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il avoit laissé douze mille livres à J. G. DE BALZAC

eet Hôpital.

Il laiffa auffi une rente de cent francs, pour être employée de deux ans en deux ans à donner un Prix à celui, qui, au jugement de l'Academie Françoife, compoferoit le meilleur difcours fur quelque fujet de Morale. Mais divers Obftacles empêcherent que fa volonté ne fût mife à execution, jufqu'à l'an 1671. que les fonds ayant augmenté, ce Prix qu'il avoit fixé à deux cens livres, fut porté à trois cens. C'est une Medaille d'Or, qui d'un coté reprefente S. Louis, & de l'autre une couronne de Laurier, avec ce mot A l'Immortalité, qui eft la devise de l'Academie.

Il n'eft peut-être point d'Auteur qui ait été plus eftimé & plus loüé de fon temps que Balzac » On ne

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parloit pas de lui fimplement » comme du plus éloquent homme > du fiecle, dit M. Defpreaux, dans fes Reflexions Critiques fur le` Traité du Sublime de Longin, mais comme du feul éloquent. Il a effectivement des qualités merveilDd iiij

J. G. DE» leufes. On peut dire que jamais: BALZAC.» perfonne n'a fçû mieux fa langue » que lui, & mieux entendu la proprieté des mots, & la jufte mefure des periodes. C'est une louan»ge que tout le monde lui donne

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encore. Mais on s'eft apperçu tout » d'un coup, que l'art où il s'eft employé toute fa vie, étoit l'art,. qu'il favoit le moins, je veux dire l'art de faire une lettre. Car » bien que les fiennes foient toutes pleines d'efprit, & de chofes admirablement dites, on y remarque par tout les deux vices les plus oppofés au genre Epiftolaire, c'eft à favoir, l'affectation & l'enflure; & on ne peut plus lui pardonner ce foin vicieux, qu'il a de dire toutes chofes autrementtque ne le difent les autres hommes. Deforte 30 que tous les jours on rétorque contre lui ce même vers, que Maynard a fait autrefois à fa louange. » Il n'eft point de mortel, qui parle » comme lui. Il y a pourtant encore » des gens qui le lifent, mais il n'y a plus perfonne, qui ofe imiter fon ftile; ceux qui l'ont fait s'étanc

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D rendu la rifée de tout le monde.

J. G. DE Au refte quelques loüanges que BALZACI Balzac ait reçues de fon vivant, il a eu auffi le chagrin de voir s'élever contre lui des Critiques, qui ont caufé dans la Republique des Lettres une guerre des plus vives.

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Le premier qui s'éleva contre lui, fut un jeune Feuillant, nommé Dom André de Saint Denys, qui prit: feu fur ce que Balzac avoit dit dans » un de fes Ouvrages, qu'il y a quelques petits Moines, qui font dans l'Eglife, comme les rats les autres animaux imparfaits étoient dans l'Arche ; & lâcha contra lui un petit écrit: affez piquant, intitulé: Conformité de l'Eloquence de M. Balzac avec celle des plus grands personnages du temps paffe & du prefent. Quoique cette piece n'eût point été imprimée, elle ne laiffa pas de courir dans le public en Manufcrit, & l'on fçut qui en étoit l'Auteur. Cela fit fouhaitter à Balzac qu'on la refutât publiquement, & cela fut executé: par le Prieur Ogier, qui publia l'Apologie pour M. de Balzae en 1627.

Le General des Feuillans, qui fe

J. G. DE nommoit Jean Goulu, prit en main BALZAC. la caufe de fon Religieux Dom André, & caché fous le nom de PhylLarque, ou Prince des Feuilles, qui faifoit allufion à fa qualité de General des Feuillans, il publia deux volumes de Lettres contre Balzac, fous le titre de Lettres de Phyllarque à Arifte, dont le premier parut en 1617. & le fecond en 1628. Rien n'eft plus emporté que ces Lettres; Balzac y eft traité non feulement de plagiaire & d'ignorant, mais encore de voluptueux, de libertin, & ́ d'Athée; chofes entierement éloig nées de fon Caractere, & qu'une paffion outrée pouvoit feule faire appercevoir en lui.

Cette querelle, dans laquelle plu-fieurs Auteurs prirent parti, donna lieu à un grand nombre d'Ouvravrages, & fut une tempête qui penfa abifiner Balzac, tant à caufe des artifices de fes ennemis, que parce. qu'il avoit donné prife à fes Cenfeurs, par des hyperboles extremement froides, par des faillies de vamité, & par des propofitions un peu feabreufes

Hne publia cependant rien lui J.G. DE même pour fa defense; il travailla BALZAG. à la verité à fon Apologie, qu'il intitula Relation à Menandre, c'est-àdire à Maynard; mais il ne la fit imprimer que dix-fept ans après dans fes Oeuvres diverfes qui parurent en 1645.

La mort de fon principal adverfaire, le P. Goulu, arrivée au commencement de l'année 1629. mit fin à toutes les difputes, & lui rendit la tranquilité qu'elles lui avoient fait perdre; & Dom André de S. Denis, qui avoit été le premier agreffeur, fe reconcilia fincerement avec lui, & alla exprès le voir à Balzac. Nôtre Auteur non feulement l'y reçut à bras ouverts, mais lui jura encore une amitié tendre, dont en effet fes derniers Ouvrages font tous remplis. Il voulut même donner à P'Eglife des Feuillans de S. Mêmin près d'Orleans, dont ce Religieux. étoit Prieur, un monument de fon affection pour lui; & comme fes. idées ne fe bornoient pas à quelque chofe de vulgaire, fon prefent fut une Caffolette de Vermeil, du prixe

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