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ordre du Roi des Troupes de l'Hôtel de Bourgogne & de celle de la rue Guénégaud, le 25 Août 1680, la Salle de cette premiere Troupe ayant été accordée aux feuls Comédiens Italiens. Le college Mazarin ayant été achevé vers ce tems, on représenta au Roi que le voisinage de la Comédie & de ce college pourroit occafionner beaucoup d'inconvéniens; ce qui engagea Sa Majesté à faire ordonner aux Comédiens, le 20 Juillet 1687, de placer leur Théatre dans un autre endroit. Ils chercherent à acquérir un lieu commode, afin d'y pouvoir former un établissement solide, & n'ayant pu s'arranger de différens terreins qu'ils eurent en vue, tels que ceux de l'Hôtel de Sourdis, de l'ancien Hôtel de Nemours, de l'Hôtel de Luffan, rue de la Croix des petits Champs, de l'Hôtel d'Auch, rue Montorgueil, ils fe déterminerent enfin pour le jeu de Paulme de l'Etoile, fitué dans la rue neuve S. Germain-des-Prés, avec deux maisons voifines, & c'est-là où, fur les deffeins de François d'Orbay, Architecte en réputation, ils firent bâtir la Salle (1) que l'on voit au- THEATRE jourd'hui, dont l'ouverture fe fit le lundi 18 Avril 1689. FRANÇOIS. Les Comédiens Italiens, qui étoient demeurés en pof; feffion de l'Hôtel de Bourgogne, y continuerent leurs repréfentations jufqu'au mois de Mai 1697, que leur Théatre fut fermé par ordre du Roi, & eux obligés de fortir de France. Voyez la FAUSSE PRUDe.

Ce Théatre refta vacant jusqu'au mois de Juin 1716, que feu M. le Duc d'Orléans, Régent, ayant appellé une nouvelle Troupe Italienne à Paris, elle s'y établit après avoir, pendant le tems néceffaire à le réparer, débuté fur le Théatre de l'Opéra (2). Cette Troupe prit le titre de

(1) On affure que ce bâtiment, l'acquisition du terrein, les Machines, &c. ont coûté 198233 liv. 16 fols 6 den. on divifa cette fomme, ainsi que la recette des Comédiens, en vingt-trois parts, fuivant l'état qui en fut dreffé, & chacun des Acteurs qui avoit une part entiere, participa dans la même proportion à la dépense; ceux qui n'avoient qu'une demie ou un quart de part, de même; ce qui fubfifte encore aujourd'hui dans les frais qu'on eft obligé de faire. Les Comédiens Italiens ne divifent leur recette qu'en quinze parts. (2) Ces Comédiens louerent, en 1721,un Theatre à la Foire SaintLaurent, & en firent l'ouverture le 25 Juillet: ils le conferverent encore les deux années fuivantes, & y firent leurs représentations durant tout le tems de cette Foire.

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Comédiens Italiens de S. A. R. Monfeigneur le Duc d'Orléans ; mais ce Prince étant mort le 2 Décembre 1723, elle obtint celui de Comédiens du Roi, dont elle jouir

encore.

Depuis 1673 nous n'avons donc plus à Paris que trois Spectacles réguliers: l'OPÉRA, à qui on a donné le titre d'Académie Royale de Mufique; les COMÉDIENS FRANçois, & les COMÉDIENS ITALIENS (1).

(1) Nous n'avons point fait mention de l'OPERA-COMIQUE, parce que ce n'étoit qu'un Spectacle Forain, & qui n'a même pas toujours eu lieu depuis fon établiffement; cependant pour laiffer à defirer le moins qu'il fera poffible, on a cru devoir en parler fuccintement dans une note.

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Il eft affez difficile de donner quelque chofe de pofitif fur l'origine du Spectacle de l'Opéra-Comique. On a prétendu en fixer l'époque dans l'année 1678, que la Troupe d'Alart & de Maurice exécuterent à la Foire un Divertiffement Comique en trois Intermedes, intitulé les Forces de l'Amour & de la Magie, & qui étoit un affemblage bizarre de plaifanteries, de fauts périlleux, de machines & de danfes; cependant il feroit plus naturel de fixer fa naiffance dans l'année 1640, où il parut une COMEDIE DES CHANSONS, qui fut fuivic, en 1661, d'une Paftorale intitulée l'INCONSTANT VAINCU auffi toute en Chanfons, & en 1662 d'une nouvelle COMEDIE DES CHANSONS. Mais ce qu'il y a de certain à cet égard, c'eft qu'en 1715 les Comédiens Forains ayant traité avec les Directeurs de l'Académie Royale de Mufique, donnerent pour la premiere fois à leur Spectacle le titre d'Opéra-Comique, & que Le Sage peut en être regardé comme le fondateur, par le grand nombre de jolies pieces qu'il y a fait jouer, & par la forme réguliere & conftante qu'il lui a pour ainfi dire donné le premier, fecondé par Fuzelier & D'Orneval, ce qui attira beaucoup de monde, & caufa tant de difette, & par confèquent de déplaisir aux Comédiens du Théatre François qu'ils firent valoir leurs privileges, & obtinrent que les Comédiens Forains ne pourroient parler, & s'en tiendroient aux Pantomimes. Ces derniers eurent recours à un expédient; ils firent d'abord imprimer en profe fur des cartons ce que le jeu des Acteurs ne pouvoit rendre, enfuite ce fut des couplets fur des airs connus que l'Orchestre jouoit, que des gens gagés répandus parmi les Spectateurs chantoient, & que le Public accompagnoit ordinairement en Chorus, ce qui donnoit à ce Spectacle une gayeté qui en fit long-tems le mérite; mais enfin, en 1718, les Comédiens obtinrent, par leurs plaintes réitérées, que l'Opéra-Comique fûr tout-à-fait fupprimé.

