COMPLETTES D'ALEXIS PIRON, PUBLIÉES PAR M. RIGOLEY DE JUVIGNY, Conseiller honoraire au Parlement de Metz; de TOME PREMIER. A PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE M. LAMBERT, rue de la Harpe, près Saint Côme. M. DCC. LXXVI. DISCOURS PRÉLIMINAIRE · Voici les Œuvres complettes de feu M. PIRON. Je dois à son amitié le précieux dépôt qu'il m'en a fait, en mourant. Il auroit pu le remettre en des mains plus habiles; mais je doute qu'il eût trouvé un dépositaire plus fidèle. La réputation de ce Poëte célèbre est faite depuis long-temps. Le rang distingué qu'il Occupe sur le Parnasse, me dispense de faire l'éloge de ses Écrits. Je me bornerai donc à rendre compte de cette Edition. On y retrouvera toutes les Pièces que M. PIRON a données au Théâtre François, & dans le même ordre qu'il les publia, avec de nouvelles Préfaces, en 1758. J'y ai ajouté une Pastorale Lyrique, en un acte, intitulée La fausse Alarme; & la Comédie de l'Amant Mystérieux. On verra, par le court Avertis sement qui est à la tête de cette Comédie, que l'intention de l'Auteur n'étoit pas de la soustraire, pour toujours, à l'impression. On remarquera furtout, dans quelques notes qu'il a mises sur plusieurs endroits des premières scènes, la franchise, avec laquelle, il avoue les défauts de fa pièce, & comme il se plaisante lui-même, en fe foumettant au jugement précipité du Parterre. Exemple d'une modeftie rare, & qui contraste merveilleusement avec l'ufage que l'on fuit aujourd'hui, de faire foi-même l'éloge de ses propres Ouvrages, ou d'avoir des Prôneurs affidés, dont on le devient à fon-tour. CE ton n'eft pas celui des Préfaces de M. PIRON. S'il y règne un certain égoïsme, on conviendra du moins que ce n'est pas l'égoïsme de la vanité. Ces Préfaces ont pourtant trouvé des Censeurs. Elles ont paru trop longues, & l'on n'en a pas goûté le style. Les uns m'ont confeillé de les fupprimer les autres m'ont engagé à les laiffer fans y toucher. Pour concilier ces avis contraires, j'ai peut-être témérairement porté la main sur ces Préfaces, auxquelles j'ai fait, à regret & en tremblant, des retranchemens considérables; car il s'en faut que j'aye la préfomption de me croire affez habile pour trancher en maître. J'ai respecté la feule Préface de la Métromanie. Comme elle est un récit naïf & abrégé de la vie de l'Auteur, je me serois |