop parlé pour vous, Prenez votre parti, ma fille.

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ISABELLE..

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Ah! quel coup pour Valere! GERONTE.

Vos tantes ont rendu ce départ neceffaire.

VALERE.

Quoy! charmante Ifabelle, il ne faut plus vous

voir?

Quoy! Monfieur, vous voulez me mettre au de sespoir?

Vous allez m'arracher Ifabelle?

GERONTE.

Oui, Valere.

VALERE.

Ah! vous allez du moins conjurer vôtre pere
De rester à Paris encore quelques jours.

ISABELLE.

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Ah! fi vous le vous le vouliez, adorable Ifabelle...

GERONTE.

Je ne le voudrois pas, mais par bonheur pour elle,
Elle veut là - deffus ce qu'elle doit vouloir,
Retourner en Province, enfin ne plus vous voir.
VALERE.
Eh! vous y confentez ?

ISABELLE.

Il le faut bien, Valere.

Je vous donnois mon cœur par l'ordre de mon pere,

J'obéillois alors: il veut prefentement

Que je vous l'ôte, il faut l'avouer franchement,
Je n'ai pas fur ce point pareille obéillance;
Mais je pars.

VALERE.

Quoy! Monfieur, m'ôter toute efperance

GERONTE.

Il faut bien vous l'öter, puifque je n'en ai plus.
Vous efperiez tirer quarante mille écus
Des reftitutions que vous feroient vos tantes.
Je vous le dis encor, ces deux extravagantes
S'en tiennent au Dedit qu'elles ont fait pour vous,
Difant, vous ne pouvez rien exiger de nous
Qu'en cas que de nous deux quelqu'une fe marie..
Elles ont cinquante ans. C'est une raillerie
De croire rien tirer d'un semblable Dedit.
Il me faut de l'argent, à moy, mon bien perit

On me ruïne, enfin je dois en homme fage
Faire dans ma Province un autre mariage,
Qui me tire d'affaire.

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VALERE.

Il eft vrai Mais enfin ....

GERONTE. :

Brifons là-deffus. C'eft avec bien du chagrin: Mais nous partons demain, il le faut.

ISABELLE.

Ah! Valere,

Si je fuis par raison les ordres de mon pere,
Soyez fûr qu'en partant.....

GERONTE. prend Isabelle par le bras. Abregeons les adieux: Quand il faut fe quitter, le plûtôt, c'est le mieux. VALERE.

Je fuis au defepoir. Ah! ce départ me tuë.

SCENE

III.

VALERE, FRONTIN en habit de Cavalier paße pærdevant Valere qui se desespere : & cela fait un jeu de Theatre.

Monfieur,

Que vois-je ?

FRONTIN.

VALERE.

Quest - ce donc ?

FRONTIN.

C'eft Frontin qui vous faiuë. VALERE.

FRONTIN.

Vous voyez votre valet Frontin,

Qui portoit la livrée encore ce matin.

VALERE.

Que veut dire cela? Pourquoy cer équipage?

FRONTIN.

Vous ne pourrez jamais le deviner, je gage.
VALERE.

Quel habit as-tu donc ? C'eft un des miens, je стод

FRONTIN.

Cela fe pourroit bien, car il n'eft point à moi.

Et ma perruque ?

VALERE.

FRONTIN.

Bon! eft-ce que j'en achete ? J'ai trouvé celle-là fous ma main toute faite Et vôtre plus beau linge, & vôtre gros brillant.

VALERE.

Je t'ai và quelquefois faire l'extravagant,
Mais jamais tu ne fus à tel point d'infolence.

FRONTIN.

Cela vient tout à coup, Monfieur, par l'opulence. VALERE.

Tu prens fort mal ton temps, maraut, pour plai-. fanter.

FRONTIN.

Je prens mon temps fort bien, & j'ofe me vanter De fçavoir ménager les bons momens d'un Maître. VALERE.

A mes yeux ainfi fait avoir ofé paroître !

FRONTIN.

Je m'en fuis bien gardé,.Monfieur,jufqu'à prefents Et vous m'euffiez traité de maraut, d'infolent, Ne travaillant d'abord qu'à mes propres affaires, J'ai pris pour me cacher tous les foins neceffaires, Vous m'auriez empêché d'agir comme j'ai fait.. Tromper finement, c'eft vertu dans un Valet : Vous auriez crû que c'est un vice dans un Maître C'est à l'extremité que je vous fais connoître Vous êtes fcrupuleux, enfin il a fallu,

Ce que j'ai fait pour vous, le faire à vôtre infçû.

VALERE. Qu'as-tu donc fait pour moi ?

FRONTIN.

C'eft une bagatelle,

Je travaille à vous faire époufer Ifabelle.

VALERE.

Frontin, mon cher, Frontin, tu travailles pour moi !

Par quel moyen! comment! & vite explique-toi, FRONTIN.

Je m'explique d'abord, moi, fur ma recompenfe C'eft par-là que toûjours mon zele ardent com

mence.

Si je vous fais avoir vôtre Ifabelle....

VALERE.

FRONTIN.

Eh! bien ?

Linge, habit, diamant, je ne vous rendrai rien. Si l'habit m'eft trop long, trop court, vaille que vaille:

Mais pour le Diamant, il eft fait pour ma taille.

VALERE.

Je te donnerai tout.

FRONTIN.

Ecoutez mon recit.

Avec quelque piftole, & ce brillant habit Trouvant au Lanfquenet quelques cartes heu reufes;

Et me faifant lorgner par de vieilles joüeufes,
Avec une fur tout j'ai fait un petit fond.
Elle a l'efprit fterile, & le babil fecond,
Le ton railleur: elle eft plus folle que plaifante.
La reconnoiffez-vous, Monfieur, c'eft vôtre

tante.

VALERE.

C'est elle-même. Eh bien, tu me dis donc qu'au jeu

Tu gagnes de l'argent à cette tante ?

FRONTIN.

Un peu

Mais j'ai de plus gagné fon coeur : elle m'adore

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