Il reparut cependant en 1724, & dura jufqu'en 1745, qu'on le fupprima encore, ce qui a eu lieu jufqu'en 1752, que le fieur Monet ayant obtenu la permittion de le remettre fur pied, en fit l'ouverture à la Foire S. Germain, & le donna les années fuivantes avec

Nous allons finir cette courte Hiftoire en rapportant quelques ufages de ces Spectacles.

En 1609 une Ordonnance de Police défendit aux Comédiens de représenter aucunes Comédies ou Farces, qu'ils ne les euffent communiquées au Procureur du Roi, & encore aujourd'hui avant que de représenter une piece nouvelle, il faut en obtenir la permiffion de la Police. Voyez à ce fujet le BAL D'AUTEUIL.

Anciennement on ne payoit d'entrée au Théatre que dix fols aux Galleries, & cinq fols au Parterre: & lorfque pour des pieces nouvelles, il convenoit faire des frais extraordinaires, le Lieutenant Civil du Châtelet ordonnoit du prix de ces entrées. Du tems de Moliere même on ne donnoit que dix fols au Parterre, mais peu à peu ce prix augmenta. Voyez les CHINOIS. Le 25 Février 1699, par Arrêt du Confeil, il fut hauffé d'un fixieme en fus, en faveur des Pauvres de l'Hôpital général. Par autre Arrêt du 30 Aoûr, il fut ordonné que ce fixieme feroit pris fans aucune charge; & au mois de Février 1716, ce prix fur encore augmenté d'un neuvieme au profit de l'HôtelDieu. Enfin préfentement on préleve le quart de la recette de tous les Spectacles au profit des Pauvres, & il en coûte ordinairement, pour entrer au Théatre François ou Italien; savoir, au Théatre, Orchestre, Amphithéatre & premieres Loges 4 liv. aux fecondes Loges 2 liv. aux troifemes Loges 30 fols, & 20 fols au Parterre. Quand c'eft un Spectacle nouveau & qui demande une dépense extraordinaire, le prix augmente, & l'on donne 6 liv. aux places de 4 liv. 3 liv. aux fecondes Loges, & 2 liv. aux troifiemes: à l'égard du prix du Parterre il n'augmente jamais.

Le prix de l'entrée à l'Opéra eft toujours uniforme: l'on donne 2 liv. au Parterre & aux troifiemes Loges,

beaucoup de fuccès jufqu'en 1758, qu'il céda fon privilège à plufieurs Particuliers, du nombre defquels étoient MM. Favart, Corby & Mouette, qui en furent les Directeurs ; & entre les mains defquels bien loin de dégénérer, il étoit devenu fi agréable au Public par le nouveau genre de pieces qu'on y repréfentoit, que les Troupes de Comédiens s'en apperçurent beaucoup à leur recette; & les Italiens obtinrent enfin qu'il n'auroit plus lieu à la Foire, & qu'on le réuniroit à leur Théatre, ce qui fut fait au mois de Janvier 1762; & çes Comédiens donnerent les premiers Opéra-Comi. le 3 Février.

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4 liv. aux fecondes Loges, 7 liv. 10 fols aux premieres & à l'Amphithéatre, & 12 liv. fur le Théatre. Le concours eft quelquefois fi grand qu'on reçoit près de 4500 l. dans un jour (1).

L'Académie Royale de Mufique donne pour honoraire au Poëte & au Muficien à chacun 100 liv. pour chacune des dix premieres représentations d'un Opéra, & so liv. pour chacune des vingt représentations fuivantes.

Autrefois les Comédiens pouvoient avoir douze violons & fix voix; mais par Arrêt du Confeil, du 30 Avril 1673, depuis l'établiffement de l'Opéra, le nombre des violons fut reftreint à fix & celui des voix à trois.

