treprise, dont on m'avoit fait l'honneur de me charger, je n'ay pu cependant me difpenfer de voir par tout, où mon deffein m'a conduit, des marques de vos grandes & heroiques vertus. Rome conferve encore le grand Etendart de Mahomet, que la pofterité regardera toujours comme votre conquete, comme un temoignage eternel de votre zele pour la defenfe de la Religion "Chretienne. Les Turcs fe fou viendront lontems du fecours que vous donnates à l'Allemagne dans cette celebre journée, qui delivra la Capitale de l'Empire, reprima l'infolence & la prefomption des Infideles, & apprit aux Allemands que ces fiers ennemis n'etoient point invincibles, quand on Javoit mettre Dieu de fon coté, autant par une pieté folide, que par une veritable valeur. On regrettoit encore à Alep: quand quand j'y paffai, l'abfence du Bacha de cette Capitale de la Syrie, que vous reteniez prifonnier de guerre, aprés l'avoir abbatu vous-même à vos piez dans l'effort de la melée. Le Bacha de Siliftrie avoit eu le meme fort, & dans la meme action quatre autres Bachas ne purent eviter de tomber de la meme maniere entre vos mains, qu'en laiffant leur vie fur le champ de bataille. Fay passé par la foret des Boukovines, où l'on vous a vu avec dix ou douze mille hommes foutenir par votre prudence, & votre intrepidité, Beffort de plus de cent mille combattans que Le Seraskier des Turcs, & le Kan des Tartares joint au Sultan Galga, avoient ramassez pour inonder la Pologne. Les Tartares qui commencent à joindre l'art de la guerre à leur ferocité naturelle, n'en favent que ce que vous leur avez appris à leurs depens, dans plufieurs avantages tres-figualez, que vous avez remportez fur eux, tantot prés de Kaminiec, & fur les autres frontieres de la Pologne, tantot dans le Budziac, où vous les avez eté chercher pour les obliger à livrer dans leur propre pais un combat, dont vous avez toujours eu toute lagloire. Fapprens encore que vous venez de defaire un nombre infini de Va laques & d'autres peuples barbares, qui s'etoient affemblez, pour accabler par leur multitu de, une Armée toujours victoricufe tant qu'elle vous a eu pour General. Les Cofaques ont fenti les effets de la terrible & jufte vengeance que vous avez prife de leur revolte, & ceux qui reftent favent bien qu'ils doivent leur confervation à leur foumiffion prompte, & à votre genero fité. fité. La Mofcovie que j'ay parcourue, a eté remplie de la terreur de votre nom, tant qu'elle vous a eu pour ennemi. Enfin aprés m'etre informé avec plaifir de tous ces prodiges de valeur, j'ay vu en Pologne des marques eclatantes de votre pieté dans les Eglifes, & les Monafteres que vous avez batis & fondez, je n'ay vu perfonne de merite dans ce grand Royaume, qui ne vous regardat comme fon bienfacteur, les innocens affligez. vous appellent leur protecteur, les perfonnes zelées pour la gloirele fervice de Dieu, vous propofent pour exemple à tous ceux qu'ils veulent porter à une vie réglée, & à une conduite veritablement Chretienne. On ne vous y nomme point autrement, que le Pere de la patrie, & vous avez le glorieux avantage d'avoir merité ce grand nom par vos fervices, lontems avant que de l'avoir porté, Je n'avois point encore eu l'honneur d'approcher de Votre Excellence, j'etois deja plein d'eftime, & d'une efpece de veneration pour tant de grandes qualitez que la voix publique reconnoiffoit en votre perfonne, lorfque l'affliction où je me trouvai, m'obligea de chercher un puiffant Protecteur, & j'ofe dire que j'efperay deslors que vous auriez quelque bonté quelque confideration pour moi. Je fçavois affez l'admiration que vous faifiez paroitre pour Louis LE GRAND, & Paffection que vous aviez pour tous ceux qui font devouez à ce grand Monarque. On m'avoit inftruit de la bonté que vous temoignez à toute notre Compagnie, qui femble vous appartenir tres-particulierement, non Seulement parcequ'elle est toute con |