Vina parant animos Veneri, nifi pi rima fumas: On craint toujours en amour : un cœur qui aime n'eft jamais tranquille. Quando ego non timui graviora pericula veris ? Cogit: & immenfas increpat ufque moras. Les femmes d'aujourd'hui fe confolent plus aifément de l'abfence de leurs maris: il feroit difficile de trouver des Penelopes qui fuffent capables de pouffer la conftance au delà 20. ans. L'amour entre par les yeux. La vuë d'une belle femme produit d'étranges effets, fi on ne se tient fur fes gardes. Tunc ego te vidi: tunc cœpi fcire quid effes, Et vidi & perii, nec notis ignibus arfi.Med« Jasoni, ] Ut vidi ut perii, ut me malus abftulit error. Et encore ailleurs. Carpit enim vires paulatim, uritque vid‹ndɔ Ego illic afpicio forma eximia mulierem ; Quam ego poftquam afpexi, non ita amo; ut fani folent Homines; fed eodem pacto út insani folent. Plaut. Merc Qui videt, is peccat: qui non te viderit ergo Non cupiet: fati crimina lumen habet. Prop 1. 2. ad Cynthe On dit que l'amour eft aveugle, parce qu'en effet il fait perdre la raifon à ceux qui aiment, & les rend incapables d'écouter un bon confeil. La Nourrice, dit à Phedre dans Seneque: Compesce amoris impii flammas precor; à quoi cette Princeffe répond. Quæ mémoras fcio Vera esse nutrix : fed furor cogit fequi Quod ratio pofcit, vincit ac regnat furor; La nourrice lui fait remarquer que la volupté pour favorifer les paffions a imaginé que l'amour étoit un Dieu auquel on ne pouvoit resister : Deum effe amorem, turpiter vitio favens Ce qui fuit eft fort fenfé : elle dit à cette Princeffe que c'eft un malheur d'ê tre né riche & d'avoir toutes choses en abondance; que dans cet état le goût étant, pour ainfi dire, ufé, on ne veut que des mets extraordinaires;& que furtout les Rois & les Princes appuyez de leur autorité,portent leurs défirs au delà des bornes que la raison prefcrit. Quifquis fecundis rebus exultat nimis, Une femme que l'amour met hors d'elle même, n'oublie rien pour fe venger d'un jeune homme qui ne veut pas répondre à fa paffion,& pour le faire paf fer pour coupable, elle s'arrache les cheveux, elle pleure ; enfin il n'y a fortes de rufes qu'elle ne mette en ufage pour cacher fon crime. C'eft Phedre qui parle. Quid finat inaufum fœminæ præceps furor In fcelere quærit crine lacerato fidem. Decus omne turbat capitis, humectafque genas Il femble que Plaute excufe les fau tes que fait l'amour.Mais le Chriftianif me les condamne. Scio te fponte non tuapte erraffe, fed amorem tibi Properce dit qu'il ne faut pas s'éton ner qu'on ait peint l'amour comme un enfant qui a des aîles, des fleches à la main & un carquois derriere le dos ; fon enfance reprefente l'état des amoureux qui n'ont point de raifon, & qui laiffent perir leurs biens faute d'attention. Ses aîles marquent la rapidité avec laquelle il fe gliffe dans les cours, qu'il blesse de fes fleches avant qu'on s'en foit apperçû, & fes plaies font telles qu'il eft difficile d'en guérir. Quicumque ille fuit primus qui pinxit amorem > C'eft fe tromper de croire que l'a mour puiffe finir: le veritable amour ne finit jamais. Errat qui finem vefani quærit amoriš Verus amor nullum novit habere modum. Il fuffit d'aimer pour perdre fa liberté; c'est une pure fervitude. Libertas quoniam nulli jam reftat 'amanti: Ce même Poëte répond à for ami qui étoit furpris qu'il courût de belle en belle, que chacun a fon défaut, que le fien eft d'aimer toûjours quelque chofe Quæris,Demophoon, cur fím tam mollis in omnes, &c. Mi fortuna aliquid femper amare dedit. Idem. On ne fçauroit cacher l'amour: Quis enim bene celat amorem. Tous les foins qu'on prend pour cela font inutiles. Sans employer la langue, il eft des interpretes Racine a dit la même chofe en moins de mots. L'Amour n'eft pas un feu qu'on renferme en une ame? |