Les Auteurs qui ont compofé une grande piece ont, outre le neuvieme du produit des repréfentations, après les frais prélevés (voyez les RIVALES), leur entrée libre à la Comédie pendant trois ans ; ceux qui ont fait une piece en trois Actes, l'ont pendant deux ans, avec un douzieme; & ceux enfin qui en ont compofé une petite, l'ont feulement pendant un an, avec le dix-huitieme du produit. Lorsqu'on a donné trois grandes pieces ou cinq petites, on a fon entrée pour toute la vie: au Théatre François un Auteur jouit de fon entrée du jour que fa piece eft reçue (2). MM. de l'Académie Françoise font

(1) Cette recette va encore ordinairement plus haut lorfque l'on donne les trois représentations que l'Académie Royale de Mufique accordées tous les ans en forme de gratification aux Acteurs, pour leur Capitation, parce qu'alors les placés des Balcons se paient volontairement 24 liv. & que tout fe loue.

(2) Pour encourager les jeunes Auteurs & leur faciliter les moyens de prendre une connoiffance fuffifante du Théatre, les Comédiens accordent affez fouvent l'entrée à ceux qui leur ont préfenté quelque piece qu'on a trouvé trop foible pour être jouée. Chaque Acteur ou Actrice de la Comédie a le droit de donner fon entrée à un de fes amis. Les Acteurs des deux Théatres fe l'accordent auffi mutuellement; enfin on ne la refuse pas non plus aux Comédiens de Province qui peuvent fe trouver à Paris.

Un Auteur qui a fait une piece nouvelle, la remet à celui des Comédiens qui, chaque femaine eft chargé des petits détails de la Troupe, & que, pour cette raifon, on nomme Semainier. Ce Semainier en fait part à l'affemblée qui fe tient tous les lundis à onze heures du matin à l'Hôtel de la Comédie. On y convient, à la pluralité des voix, du jour où l'on fera la lecture de cette piece, & le Semainier a foin d'en prévenir l'Auteur. Chaque Acteur & Actrice présens à la lecture reçoivent un jetton de la valeur de trois livres,

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les maîtres d'aller au Théatre François quand bon leur femble fans rien payer: voyez à ce fujet ERYPHILE; & enfuite, pour quelques autres particulatités des Spectacles, ALCIONE; L'ENFANT PRODIGUE; ISIS; le MARIAGE DE BACCHUS; ORION; les PRÉCIEUSES RIDICULES, & ROMULUS.

qui leur eft payé par le Caiffier de la Troupe. L'Auteur feul, ou celui qui préfente la Piece, a droit d'affifter à l'Affemblée avec les Comédiens. La piece lue, l'Auteur fe retire, ne devant point être préfent à la délibération. Le Semainier a foin de fournir trois fèves à chaque Acteur & à chaque A&trice; une blanche pour l'acceptation fimple de la Piece; une marbrée pour l'acceptation avec des changemens, & une noire pour le refus abfolu. Après que chacun, par ordre d'ancienneté, a propofé ses réflexions, & que les avis ont été difcutés, on procede par la voie du fcrutin; & le Semainier fait part à l'Auteur du jugement de l'Affemblée. S'il s'agit de faire des changemens dans la Piece, & que l'Auteur s'y foumette, il demande une feconde lecture, lorfqu'il croit avoir mieux réuffi. Après cette lecture, qui fe fait dans la même forme que la premiere, on décide définitivement, & l'on n'emploie dans ce fecond jugement, que des fèves blanches ou noires, pour l'acceptation ou pour le refus. Le fecret eft fort recommandé aux Comédiens, fur tout ce qui fe paffe dans leurs affemblées. Si la Piece eft reçue, l'Auteur fe munit de l'Approbation de la Police; enfuite il convient avec les Comédiens du tems auquel elle fera représentée ; & ce tems eft infcrit fur le registre des délibérations. Aucune Piece ne peut être jouée, qu'après avoir été préfentée au Gentilhomme de la Chambre en exercice. L'Auteur diftribue ses rôles comme il le juge à propos; il en donne la lifte au Semainier qui la communique à l'Affemblée, & chaque Acteur reçoit le rôle qui lui eft deftiné.

Les Auteurs ont le droit de donner des billets les jours de repréfentation de leurs Pieces, tant qu'ils en retirent les parts; favoir, pour fix personnes à l'Amphithéatre, pour les Pieces en cinq Actes; pour quatre perfonnes pour les Pieces en trois Actes ; & pour deux perfonnes pour les Pieces en un Acte. Ils ne donnent point de billets de Parterre, à moins qu'ils ne les achetent. Si un Auteur juge à propos de ne pas retirer fa Piece dans fa nouveauté, les Comédiens en continuent les repréfentations, & l'Auteur conferve fes droits, jufqu'à ce que la recette foit deux fois de fuite, ou trois fois én différens tems, au-deffous de douze cens livres l'hyver, & huit cens livres l'été & alors la Piece appartient aux Comédiens. Dans le cas où une Piece interrompue dans fa nouveauté, a été reprife, l'Auteur n'eft plus en droit de la retirer; & elle eft jouée jufqu'à ce que la recette foit, une fois feulement, au-deffous de douze cens livres l'hyver, & huit cens livres l'été ; alors il n'a plus aucun droit à prétendre. Après la fixieme repréfentation les Auteurs ont le choix des petites Pieces qu'ils fouhaitent que l'on joue avec les leurs.

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